Société

Conditions carcérales : la prison de Marche-en-Famenne fait la sourde oreille aux tensions


La direction étant en effectif réduit, la prison mixte de Marche-en-Famenne est sous tension depuis plusieurs semaines. En cause : « le blocage des permissions de sorties ou les demandes de surveillance électronique et de libération conditionnelle via le tribunal de l’application des peines. Les membres de la direction, en effectif fortement réduit, n’assurent plus en effet leur mission d’avis », expliquent l’Observatoire International des Prisons (OIP) et d’autres associations dans un communiqué. En clair, alors que les mesures de réinsertion font partie intégrante du processus de réhabilitation des détenus en fin de peine, les congés pénitentiaires et les sorties sont empêchés et l’ambiance est de plus en plus électrique. Les offres d’activités journalières sont également de plus en plus réduites, alors que la prison est en semi-communauté. La situation est actuellement explosive.

La situation aurait débuté aux alentours du mois de février et ne ferait, depuis lors, que s’empirer. D’après les témoignages qui nous sont parvenus, certains détenus attendent jusqu’à cinq mois que leur demande soit enfin traitée, car la direction ne rend plus les avis nécessaires à temps, bloquant les procédures. Or, toutes les demandes doivent obtenir un avis positif de la direction. Dans le cas des permissions de sortie et congés pénitentiaires, notamment, c’est l’avis de la direction qui actionne le délai durant lequel l’autorité décisionnelle (la DGD – Direction Gestion de la Détention) doit se prononcer.

Des plans de reclassement mis en échec

« Si nous ne disposons d’aucun chiffre officiel, nos sources font état de 150 à 190 détenu(e)s concerné(e)s, soit environ la moitié de la population pénitentiaire marchoise. Cette longue liste d’attente aurait d’ailleurs causé l’annulation de plans de reclassement, y compris dans des situations où les personnes incarcérées disposaient d‘un contrat de travail », précise l’Observatoire International des Prisons (OIP). Ces manquements de l’administration mettent en échec les plans de reclassement qui sont pourtant essentiels dans un parcours de réinsertion sociale, parcours primordial pour lutter également contre la récidive post-carcérale. La tension monte de plus en plus. La situation est vraiment explosive. Certains détenus se demandent s’il faut en venir à provoquer des incidents pour obtenir une réaction.

Si nous ne disposons d’aucun chiffre officiel, nos sources font état de 150 à 190 détenu(e)s concerné(e)s, soit environ la moitié de la population pénitentiaire marchoise.

 Des pressions exercées

Plusieurs détenus rapportent qu’ils recevraient des pressions de la part de la direction : « si vous contactez la commission de surveillance, c’est le transfert automatique à Lantin ». La menace aurait d’ailleurs été mise à exécution pour au moins une personne. Un détenu aurait tout de même saisi la commission des plaintes pour défendre ses droits et a ensuite été transféré, nous rapporte, maître Bastien Lombaerd dont plusieurs clients sont actuellement incarcérés à Marche-en-Famenne. De son côté, la direction ferait la sourde oreille et ne répondrait même plus aux avocats.

L’OIP, le CPDB (Collectif de Proches de Détenus de Belgique) et le Génépi déplorent une situation inquiétante qui risque de s’étendre à d’autres établissements. Ils appellent la direction marchoise, ainsi que la Direction générale des Établissements pénitentiaires (DGEPI) à agir sans délai, afin de résorber l’arriéré et de garantir aux détenus de pouvoir jouir de leurs droits.

Interrogée par Belga, l’Administration pénitentiaire confirme qu’en raison d’absences au sein de l’équipe de direction, du retard a été accumulé dans les avis. « L’administration pénitentiaire a pris en charge cette problématique et a mis en place un système de support en un soutien structurel (une personne est notamment venue en renfort) et nous pouvons communiquer que depuis quelques semaines une grande partie du retard est résorbé ». L’Administration pénitentiaire reconnaît toutefois que « la situation au niveau de l’équipe de direction de Marche reste compliquée » et qu’elle met « tout en œuvre afin de fournir le support nécessaire ».


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