Une étude de cohorte rétrospective d’hôpitaux belges, Association between nursing cost and patient outcomes in intensive care units: A retrospective cohort study of Belgian hospitals, parue le 22 juillet, révèle que les soins infirmiers par lit, dont le coût est plus élevé, sont associés à des taux de mortalité significativement plus faibles dans les unités de soins intensifs et à l’hôpital, ainsi qu’à une réduction des cas aberrants de durée de séjour élevée. C’est un message fort adressé au ministre de la Santé publique, Frank Vandenbrouck. Les chercheurs constatent que le manque de moyens consacrés aux soignants, le nombre déficitaire et leur surcharge de travail a un impact direct sur la morbidité et la mortalité des patients. Des burn-out en explosion et des risques d’erreurs médicales en sont les corollaires.
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’association entre le coût des soins infirmiers par lit de soins intensifs et les résultats des patients (mortalité, réadmission et durée de séjour). En filigrane, cette question : le montant investi par les hôpitaux dans leurs infirmiers a-t-il un impact sur la santé des patients?
Des données ont été recueillies dans les unités de soins intensifs de 17 hôpitaux belges du 1er janvier au 31 décembre 2018. Les hôpitaux ont été dichotomisés en utilisant le coût annuel médian des soins infirmiers par lit. Un total de 18 235 séjours en unité de soins intensifs a été inclus dans l’étude avec 5 664 séjours dans le groupe de soins infirmiers à faible coût et 12 571 dans le groupe de soins infirmiers à coût élevé. « Les hôpitaux disposant de meilleures ressources en soins infirmiers présentent des résultats plus favorables pour les patients », concluent les chercheurs, Arnaud Bruynee, infirmier spécialisé en soins intensifs et doctorant en Santé publique à l’Université Libre de Bruxelles, et ses collègues d’étude, Lionel Larcin, Jérôme Tack et Julie Van Den Bulke et Magali Pirsona.
Ces conclusions viennent confirmer celles d’autres études internationales. En 2014, une étude réalisée sur 420 000 patients de 300 hôpitaux de 9 pays européens et publiée dans la revue The Lancet démontre que chaque patient ajouté à la charge de travail quotidienne d’une infirmière en chirurgie augmente le risque de décès de 7%. Une étude similaire, publiée en 2002 dans le journal de l’American Medical Association, menée sur 800 hôpitaux de 11 états américains, était déjà arrivée exactement au même chiffre de 7%.
Ces derniers mois, la surcharge de travail, comme le manque de personnel se font ressentir dans de nombreux services de nos hôpitaux, sans compter deux années de pandémie qui ont mis à mal les effectifs et leur capacité de résistance. Il en découle une augmentation du risque de morbidité, soit l’ensemble des effets subséquents à une maladie ou un traumatisme, souvent qualifiés de séquelles, et de mortalité à l’hôpital.
Horaires irréguliers, effectifs réduits, rigueur budgétaire, pressions et manque de disponibilité de la hiérarchie, un profond malaise s’exprime au sein d’une profession épuisée depuis des années. Déjà en 2013, selon une étude du SPF Santé en collaboration avec le SPF Emploi, 40% des soignants s’estiment à bout et 6,6 % souffrent de burnout.
En Belgique, actuellement, on est à 1 infirmier pour 3 patients
Concernant plus particulièrement le risque de basculement dans l’épuisement, 45 % des sondés citent au moins l’un des symptômes. Dépersonnalisées dans leur mission première, un nombre croissant quitte la profession en cours de carrière. La problématique est particulièrement aigue dans le contexte des soins intensifs et palliatifs. Gérer des plannings, encoder, remplir des formulaires, l’accroissement des tâches administratives à réaliser au cours des heures de travail, et qui ne relèvent pas directement du soin, s’est fait, ces dernières années, au prix d’une certaine déshumanisation du métier.
« Cercle vicieux, la pénibilité d’un travail où l’on est fréquemment confronté à des situations poignantes, comme aux soins intensifs ou palliatifs, va se manifester par le corps. Physiologiquement, il doit expulser. Le soignant va développer des maux de tête, des maux de ventres, des troubles musculaires et d’autres pathologies pouvant conduire jusqu’au burnout », explique Marc Loriol, chercheur au CNRS, spécialiste de la fatigue et du stress au travail chez les professionnels de la santé. Par ailleurs, l’intensification du travail et les gestes répétitifs mal effectués sont nocifs. « Pour lever un malade, par exemple, il faut une collaboration d’au moins deux infirmières ».
En Belgique, actuellement, on est à 1 infirmier pour 3 patients, quand d’autres pays européens sont à 1 pour 2, voire 1 pour 1 pour certains types de patients. « Or, lorsqu’il n’y a pas assez de soignants, il faut se débrouiller seul. Dans un équilibre de plus en plus difficile à trouver, on crée alors une distanciation, on engage moins la conversation avec le patient, on perd de l’intérêt, on développe inévitablement des stratégies d’adaptation pour se protéger ».
Un mal-être qui n’est pas sans conséquences sur la qualité et la sécurité des soins. Une récente enquête qualitative du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) démontre que seuls 26% des soignants aux soins intensifs ont pu réaliser l’ensemble des soins nécessaires durant les deux années de pandémie. Autrement dit, trois infirmiers sur quatre avaient laissé des soins en suspens.
Mauvaise gestion de la douleur, retard dans l’administration d’antibiotiques par rapport aux protocoles recommandés et augmentation de la réadmission à l’hôpital, si les soignants étaient moins épuisés, ils seraient plus efficaces, plus rigoureux et moins exposés aux erreurs médicales.
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