Winston Churchill Leadership Award Vs Vogue : le grand écart critique de Zelensky
Le couple présidentiel ukrainien a été shooté dans une interview exclusive accordée par la Première dame, Olena Zelenska, au magazine Vogue. Les clichés très esthétiques qui accompagnent cet entretien font polémique alors que les troupes ukrainiennes affrontent toujours les soldats russes sur le terrain. Sur les photos, le couple pose, enlacé dans le palais présidentiel comme en extérieur, Volodymyr Zelensky en éternel tee-shirt kaki. Olena Zelenska, productrice de télévision, apparaît à l’aéroport Antonov, devant les restes d’un avion détruit, cheveux aux vents et regard au loin, entourée de femmes militaires. L’opinion publique s’enflamme. Elle reproche à celui qui a récemment reçu le prix Churchill du leadership, des mains de Boris Johnson, de banaliser la guerre.
Dans son entretien avec Vogue, Olena Zelenska livre son témoignage sur la guerre qui sévit en Ukraine depuis l’invasion russe. Elle assure également n’avoir « aucun doute » sur la victoire de sa patrie. Cependant, pour accompagner l’interview, le magazine américain a décidé de faire appel à Annie Leibovitz, la photographe des stars.
Ces clichés, très « people », ne passent pas auprès de nombreux internautes. Volodymyr Zelensky s’enlise-t-il dans sa stratégie de communication inspirée du star system ? Serait-ce le coup de com’ de trop ? En mai dernier, il avait déjà posé en couverture de Paris Match, assis sur des sacs de sable dans son bunker. La légende de l’image : « Volodymyr Zelensky, 44 ans, ancien comédien, élu président de l’Ukraine en 2019, s’est hissé au rang de chef de guerre ».
Un shooting de mauvais goût
« Ce narratif est d’un mauvais goût. Pendant qu’il envoie sur le front tous les hommes de son pays, qui ont interdiction de quitter le territoire, pour se faire trouer la peau, de gré ou de force, ces images sont formatées pour alimenter l’image de l’ange ukrainien qui combat (enfin, qui fait combattre) contre le démon russe », peut-on lire sur LinkedIn.
« L’image est belle, l’amour est beau, la photo est superbe, mais ce qu’ils en font est lamentable. Quelle horrible propagande. C’est comme si on regardait Hunger Games où l’élite vit dans la capitale, sans se soucier du monde ni des gens des autres quartiers qui meurent au quotidien », tweete un internaute.
Même son de cloche sur Facebook : « Les européens paient une note économique énorme, oui, mais les vraies victimes ce sont des enfants, des femmes et des hommes ukrainiens et russes qui sont les pions d’une partie d’échec et lui, il pose ». « Les soldats ukrainiens et leurs familles apprécieront ! », grince encore un autre. L’itinéraire médiatique du comédien devenu une icône et qui s’affiche presque exclusivement en tee-shirt kaki, commence à mal passer.
Le buzz de trop
Le 25 février dernier, alors que les médias russes répètent en boucle que la direction ukrainienne a fuie le pays, Zelensky poste sur Instagram une vidéo dans laquelle il apparaît dans la rue avec quatre de ses principaux collaborateurs. La vidéo est vue par 15 millions de personnes. « Un coup de maitre, un coup de com magistrale façon De Gaulle le 18 juin 1940 sur Radio Londres », estime certains médias.
Mais à enchaîner les coups d’éclat médiatique, le vent semble tourner. La longue cover-story écrite par la journaliste Rachel Donadio qui s’est rendue à Kiev pour rencontrer le couple présidentiel afin qu’ils racontent leur réalité dans le conflit, ne suffit pas à éteindre une polémique grandissante quant à ce choix éditorial de Vogue. La glamourisation de la guerre passe mal. Que se passe-t-il dans la tête de celui qui veut « dénazéifier l’Ukraine et couper l’herbe sous le pied à Hitler » ? « Faites la guerre, et pas seulement à la mode », lui recommandent les internautes.
Mardi 26 juillet dernier, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée par liaison vidéo, Boris Johnson a remis à Volodymyr Zelenskyy le Sir Winston Churchill Leadership Award, établissant des comparaisons entre les deux dirigeants. « En ce moment de crise suprême, vous avez été confronté à un test de leadership qui était, à sa manière, aussi sévère que le défi de Churchill en 1940 ».
Reste à savoir ce qu’aurait pensé Winston Churchill lui-même de cette comparaison en termes d’options stratégiques.
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