DEVELOPPEMENT DURABLE

A Val-Dieu, on expérimente l’agriculture régénérative, bientôt l’heure de la récolte


DALHEM. Sur les parcelles recherches & développement des Moulins du Val-Dieu, des expérimentations en conditions réelles sont menées depuis le début de l’été afin de tester économiquement les innovations prometteuses de l’agriculture régénérative. L’idée ? Cultiver un blé hautement qualitatif et plus respectueux de l’environnement. Un projet porté par les Moulins du Val-Dieu qui fait sens dans un contexte climatique, économique et géopolitique particulièrement difficile.

Surfer sur la vague

Les Moulins du Val-Dieu, un des derniers moulins artisanaux de Wallonie situé à Hombourg, a décidé dans le cadre d’un programme de recherche et développement, de consacrer 8 hectares de sol à Dalhem à une agriculture régénérative. Il s’agit d’un procédé de culture des terres plus respectueux de l’environnement tout en obtenant un blé de meilleure qualité qui ne dépend plus autant des marchés extérieurs.

L’objectif de l’agriculture régénérative est de régénérer la vie du sol, de stocker du carbone et d’impacter positivement la nature et les hommes. Les agriculteurs engagés dans cette transition vers l’agriculture régénérative développent des pratiques agricoles vertueuses qui se rapproche du maraichage sur sol vivant. Elle permet de tester différentes variétés de blés panifiables à destination des professionnels de la boulangerie et de la pâtisserie.

Inverser les changements climatiques

En pratique, sur ces 8 hectares, les Moulins du Val-Dieu développent une agriculture de régénération et ce, afin de cultiver un blé plus qualitatif et plus respectueux de l’environnement. Une pratique qui permet de tester différentes variétés de blés panifiables à destination des professionnels de la boulangerie et de la pâtisserie.
L’agriculture régénérative est en fait un processus très ancien qui consiste à inverser les changements climatiques en reconstituant la matière organique et en restaurant la biodiversité d’un sol dégradé. Ce processus est réalisé en synergie avec l’ASBL « Régénacterre » dont la mission est de travailler au développement et à la promotion d’une agriculture régénérative en Belgique. « Régénacterre » assure la mise en place du projet ainsi que son suivi.

Sur les parcelles des Moulins du Val-Dieu, on ne charrue plus la terre et on limite au maximum les intrants (charroi de véhicules, produits de traitement…). Résultat : le fait de ne pas charruer amène une capture du CO2 avec pour conséquence un bilan carbone positif. Autre résultat : une forte diminution du lessivage des sols. Une plus grande biodiversité est aussi une conséquence positive de cette pratique.

«  Nous avons semé sur certaines parcelles, 6 variétés de blés différents en novembre dernier. Prochainement, viendra l’heure de récolter, encore quelques jours à attendre », explique Benoit Brouwers, administrateur délégué des Moulins, producteurs de farine planifiable, depuis leur rachat voilà deux ans. « Nous entendons poursuivre le bon suivi de la récolte et qui sait, parvenir à fournir de nouvelles saveurs aux boulangers grâce à notre récolte».

Outre le fait que cette pratique soit bénéfique pour la planète, il faut aussi noter que les produits issus de cette agriculture régénérative, comme ici le blé, sont plus riches en oligo-éléments et sont de facto nutritionnellement plus intéressants. A l’heure où le prix des énergies ainsi que celui de matières premières comme le blé explosent, mettant en difficulté un nombre important d’acteurs de la chaîne agroalimentaire, il apparaît indispensable de mettre en place des solutions locales de productions qui doivent à la fois être efficaces, rentables et plus respectueuses de l’environnement.

Benoît Brouwers ( à droite) administrateur délégué des Moulins de Val-Dieu, depuis deux ans.

 

Les moulins du Val-Dieu fournissent en blé les agriculteurs localement et un peu partout en Wallonie et en Flandre mais aussi, une certaine quantité auprès des agriculteurs allemands et néerlandais. L’objectif étant de continuer d’assurer le suivi en circuit court.

Pour rappel, l’Europe s’est fixé comme objectif à l’horizon 2030 de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre (55%) et d’accroître la part des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Ainsi, tendre vers une agriculture régénérative permet de proposer aux artisans et aux partenaires, ici ceux des Moulins du Val-Dieu et aux consommateurs, des produits qui répondent encore plus à leurs attentes et à leurs besoins.

L’histoire continue

L’histoire de Val-Dieu débute en 1216 par la naissance de l’abbaye cistercienne éponyme. Dès lors, un moulin est construit afin de moudre les céréales cultivées par les moines . Grâce à celui-ci, les moines obtiennent une farine qui leurs permet de fabriquer du pain dont ils sont grands consommateurs . L’histoire du Moulin du Val-Dieu et de la production de farine panifiable commence …

copyright: Val- Dieu

Au court des siècles, le Moulin se développe au rythme de l’Abbaye. Il est reconstruit et agrandit plusieurs fois suivant la croissance de celle-ci. Au XXème siècle : après plusieurs propriétaires, la famille Hick, installée depuis 1919 à Val-Dieu rachète progressivement le moulin, la ferme et quelques hectares.
En 2020, lorsque Philippe Meyers, propriétaire du moulin du même nom, marque son intention d’arrêter son exploitation mais c’était sans compter sur la passion et la volonté de passionnés d’agriculture de voir son histoire se poursuivre. Une fois le moulin racheté, les activités se poursuivront sous la dénomination « Les Moulins du Val-Dieu ».  Ces passionnés aussi d’alimentation entendent bien relever ce défi  important pour l’entreprise rurale mais également pour les agriculteurs fournis et les nombreux clients, fans des différentes variétés de pain proposé par les moulins de Val-Dieu dans le respect des traditions.