POLITIQUE

Hier, encore, l’UE renforçait ses liens avec Taïwan


En octobre dernier, le Parlement européen entendait intensifier ses relations avec Taïwan, partenaire-clé de l’UE et allié démocratique dans la région indopacifique et invitait l’UE faire plus pour traiter les tensions avec la Chine et protéger la démocratie taïwanaise. En un mot comme en cents, les eurodéputés appelaient à des relations plus étroites avec Taïwan, guidées par la politique « d’une seule Chine », tout en émettant des avertissements sur les tensions dans le détroit de Taïwan.

Et pour renforcer la coopération, le Parlement européen adoptait alors un texte soulignant la nécessité urgente de lancer « une étude d’impact, une consultation publique et une étude exploratoire » sur un accord bilatéral d’investissement entre l’UE et Taïwan. Les députés insistent sur l’importance des relations commerciales et économiques entre les deux parties, notamment sur des questions liées au multilatéralisme et à l’OMC, aux technologies comme la 5G, à la santé publique ainsi qu’à la coopération essentielle sur les fournitures critiques telles que les semi-conducteurs.

Partenaire-clé à protéger 

Le rapport exprime par ailleurs la vive inquiétude des députés concernant la poursuite de la belligérance militaire, les pressions, les exercices d’assaut, les violations de l’espace aérien et les campagnes de désinformation de la Chine visant Taïwan. Les eurodéputés réclamaient alors à l’UE de faire davantage pour répondre à ces tensions et pour protéger la démocratie taïwanaise et le statut de l’île en tant que partenaire important de l’UE.

Les députés rappelant encore le lien direct entre la prospérité européenne et la sécurité asiatique et des conséquences pour l’Europe d’un conflit qui se propagerait bien au-delà du domaine économique. Ils proposaient enfin de changer le nom du Bureau européen de représentation économique et commerciale à Taïwan en Bureau de l’UE à Taïwan afin de refléter le large éventail des liens entre les deux parties. Ce qui fut chose faite, le 2 novembre dernier, une délégation européenne se rendait à Taïpei.

« Ce premier rapport sur les relations UE-Taïwan démontre que l’UE est prête à renforcer sa relation avec notre partenaire clé qu’est Taïwan », confiait alors l’eurodéputé suédois Charlie Weimers (photo ci-dessus).
A la suite de l’adoption de ce texte, il revenait à la Commission d’intensifier les relations entre l’UE et Taïwan et poursuivre un partenariat global renforcé. Les fameux travaux relatifs à l’étude d’impact en vue des négociations visant à renforcer les liens économiques entre l’UE et Taïwan devaient débuté avant la fin 2021.

A Strasbourg, le 17 février 2022, les députés européens adoptaient les deux rapports consacrés à la politique étrangère, de sécurité et de défense commune de l’UE et appelant cette dernière à soutenir la participation de Taiwan dans les organisations internationales.
La présidente de la République, Tsai Ing-wen et le ministère des Affaires étrangères taïwanais saluèrent dans la foulée l’engagement européen ainsi adopté.

La présidente taiwanaise Tsai Ing-wen. BELGA

« Merci au Parlement européen pour votre soutien à Taiwan. Nous continuerons à travailler avec l’UE et nos amis à travers l’Europe à renforcer nos liens et à préserver la sécurité régionale », déclarait alors la cheffe de l’Etat sur Twitter.
Le ministère des Affaires étrangères a pour sa part vu dans l’adoption par les députés européens de ces deux rapports « un signe tangible du soutien et de l’importance accordés à Taiwan par ses partenaires démocratiques ».

Adopté à Strasbourg par 474 voix pour, 113 contre et 102 abstentions, le rapport sur la mise en œuvre de la politique étrangère et de sécurité commune « plaide résolument en faveur de la participation effective de Taiwan en tant qu’observateur aux réunions, mécanismes et activités d’organisations internationales et d’un approfondissement de la coopération entre l’Union et Taiwan, y compris un accord bilatéral d’investissement (ABI) , réaffirmant encore que l’UE soutient fermement la participation significative de Taiwan en tant qu’observateur à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et à l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol).» 

Notons encore que le 18 novembre dernier, Taïpei annonçait avoir officiellement ouvert un bureau de représentation en Lituanie sous le nom de Taïwan, un écart diplomatique important que la Chine avait auparavant condamné…