Le 26 mai 2019, Dieudonné Boula (32 ans) est victime d’une agression mortelle dans une galerie commerçante du quartier africain de Matongé, à Bruxelles. L’attaque à l’arme blanche s’apparente à un règlement de comptes entre membres de bandes urbaines. La victime, marié et père de 4 enfants, reçoit plusieurs coups de couteau, dont certains dans l’abdomen. Transféré à l’hôpital Saint-Pierre, il succombera le lendemain à ses blessures. La cour d’assises de Bruxelles a fixé le procès des sept assassins présumés au 26 septembre prochain à 9h00 pour le tirage au sort des jurés, et au 29 septembre à 9h00 pour la première audience de débats. Daniel Nsumbu, Maxime Kacou Koffi, Wenger Roger Balaka, Johan Bofane, Brito Da Silva, Ngimbi Massamba et Adry Nsumbu Sengele devront répondre d’assassinat devant la cour. Trois ans après les faits, le phénomène des bandes urbaines est toujours très difficile à chiffrer, mais dans certains quartiers, il fait la loi.
Les sept hommes sur le banc des accusés sont suspectés d’être les auteurs d’une agression au couteau, fatale à Dieudonné Boula, surnommé Dido, le 26 mai 2019 en fin d’après-midi. Cet ancien membre de la bande urbaine Mafia Africaine (la Maf) a été violemment poignardé dans la galerie commerçante du quartier Matongé, chaussée de Wavre à Ixelles.
Les faits s’apparente à une expédition punitive. Plusieurs sources précisent que l’agression serait due à un règlement de compte entre bandes urbaines lié au domaine de la drogue.
Rétroactes
Selon les reconstitutions des enquêteurs, qui se sont notamment appuyés sur les images de de caméras de vidéosurveillance, Dido déambulait dans la galerie lorsque deux véhicules se sont stationnés aux entrées de celles-ci. Les suspects ont pénétré dans l’axe couvert et se sont directement attaqués à leur victime. Ils l’ont ensuite poursuivi jusqu’à la rue d’Édimbourg alors qu’il était déjà grièvement blessé et qu’il tentait de fuir. La victime est décédée le lendemain, à l’hôpital, des suites de ses blessures.
L’un des suspects principaux, Maxime Kacou Koffi, était armé d’une matraque. Johan Bofane portait une arme de poing et Daniel Nsumbu le couteau qui a causé les blessures, dont celle qui fut fatale, dans l’abdomen. Trois semaines après les faits, le 13 juin 2019, Daniel Nsumbu s’est rendu à la police et Maxime Kacou Koffi en a fait de même le 26 août suivant. Johan Bofane a pris la fuite au Congo tandis que les trois autres accusés ont été interpellés les mois suivants.
En 2015 déjà, le film violent « Black » relate une guerre entre bandes urbaines à Bruxelles. Mais, le portrait dressé est-il conforme à la réalité ? Le policier spécialisé en bandes urbaines qui a inspiré le personnage de Fabrice, l’inspecteur dans le film, avait répondu alors par voie de presse : « Je ne sors jamais de chez moi sans mon arme de service ».
Selon les estimations de la police fédérale, une vingtaine de bandes urbaines sont actives en Région bruxelloise. Neuf bandes urbaines seraient implantées sur le territoire de la police de Bruxelles-Ixelles et six autres sur la zone de la police de Bruxelles-Nord (Schaerbeek, Saint-Josse, Evere).
Au total, plus de 300 membres de bandes bruxelloises âgés en moyenne de 15 à 25 ans, sont répertoriés dans les banques de données policières. La plupart des bandes urbaines bruxelloises comptent entre une quinzaine et une vingtaine d’individus. Le phénomène touche essentiellement l’agglomération bruxelloise, mais certaines bandes sévissent également dans d’autres villes, comme à Liège et à Anvers.
Dans la capitale, les bandes urbaines se constituent sur base de critères à la fois ethniques et géographiques, comme en témoignent les noms de certaines d’entre elles : les « 1140 », « 1120 » ou « 1020 », qui font allusion aux codes postaux de communes bruxelloises. La bande « 1140 » sur Evere est la plus nombreuse.
Si en France, la violence urbaine dans les quartiers est majoritairement associée à des bandes qui se revendiquent de l’extrême droite, les vols avec ou sans violence représentent à Bruxelles la majorité des délits commis par les bandes urbaines. Celles-ci se livrent aussi à des trafics de stupéfiants, mais pas à grande échelle. Il n’y a pas de logique structurelle visant le profit derrière ces bandes. La recherche d’une satisfaction matériel immédiate prime sur le trafic de grande ampleur.
L’affrontement entre bandes rivales vise le plus souvent à « sauver l’honneur ». Les bandes urbaines belges deviennent un sujet d’actualité important au début des années 1990 avec l’apparition de la bande dite des New Jack . La commission d’actes délinquants associée au critère de collectivité dans le cadre d’une bande est reconnu comme une circonstance aggravante sur le plan des poursuites pénales.
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