SANTE

Cancers des enfants et pollution chimique : mettre fin à l’omerta et réagir

Le chercheur américain, Philip Landrigan, directeur du Global Observatory on Planetary Health au Boston College, publiait en juin dernier une étude révélant le lien étroit entre l’augmentation des cancers pédiatriques et les pollutions chimiques. Face à cette « crise chimique », il appelle à renforcer la réglementation sur un certain nombre de produits chimiques. Dans son viseur : les produits manufacturés, des matériaux fabriqués en quantité astronomique depuis les années 1950 et dont la production mondiale devrait être multipliée par deux d’ici 2030. En Belgique, les autorités fédérales les perturbateurs endocriniens (PE) comme un enjeu majeur de santé publique. Un premier plan d’action national décidé en décembre dernier doit débuter cette année. Philip Landrigan, lance un appel plein d’espoir au monde de la recherche : « Le temps est venu pour les communautés de l’oncologie et de la santé publique de s’unir pour faire face ensemble à l’augmentation de l’incidence du cancer chez l’enfant ».

Il y a des chiffres qui déclenchent la colère de scientifiques. Pourquoi le problème environnemental n’est-il pas pris à bras-le-corps dans la lutte contre les cancers des enfants ? Tel est le débat soulevé par le professeur Philip Landrigan, directeur du Global Observatory on Planetary Health au Boston College et chargé de mission au sein du Centre scientifique de Monaco, qui publiait le 8 juin dernier, une étude sur le lien entre l’augmentation des cancers chez les tout-petits et les pollutions chimiques.

Avertissement européen aussi

Le 28 juin dernier, l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) avertissait, pour la première fois dans un rapport, que près de 10 % des cancers en Europe étaient liés à la pollution sous diverses formes, rappelant que la majorité des cas étaient évitables. « L'exposition à la pollution de l'air, au tabagisme passif, aux rayons ultraviolets, à l'amiante, à certains produits chimiques et à d'autres polluants sont à l'origine de plus de 10 % des cas de cancer en Europe », relevait l'AEE.
Et ce chiffre pourrait toutefois drastiquement diminuer si les politiques existantes faisaient l'objet d'une mise en œuvre rigoureuse, notamment dans la lutte contre la pollution, selon l'organisation. « Tous les risques cancérigènes environnementaux et professionnels peuvent être réduits », affirmait encore Gerardo Sanchez, expert de l'AEE, en amont de la publication du rapport, le premier de l'agence sur le lien entre cancer et environnement.

Si la recherche dédiée aux traitements n’a cessé de se développer depuis un demi siècle, en parallèle, le nombre de cancers pédiatriques a augmenté. Le bilan est sévère : depuis 1976, le taux d’incidence soit l’apparition de nouveaux cas sur une période donnée de la leucémie a progressé de 21 % aux États-Unis. Celle du cancer du cerveau de 45 %, et celle du cancer des testicules de 51 %.
À tel point que le cancer est désormais « la première cause de décès chez les enfants américains de moins de 15 ans », y apprend-on. « Trop rapide pour être d’origine génétique, cette augmentation ne peut non plus uniquement être expliquée par un meilleur accès aux soins médicaux », insiste le chercheur.

Au moins 120 produits  sont la cause directe de cancers

Pour Philip Landrigan, le constat est sans appel : il faut impérativement se pencher du côté des facteurs externes, autrement dit, environnementaux. Dans son viseur, on retrouve les produits chimiques manufacturés, des matériaux fabriqués en quantité astronomique depuis les années 1950 et dont la production mondiale devrait être multipliée par deux d’ici 2030.

Leurs conséquences sur la santé ne cessent pourtant d’être documentées depuis de nombreuses années. Parmi les plus toxiques qui polluent l’ensemble de la planète : les biphényles polychlorés (un isolant électrique dont la production est interdite en France), les multiples pesticides, les retardateurs de flammes bromés (utilisés dans les plastiques, les textiles, l’électroménager) ou les phtalates (des plastifiants).

En s’appuyant sur l’examen méticuleux des données épidémiologiques et toxicologiques publiées sur plus d’un millier de produits chimiques, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), dépendant de l’OMS, a révélé qu’au moins 120 d’entre eux sont la cause directe de cancers. Plus inquiétant encore, « l’exposition dans les 1 000 premiers jours d’une vie est particulièrement dangereuse », martèle Philip Landrigan.

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