ATTENTAT

USA: poignardé par un activiste, l’auteur des « Versets sataniques », Salman Rushdie va perdre un œil

Le romancier et essayiste britannique Salman Rushdie a été poignardé vendredi 12 août dans l'Etat de New York. Il est gravement blessé. AFP

D’après l’agent de l’écrivain britannique d’origine indienne, Salman Rushdie, poignardé vendredi 12 août dans l’Etat de New York, est gravement blessé. Andrew Wylie a indiqué que l’auteur des « Verset sataniques », livre publié en 1988, et visé par une « fatwa » de l’ayatollah Khomeini qui date de 1989, a les nerfs d’un bras sectionnés et son foie a été endommagé. Il est sous assistance respiratoire et il va probablement perdre un œil. Les leaders politiques britanniques dont le Premier ministre démissionnaire, Boris Johnson et les candidats à sa succession ont unanimement condamné l’agression. Le suspect de l’agression a été identifié par la police. Il répondrait au nom de Hadi Matar, un jeune home de 24 ans, présenté par le New York Post comme ayant « beaucoup de sympathie pour les gardiens de la révolution iranienne ».

Anobli par la reine Elisabeth II en 2008, Sir Salman Rushdie est un auteur britannique d’origine indienne dont les écrits sur la religion et la politique l’ont rendu controversé dans certaines parties du monde. Ses trois premiers romans, Grimus (sorti en 1975), Midnight’s Children (1981) et Shame (1983), ont été salués par la critique, mais c’est son quatrième, The Satanic Verses (les Versets sataniques), qui lui a valu des ennuis. Certaines scènes du livre représentent un personnage calqué sur le prophète Mahomet, ce qui a suscité la colère de certains membres de la communauté musulmane du Royaume-Uni. Ils considéraient ses écrits comme blasphématoires.

Premier attentat visant Salman Rushdie en 1989 

L’auteur britannique d’origine indienne de 75 ans, dont le quatrième livre, les Versets sataniques, a conduit l’ayatollah iranien, Rouhollah Khomeini, à décréter une « fatwa » à son encontre en 1989 demandant son assassinat, a été poignardé, vendredi 12 août, sur scène dans l’Etat de New York. Transporté à l’hôpital, il a été opéré pendant plusieurs heures. Son agent, Andrew Wylie, a indiqué dans la soirée, que « la nouvelle n’est pas bonne. Salman perdra probablement un œil. Les nerfs de son bras ont été sectionnés, son foie a été poignardé et endommagé ». Le suspect de l’agression a été identifié par la police. Il répondrait au nom de Hadi Matar, un jeune home de 24 ans, présenté par le New York Post comme ayant « beaucoup de sympathie pour les gardes de la révolution iranienne ».

Salman perdra probablement un œil. Les nerfs de son bras ont été sectionnés, son foie a été poignardé et endommagé.

Salman Rushdie vit aux Etats-Unis depuis quelques années maintenant. C’est en septembre 1988 que l’ouvrage qui mettra sa vie en danger, Les Versets sataniques, est publié. Le roman surréaliste et post-moderne a suscité l’indignation de certains musulmans, qui considéraient son contenu comme blasphématoire. En janvier 1989, les musulmans de Bradford ont rituellement brûlé un exemplaire du livre et les marchands de journaux WHSmith ont cessé de le vendre. Salman Rushdie a rejeté les accusations de blasphème.

Au Royaume-Uni, certains dirigeants musulmans ont appelé à la modération, d’autres ont soutenu l’ayatollah.

La même année, les bureaux londoniens de l’éditeur du livre, Penguin Random House, ont été visés par une manifestation. La première tentative d’assassinat de Rushdie remonte à 1989. Une bombe a été posée dans un hôtel au centre de Londres par un Libanais répondant au nom de Mustafa Mahmoud Mazeh. Cependant, elle a explosé pendant qu’il manipulait l’explosif le tuant sur le coup. Anobli par la reine Elisabeth II en 2008, Sir Salman Rushdie est un auteur britannique d’origine indienne dont les écrits sur la religion et la politique l’ont rendu controversé dans certaines parties du monde.

Réaction de la classe politique  britannique

Salman Rushdie est né à Bombay, le 19 juin 1947, deux mois avant l’indépendance de l’Inde vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Âgé de 14 ans, il a été envoyé en Angleterre, obtenant plus tard un baccalauréat spécialisé en histoire au Kings College de Cambridge. Il est devenu citoyen britannique et a laissé tomber sa foi musulmane. Il a travaillé brièvement comme acteur, il a aussi presté comme rédacteur publicitaire, tout en écrivant des romans.

Son éditeur, Penguin Random House, a aussi condamné l’attaque, estimant qu’il s’agit d’une « agression publique violente ».

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est joint à d’autres leaders politiques pour condamner l’attaque, se disant consterné que Salman Rushdie ait été poignardé « alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de defender. En ce moment, mes pensées vont à ses proches. Nous espérons tous qu’il va bien », a-t-il écrit dans un tweet. Candidat à la présidence du parti conservateur et au poste de Premier ministre britannique, Rishi Sunak s’est dit « choqué » d’apprendre l’attaque contre Rushdie, qu’il a qualifié de « champion de la liberté d’expression et de la liberté artistique ». Liz Truss, la rivale de Sunak et actuelle ministre des Affaires étrangères a condamné l’agression de Salman Rushdie en défendant la liberté d’expression.

Victimes collatérales de la fatwa contre Salman Rushdie

La fatwa décrétée contre Salman Rushdie en 1989 a fait d’autres victimes. Hitoshi Igarashi, qui a traduit Les Versets sataniques en japonais a été poignardé à mort en 1991 sur le campus de l’Université de Tsukuba où il enseignait la littérature.

Ettore Capriolo, le traducteur italien du livre, a également été poignardé dans son appartement à Milan en juillet 1991. En Turquie, le traducteur du livre, Aziz Nesin, a été la cible d’un incendie criminel dans un hôtel à Sivas qui a fait 37 morts le 2 juillet 1993. Il en est sorti vivant. L’éditeur norvégien du roman, William Nygaard, a été abattu de trois balles devant son domicile et laissé pour mort en octobre 1993, mais a survécu à l’attaque.

Alexander Seale (au Royaume-Uni)