Tueurs du Brabant : la prime de 250.000 euros offerte pour arrêter les auteurs toujours d’actualité
C’est sans doute l’affaire criminelle la plus nébuleuse qui sommeille dans nos cartons judiciaires. De 1982 à 1985, une série d’attaques, dont de nombreux braquages sanglants, ont lieu dans le Brabant wallon. Les faits, majoritairement à mains armées, feront 28 victimes, dont des enfants, et 20 blessés pour un mobile qui reste une énigme. Faute d’éléments nouveaux sur « la bande de Nivelles », l’affaire deviendra bientôt l’un des plus importants cold cases de l’histoire de la Belgique, a annoncé le parquet fédéral ce vendredi. « Aucune décision n’a encore été prise pour arrêter l’enquête, mais nous avons toujours dit qu’à un moment donné il y aurait une fin, s’il apparaît que le dossier ne pourra pas être jugé à temps, avant la prescription », a déclaré Eric Van Duyse, son porte-parole. Qui sont les tueurs du Brabant ? La question à elle seule résonne comme un aveu de faiblesse diffusant ce goût amer de « non résolu ». Existe-t-il encore des pistes oubliées ? « Une prime de 250.000 euros sera offerte à celui qui fournira des informations conduisant à l’identification et l’arrestation des auteurs », rappelle la Cellule Brabant Wallon.
« A tous ceux qui pensent qu’il n’y a plus d’espoir, que l’enquête piétine, que les auteurs ne seront jamais démasqués, je leur réponds qu’un combat perdu d’avance est un combat qu’on ne mène pas ! Notre force de travail est intacte et nous sommes animés d’une volonté de réussite sans faille », affirme la juge d’instruction, Martine Michel, en charge, à Charleroi, du dossier des Tueries du Brabant, sur la plateforme en ligne dédiée au dossier « Killers Brabant ». Après deux commissions d’enquête et trois décennies de recherches, les auteurs de cette vague de braquages et d’assassinats n’ont toujours pas été identifiés.
Un mobile flou
Bien que les tueurs du Brabant aient volé de l’argent, leurs faibles butins et leur extrême violence suggèrent un autre mobile. Leur intention n’a pourtant jamais été déterminée. Des braqueurs fous, l’ex-gendarmerie mise en cause ou des extrémistes de droite, toutes les hypothèses ont été testées. Même celle d’une implication majeure des Etats-Unis à une l’époque où la menace communiste obsédait la première puissance mondiale. Dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Italie avec les Brigades rouges, les services secrets américains auraient déstabilisé l’Etat pour forcer un coup de barre à droite. « Je n’ai jamais exclu, dans ma tête, l’hypothèse d’un complot contre l’Etat ou pour l’Etat », affirmait, en 2017 par voie de presse, Charles-Ferdinand Nothomb, ministre de l’Intérieur en poste durant les tueries du Brabant. Mais, si des générations d’enquêteurs se sont limées les dents sur ce mystère, comme de nombreux journalistes, et si des dizaines d’ouvrages documentaires ont été écrits, aucune thèse n’a abouti.
Un dossier relancé en 2018
Le dossier des tueries du Brabant a été réexaminé depuis ses prémisses, lorsque le parquet fédéral a repris l’enquête, en 2018. De nombreux nouveaux devoirs d’enquête complémentaires ont été requis. Plusieurs personnes décédées ont été exhumées pour que des analyses ADN soient réalisées. Des suspects potentiels, encore en vie, ont également fait l’objet d’interrogatoires. Des commissions rogatoires à l’étranger ont également été ordonnées. En 2020, à la demande de la juge d’instruction, Martine Michel, la police française a procédé à plusieurs perquisitions.
Mais ces nouvelles investigations n’ont pas donné de résultats significatifs et la prescription court inexorablement jusqu’en 2025. Dans son rapport annuel de 2018, le parquet fédéral avait indiqué que l’enquête devrait être terminée d’ici fin 2022, car au moins trois ans seraient nécessaires pour porter l’affaire en justice et obtenir un verdict dans ce dossier qui comprend deux millions de pages.
Une prime de 250.000 euros
A l’époque des braquages sanglants qui visaient, entre autres, les magasins de la chaîne Delhaize, le groupe avait offert une récompense de 10 millions de francs belges pour toute information conduisant à l’arrestation des auteurs. Cette prime de 250.000 euros est toujours d’actualité. Vous avez des éléments de réponse à propos de cette affaire ? Le parquet fédéral maintient son appel à témoins afin de faire avancer l’enquête. Toutes les informations qui parviendront aux enquêteurs seront traitées avec une discrétion assurée.
Pour contacter la Cellule Brabant Wallon
Juge d’instruction : Martine MICHEL
Greffier : Christine DURAY
Courrier : Palais de Justice – Avenue Général Michel n° 4 – 6000 Charleroi
Tél. : +32(0)71 236 736
Police judiciaire fédérale de Charleroi
Tél. : +32(0)71 291 011 ou le 0800 30 300
E-mail: KillersBrabant@police.belgium.eu
Site internet : http://killersbrabant.be/