Elisabeth II : le plus long des règnes, une histoire, des temps forts

Journaliste / Secrétaire de rédaction
Le moment est venu. Elisabeth II, la monarque au règne le plus long de l’histoire, s’est éteinte ce jeudi à l’âge honorable de 96 ans, en son château écossais de Balmoral. La famille royale britannique était présente à ses côtés. Harry également avait été appelé à son chevet en début d’après-midi. Comme son arrière-grand-mère, la reine Victoria, rien ne prédestinait Elizabeth, née le 21 avril 1926, à devenir reine. Son règne fut plus long encore que celui de son illustre aïeul, soit 70 ans pour 63 ans et 7 mois pour Victoria. L’heure du passage de relais a sonné. Elisabeth II entre dans l’Histoire. Charles et William, prêts à prendre la suite.
Reine à la place d’un autre
A sa naissance, elle n’est que troisième dans l’ordre de succession au trône derrière son oncle le prince Edward et son père, le prince Albert. A la mort du roi George V le 20 janvier 1936, son fils aîné est couronné roi sous le nom d’Edward VIII. Un règne de courte durée puisqu’il abdique le 11 décembre 1936, moins d’un an après son couronnement.
Les raisons de cette décision sans précédent ne sont pas politiques, mais amoureuses. Edward VIII choisit de renoncer au trône britannique pour pouvoir épouser Wallis Simpson, américaine deux fois divorcée, avec laquelle il entretient une relation sulfureuse et très décriée depuis plusieurs mois. Autre point noir, et non des moindres, les sympathies du nouveau roi pour l’Allemagne nazie embarrassent de plus en plus le gouvernement britannique qui aurait alors saisi l’opportunité de l’écarter du pouvoir. Le 27 octobre 1937, Edward, redevenu simple duc de Windsor, se rendit d’ailleurs à Munich où il rencontra Adolf Hitler en compagnie de son épouse.
Les temps forts d’un long règne
Sur le trône depuis 77 ans, la reine Elizabeth II aura eu le plus long règne de l’histoire de la monarchie britannique. Sept décennies émaillées de joies mais aussi de drames, et rythmés par les mutations de la société britannique. Il y eut d’abord, un couronnement à Westminster. Nous sommes en 1953.
AFP Portrait officiel de la Princesse Elisabeth peu avant qu’elle ne devienne Reine de Grande-Bretagne.
Si la reine Elizabeth monte sur le trône le 6 février 1952, elle n’est couronnée que le 2 juin 1953 à l’abbaye de Westminster. Des millions de Britanniques assistent au couronnement diffusé en direct et, c’est une première, en intégralité par la BBC. Plusieurs dizaines de représentants des monarchies étrangères et de chefs d’État assistent à l’événement.
La guerre du Golfe et première allocution télévisée
En dehors des traditionnelles allocutions de noël, la reine Elizabeth ne s’était jamais adressée à ses sujets avant ce mois de février 1991. En pleine guerre du Golfe et alors que débute l’opération « Tempête du désert », la souveraine enregistre un discours de moins d’une minute dans lequel elle appelle son peuple à s’unir et prier pour un succès rapide, exprimant aussi son espoir d’une « paix juste et durable ». Une parole rare.
1992, annus horibilis
« 1992 n’est pas une année que je me remémorerai avec plaisir, elle restera comme une annus horribilis », déclarait cette année-là, la reine Elizabeth dans un discours prononcé à l’occasion des 40 ans de son règne. Une année noire pour la souveraine qui a vu son fils le prince Andrew, sa fille la princesse Anne et surtout son fils aîné le prince Charles, héritier du trône, annoncer leurs séparations respectives.
C’est aussi en 1992 que le château de Windsor est le théâtre d’un gigantesque incendie. Le coût des travaux de reconstruction, plus de 45 millions d’euros au total, provoquent la colère des contribuables britanniques, peu disposés à payer.
La mort tragique de la princesse Diana
Le 31 août 1997, la princesse Diana meurt à Paris dans un accident de voiture avec son compagnon Dodi Al-Fayed. Le décès de la jeune femme, adorée au Royaume-Uni, suscite un émoi sans précédent. La froide réaction de la reine, qui refuse de faire flotter l’Union Jack sur Buckingham, provoque l’incompréhension de son peuple et fait souffler un vent de révolte. La veille des obsèques, la reine prononce finalement une allocution télévisée historique. « Je l’admirais et la respectais, pour son énergie et son engagement envers les autres, et surtout pour son dévouement envers ses deux garçons », déclare Elizabeth.
Charles ou William ?
Selon l’ordre de succession au trône britannique fixé par l’Acte d’Établissement de 1701 et modifié par l’Acte de succession à la Couronne de 2013, l’héritier du trône est le prince Charles, né en 1952, aîné des enfants d’Elizabeth et de son défunt époux le prince Philip. Juste après lui viennent son fils aîné le prince William et le fils aîné de celui-ci, le prince George.
Très populaire au Royaume-Uni et portrait craché de sa défunte maman, William incarne l’avenir de la monarchie et ils sont nombreux les Britanniques a espéré leur désir de le voir devenir roi à la place de son père.
Une décision qui ne dépend pas de la reine Elizabeth qui n’a aucune possibilité légale d’évincer son fils au profit de son petit-fils. Seul le prince Charles, en décidant d’abdiquer, pourrait permettre à William de devenir roi de manière anticipée. Donc quoi qu’il en soit, Charles devient Roi.
A l’heure que le pays traverse une crise économique sans précédent, qu’une nouvelle résidente vient à peine de prendre place au 10 Downing Street et moins de trois ans après que la singulière Angleterre ait quitté l’Union européenne, une page se tourne. Un livre se referme même. La monarchie britannique se voit offrir une nouvelle jeunesse avec Kate et William en coulisse. Puisse l’avenir leur porter chance.
