PATRIMOINE

A Anderlecht, réouverture du plus petit béguinage de Belgique


BRUXELLES : Après plusieurs mois de fermeture, et avant l’inauguration de son tout nouveau projet muséal à l’automne 2023, le béguinage d’Anderlecht profite de cet fin d’été pour entrouvrir ses portes au public dès le week-end prochain. Cette ouverture exceptionnelle offre la possibilité de découvrir ce bijou architectural entièrement restauré et encore totalement à nu, avant sa réaffectation en espace muséal. Rendez-vous les 1ers dimanches du mois ainsi qu’à l’occasion de quelques journées thématiques, pour déambuler dans ce bâtiment d’époque, perle rare bruxelloise. Les visites débutent le week-end prochain.

Avec la Maison d’Érasme et la collégiale gothique des Saints-Pierre-et-Guidon, le béguinage d’Anderlecht constitue un ensemble historique remarquable et classé au cœur de la commune. Il se compose de deux ailes, à l’architecture datée des XVème, XVIème et XVIIIème siècles, encadrant un jardin clos doté d’un puits. Il pouvait accueillir jusqu’à huit béguines et servit après la Révolution française d’hospice et de logement pour femmes indigentes, ferma en 1928 et, aménagé en musée folklorique et d’histoire locale, rouvrit en 1930.

La réouverture d’un témoin de notre histoire

Amoureux du patrimoine et de sa conservation, profitez du week-end prochain pour redécouvrir le béguinage de la capitale.
« Cette période de réouverture sera accompagnée d’activités en rapport avec les bâtiments et l’histoire des béguines, dont des visites guidées, des performances de plasticiens, des concerts, des conférences autour des béguines et des différentes approches du mouvement béguinal. Ce mouvement offre en effet un terrain d’investigations remarquablement riche et diversifié : on peut l’aborder selon des approches tant sociologique que spirituelle, anthropologique, psychologique, littéraire ou encore féministe, etc. » explique Zahava Seewald, directrice des musées communaux d’Anderlecht.

Zahava Seewald, directrice des musées communaux d’Anderlecht.

Entamée en 2010 suite à des études pluridisciplinaires réalisées en collaboration avec l’ULB – CreAPatrimoine, la restauration du béguinage a été menée par différents partenaires en collaboration étroite avec la Direction du Patrimoine Culturel dans un cadre déontologique rigoureux. C’est le soutien financier d’Urban.brussels et de la commune d’Anderlecht qui a permis la bonne réussite du projet.

La deuxième phase de réouverture du béguinage consistera en un nouveau projet muséal répondant aux exigences d’une institution contemporaine ancrée dans son époque, qui est actuellement en cours d’élaboration et sera finalisé à l’automne 2023.

Le béguinage est un joyaux architectural de notre patrimoine.

« Le musée visera avant tout un public non spécialiste, les enfants et les touristes. Nous souhaitons développer une médiation dynamique et interactive afin de proposer une autre offre que celle de la Maison d’Érasme et la nouvelle muséographie mettra en avant les recherches effectuées ces deux dernières années sur l’histoire du lieu, les archives et les collections », précise encore Zahava Seewald.

Un nouveau musée très attendu

 « Le musée qui ouvrira à l’automne 2023 vise avant tout un public non spécialiste, les enfants et les touristes. Nous souhaitons développer une médiation dynamique et interactive afin de proposer une autre offre que celle de la Maison d’Érasme et la nouvelle muséographie mettra en avant les recherches effectuées ces deux dernières années sur l’histoire du lieu, les archives et les collections », précise Zahava Seewald.

Le Musée du béguinage se veut un lieu axé à la fois sur l’histoire des béguines, qui y ont vécu durant plusieurs siècles, et sur l’histoire d’Anderlecht, présentées séparément dans les deux ailes.
Ainsi , l’aile droite, la plus ancienne, consacrée aux béguines (avec une mise en contexte européen du mouvement), et l’aile gauche destinée à valoriser et mieux faire connaître l’histoire locale, les premiers habitants et les multiples trésors de la commune, dont l’exposition sera articulée autour de quatre thèmes principaux : travail et divertissement, croyances et traditions, présence humaine de jadis (depuis l’ère néolithique) et diversité culturelle d’aujourd’hui, vestiges architecturaux anderlechtois d’exception.

 

L’ancien plus petit béguinage de Belgique est restauré, découvrez-le.

Des expositions temporaires

Les expositions temporaires sont indispensables au rayonnement d’un musée. « Elles permettront non seulement de fidéliser le public mais aussi de faire avancer la recherche et mettre en valeur ses propres collections par la diffusion de publications, la restauration et la présentation d’œuvres rarement sorties des réserves ». C’est pour cela qu’un espace a été aménagé à l’étage de l’aile gauche pour les expositions temporaires, qui accueillera tant différents aspects de l’histoire d’Anderlecht que des interventions d’artistes contemporains en lien avec la thématique et les missions du musée.

Fondé en 1252 par le chapitre Saint-Pierre d’Anderlecht à une époque où Anderlecht était rurale et peu peuplée, l’ancien béguinage est aujourd’hui un site patrimonial emblématique et exceptionnel à Bruxelles. C’est l’historien anderlechtois et conservateur-fondateur des musées communaux d’Anderlecht, Daniel Van Damme qui créa, après l’organisation d’une exposition folklorique très appréciée en 1930, un musée dans le béguinage, classé monument historique le 25 octobre 1938 pour sa valeur artistique, archéologique et historique.

La renommée grandissante de la Maison d’Érasme, musée voisin consacré au grand humaniste et inauguré en 1932, éclipsa peu à peu l’éclat du petit musée du béguinage et, en 1967, celui-ci fut fermé au public en raison du délabrement croissant de ses bâtiments. La restauration débuta en 1974 et dura cinq ans, le musée étant réouvert au public en 1987. Il faudra toutefois attendre 2021, la fermeture des lieux et le déménagement des collections, pour que commencent les nouveaux travaux de rénovation, financés par urban.brussels et
par la commune d’Anderlecht, avec le concours du bureau d’étude Arter.

La Maison Erasme voisine consacré à cet homme du monde.

Un programme d’études pluridisciplinaires, soutenu financièrement par urban.brussels, s’attache depuis plusieurs années à en débrouiller l’histoire complexe et analyser l’architecture par le biais d’investigations  scientifique, archéologiques, et archivistiques, dont les résultats réfutent les dates données traditionnellement dans la littérature touristique et sur les sites web mainstream ( tel que Wikipédia) et avancent une évolution moins linéaire, divisée en trois grandes périodes : à savoir la construction en bois, torchis et chaume de la fin du Moyen Âge (XVème – XVIème siècles) ; l’architecture en briques et pierre du XVIIIème siècle et le XXème siècle ou le temps des restaurations.

Il ressort en effet des dernières études que la partie la plus ancienne mise au jour par les recherches est un vestige de bâtiment à pan de bois (colombage), partiellement conservé à l’intérieur de l’aile droite (occidentale) actuelle. L’ossature de bois a pu être datée des années 1435-1460 grâce à des analyses menées à la fois en laboratoire (carbone 14) et dans les archives du béguinage.

En attendant la réouverture du musée, le béguinage restauré vous ouvre grand les bras dès ce week-end et chaque premier dimanche du mois jusqu’en décembre.

 

Réouverture ces 17 et 18 septembre
samedi 17/09 : visites guidées « Le béguinage d’Anderlecht après restauration » à 11h30, 14h, 14h30, 16h30.
Dimanche 18/09 : 11h30, 14h, 14h30.  Mais aussi Performance Coraline Guilbeau. Installation vidéo Jivan van der Ende et An Onghena – concert Clara Levy (violon) « 13 visions » d’après Pauline Oliveros (1932-2016) et Hildegarde Von Bingen (1098-1179).
Visite du béguinage chaque 1er dimanche du mois de 10h à 18h: 2 octobre, 6 novembre et 4 décembre – visites guidées « Architecture & Histoire » à 14h

Plus d’infos et réservation : www.erasmushouse.museumwww.heritagedays.urban.brussels