SOCIETE

JO de Tokyo 2020 : l’ancien Premier ministre Yoshiro Mori interrogé dans une affaire de « pots de vin »


L’ancien président du Comité international olympique japonais (CIO) Tsunekazu Takeda (74), qui a été vice-président du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et l’ancien Premier ministre Yoshiro Mori, ont été interrogé sur une base volontaire dans le cadre d’un scandale de corruption de sponsors qui prend de l’ampleur, a déclaré ce vendredi 16 septembre, une source proche du dossier. Les enquêteur cherchent à savoir si Haruyuki Takahashi (78), l’ancien directeur général de la plus grande agence de publicité japonaise, Dentsu Inc. et ancien haut responsable de l’organisation des Jeux olympiques de Tokyo a reçu de l’argent de deux entreprises en échange de son aide pour être sélectionnées comme sponsors des Jeux d’été 2020, reportés en 2021 pour cause de pandémie. Une dizaine de personnes haut placées ont été, à ce stade, interrogées. L’affaire, qui éclabousse les valeurs olympiques, est prise très au sérieux au Japon.

Le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo a été lancé en janvier 2014, avec Tsunekazu Takeda comme vice-président et l’ancien Premier ministre Yoshiro Mori comme président. Haruyuki Takahashi a rejoint le comité en juin 2014.
Le 17 août dernier, il est interpellé dans le cadre d’une enquête pour suspicion de corruption. Il est soupçonné d’avoir reçu en 2017 l’équivalent de plus de 320.000 € de la part d’Aoki Holdings, une chaîne japonaise de magasins de costumes d’affaires, après la signature d’un contrat entre sa société de conseil et ce groupe, devenu en 2018 partenaire officiel des Jeux. H. Takahashi a été arrêté en même temps que l’ancien président d’Aoki Holdings Inc., Hironori Aoki (83) et deux autres responsables de cette firme. Le même jour, un autre mandat d’arrêt a été signifié à H. Takahashi pour avoir accepté des pots-de-vin de Kadokawa.

Perquisitions et interrogatoires

H.Takahashi est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin « en sachant qu’il s’agissait d’argent de remerciement pour le traitement bénéfique et préférentiel » qu’il accordait à Aoki Holdings, affirme le parquet de Tokyo. Selon les procureurs, H. Takahashi a fait transférer un total de 51 millions de yens sur le compte bancaire d’une société qu’il dirige, via une cinquantaine de virements entre octobre 2017 et mars 2022. Fin août, la police avait effectué des perquisitions au domicile de ce dernier ainsi que dans les anciens bureaux du comité d’organisation de Tokyo-2020 aujourd’hui dissous.

 

Copyright – Haruyuki Takahashi – AFP

Des enregistrements vocaux

Une transaction du même type aurait également eu lieu avec la société Kadokawa Corporation, anciennement connu sous le nom de Kadokawa Dwango Corporation, un conglomérat médiatique japonais. C’est dans ce cadre que l’ancien Premier ministre Yoshiro Mori, qui a dirigé le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo jusqu’à ce qu’il doive démissionner en raison de propos sexistes, a également été interrogé par les procureurs japonais.

Personnage-clé de la candidature de Tokyo à l’organisation des Jeux olympiques, le parcours de Y. Mori, qui a été premier ministre du Japon entre 2000 et 2001, est à remettre dans le contexte. Il est connu pour avoir joué un rôle central dans la promotion du sport au Japon, mais ce rôle a souvent été éclipsé par de nombreuses zones d’ombre et polémiques.
La dernière en date : ses commentaires sexistes, quelques mois avant l’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo – selon lesquels « les réunions impliquant des femmes ont tendance à s’éterniser » – susciteront l’indignation générale et conduiront à son remplacement en février 2021 par Seiko Hashimoto, médaillée de bronze du 1.500 mètres de patinage de vitesse féminin aux Jeux olympiques d’hiver de 1992.

Nouveau scandale, l’ancien Premier ministre aurait rencontré Hironori Aoki, le fondateur d’Aoki Holdings Inc., en juillet 2017, grâce à une introduction de H. Takahashi. Il existerait des enregistrements vocaux de ces rencontres.

Les médias aussi impliqués

Y. Mori aurait également rencontré, toujours par l’entremise de H. Takahashi, des responsables de Kadokawa Corp. avant que le média ne soit choisi comme sponsor des jeux en avril 2019. Le président du groupe, Tsuguhiko Kadokawa (79), a été interpellé ce mercredi 14 septembre pour son implication présumée dans ce scandale de corruption de sponsors qui s’amplifie.
Il est soupçonné par les procureurs de Tokyo d’avoir versé 69 millions de yens (480.000 euros) de pots-de-vin à une société de conseil dirigée par une connaissance de Haruyuki Takahashi, en échange de l’aide apportée à l’éditeur pour être sélectionné comme sponsor des jeux. La somme aurait été transférée via dix transactions bancaires à partir du mois de juillet 2019. Le siège du média a également été perquisitionné.

Outre les affaires Aoki et Kadokawa, les procureurs enquêtent sur Daiko Advertising Inc. basée à Osaka, également soupçonnée d’avoir versé une importante somme d’argent à Haruyuki Takahashi pour être choisis comme sponsors de Tokyo 2020. De son côté, dans un communiqué officiel, Aoki Holdings a présenté ses excuses pour le « tort gigantesque au sport provoqué par ces interpellations » et a affirmé « prendre l’affaire au sérieux ». « Nous continuerons de coopérer pleinement aux enquêtes menées par les autorités », a ajouté le groupe.

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