MANIFESTATION

Ils sont venus dire « Non » à l’extension en marche de Liège Airport mais pas seulement


LIEGE. Un millier de personnes se sont rassemblées ce dimanche après-midi face à la gare des Guillemins  répondant à l’appel lancé par une centaine d’associations et le collectif « Stop Alibaba & Co. »  et ce, afin de manifester contre l’extension de Liège Airport et appeler les politiques à voter un moratoire sur tous les projets actuels et futurs. « L’extension de l’aéroport n’est pas notre choix » ont clamé les intervenants sur la tribune improvisée au pied des rails.

Ils sont venus de tous les quartiers ou presque. Trois cortèges de manifestants avaient en effet été organisés dès 14h00  au départ de la place Saint-Lambert, du quartier de la Chartreuse et de l’aéroport liégeois afin de converger à vélo, à pied, en bus, en train ou en auto vers l’esplanade de la gare des Guillemins en fin d’après-midi. Certains étaient même venus de Namur ou d’Ixelles.
L’occasion pour de nombreux parents de venir en famille, banderole à la main, défendre un site qui ne les concerne pas toujours directement mais dont l’extension inquiète pour le devenir de la région et l’avenir de leurs enfants. De tous âges et de tous horizons, ils étaient venus défendre le droit de se faire entendre.

« Qui décide de ces extensions, de l’arrivée de ces multinationales ? Pas nous. Les décideurs ne nous consultent pas, alors il faut bien se faire entendre », confie Justine, bruxelloise, une petite fille sur les bras, un bébé sur le dos, attentive aux propos des intervenants défilant sur le podium et issus de différentes associations soutenant entre autres les actions du collectif StopAlibaba & Co.

« La raison d’être de ce nouveau rassemblement est de se faire voir et entendre, d’avoir toujours plus de  visibilité », explique  Emilie Farcy, membre de « Stop Alibaba & Co. « La mobilisation citoyenne  ne cesse de prendre de l’ampleur et c’est important que les gens se sentent concerné. C’est aussi l’occasion de réclamer à la Région wallonne d’instaurer un moratoire sur le projet d’extension de l’aéroport, sur tout les projets ».

Contre l’extension, contra la pollution, contre le bruit

Organisée comme un fête, l’esplanade des Guillemins ne manquait ni de bar ni de baraque où se sustenter ni d’attrait. Bière à la main, Antoine est passé par hasard et il s’est arrêté. « Moi, je suis contre le fait qu’on ne nous consulte jamais pour aucun projet majeur. L’aéroport est un exemple et j’applaudis le combat même s’il ne me concerne pas directement. On se dit un pays démocratique, mais les politiques décident de tout, quitte à faire de mauvais choix sans jamais s’excuser et sont toujours prêt à recommencer. On en a marre de ça, pas vous ?! »

Pour le climat, pour une autre Wallonie

« Marre de cet aéroporc », « stop à la pollution de l’air », « Non à Ali Baba », « Occupons le terrain autrement », « oui à d’autres projets pour la Wallonie », tels étaient quelques-unes des banderoles-slogans déployées dans la foule et le long des quais de la gare. Une foule donc hétéroclite, issu de la centaine d’associations présentes sur place, revendiquait des choses parfois différentes mais allant dans un même sens, celui du besoin d’être entendu et consulté.

« C’est vrai, ces rassemblements sont une concentration de combats multiples, on ne va s’en cacher mais les projets liés à l’aéroport rassemblent car ils touchent à tout : à l’environnement, au climat, au bien-être, à l’économique, au social, à la mobilité, qui à Liège est un problème sans nom ! Qu’importe si certains sont ici davantage pour lutter contre la pollution sonore, on est là car on veut que le politique, la Région prenne ses responsabilités en tout », confie un soutien de la première heure du collectif « Stop Alibaba & Co. »

« Les fonctionnaires ont accordé un permis mais rien n’est joué. Ce dossier est à nouveau sur la table des ministres (…) car des recours ont été introduits. La direction de Liège Airport estime que les conditions qui accompagnent le permis sont trop exigeantes et trop pénalisantes. Quant au recours citoyen, il estime que ces conditions ne sont toujours pas suffisantes. En outre, la Région ne tient pas compte de l’argument climatique qui n’apparait pas du tout dans les restrictions, » répète à la foule Emilie Farcy.

Face aux défis environnementaux, il est urgent de réfléchir à la place de l’aérien

« Je n’ai rien contre l’aéroport mais j’estime qu’il ne sert à rien d’aller plus loin. Il crée de l’emploi dans sa forme actuelle, les nuisances sont suffisantes. Dans le monde dans lequel on vit, pourquoi en vouloir plus? ; il est temps de freiner», renchérit Micheline, 55 ans, riveraine de Bierset, venue à vélo. Pour d’autres militants, il est urgent de réfléchir à la place de l’aérien dans le développement de la région,  pour enfin faire face aux défis sociaux et environnementaux actuels. «  Je suis d’accord avec le mouvement présent aujourd’hui,  Liège Airport ne peut être exonéré de sa responsabilité dans le dérèglement climatique. Les dirigeants et la Région doivent agir en responsables», poursuit Jean-Marc, 35 ans.

«  Non au développement de l’activité aéroportuaire en pleine crise climatique, non au tapis rouge aux multinationales de l’e-commerce, non à plus d’avions, de camions, de pollution… Notre choix, c’est de continuer à vivre en Wallonie, pas dans une poubelle de la logistique et de l’e-commerce international », scande-t-on à la tribune alors que s’élèvent les applaudissements de la foule nombreuse bien qu’étendue sur le site.

« Il est évident que les politiques, quoi qu’ils en disent, décident de choses allant à contre-courant des enjeux économiques, sociaux et climatiques actuels. C’est un monde ! Pourquoi n’agissent-ils pas en réfléchissant à long terme et surtout, pourquoi font-ils le contraire de ce qu’ils disent ?! », ajoute encore Jean, 67 ans, retraité de Cockerill.

Entre joutes verbales, flonflons musicaux et levés de bières, la manifestation familiale s’est achevée comme il se doit par un concert.  D’autres actions pourraient bien être menées dans les prochaines semaines selon les organisateurs.

Pour rappel, les ministres Céline Tellier (Ecolo) et Willy Borsus (MR) devront accorder ou non, prochainement, le renouvellement du permis d’exploitation de l’aéroport. Cette décision très attendue pourrait avoir un impact crucial par forcément dans le bon sens pour toute une région dans les années à venir.