RECOMPENSES

10 afro artistic Awards remis ce soir au National, quand l’artiste dépasse la mémoire collective


BRUXELLES. C’est ce samedi que se tient, depuis 19h, la 7ème édition des Golden Afro Artistic Awards au Théâtre National. Une remise de prix née à l’initiative de Brukmer, magazine afro-belge de référence, avec le soutien de la Ministre de la Culture Bénédicte Linard. Cette cérémonie, une fois encore, prendra la forme d’un spectacle total animé par Maria Bemba et Nick Mukoko, humoriste au Jamel Comedy Club. Objectif : mettre en lumière des talents trop peu représentés dans les médias traditionnels et valoriser des rôles modèles.

10 artistes belges afro-descendants issus de la mode, la musique, la littérature, le cinéma récompensés ce soir au Théâtre National  bruxellois dans le cadre des Golden Afro Artistic Awards organisés par le magazine afro-belge Brukmer« L’objectif des Golden Afro Artistic Awards est de donner de la visibilité à des artistes afro-descendants qui en manquent cruellement. Ce concours s’inscrit dans la même philosophie », commente Nel Tsopo, créateur de ces Awards et du magazine Brukmer.

Laura Nsengiyumva

Art, culture et décolonisation

« Cette édition met en avant, entre autres, le poids de l’héritage historique et les formes artistiques que peut prendre la décolonisation. ​ L’artiste dépasse la mémoire collective en réinventant un imaginaire qu’il partage », explique Nel Tsopo, directeur de la cérémonie. ​

Récompensé dans la catégorie Danse: Hendrickx Ntela

Parmi les artistes récompensés, on retrouver la première enseignante africaine de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, Clémentine M. Faïk-Nzuji, l’artiste gantois d’origine camerounaise Pascale Marthine Tayou, la chanteuse et musicienne Lubiana, l’artiviste Laura Nsengiyumva (membre du groupe de travail pour la décolonisation de l’espace public ayant fondu une statue de Léopold II). ​ Les arts numériques seront également mis en valeur avec Laurent Mbaah, dont le thème de ses travaux actuel est : « l’utopie décoloniale africaine ».
A leurs côtés encore, la styliste Blandine Kasongonda, le cinéaste Nganji Mutiri, la danseuse de krump Hendrickx Ntela et ​ le promoteur culturel Erdman Doumbe complètent le palmarès.

La musicienne et interprète Lubiana

Laurent Mbaah – artiste passé maître dans les arts numériques

Award d’honneur à la Professeure Clémentine M. Faïk-nzuji

La littérature à l’honneur aussi ce soir grâce à l’award d’honneur remis à l’écrivaine et poète d’origine congolaise, Clémentine M. Faïk-Nzuji, la première enseignante africaine de l’ULouvain. Philologue, ethnolinguiste, symbologiste, chercheure en langues et cultures fondamentales d’Afrique noire, Professeure Émérite, elle est l’auteure de dizaines de recherches et articles, de plus d’une vingtaine de livres.

C’est à Clémentine M. Faïk-Nzuji  que l’on doit d’avoir fondé en 1986, le centre international des langues, littératures et traditions d’Afrique au service du développement (CILTADE) qu’elle dirige avec d’autres écrivains jusqu’en 2016.

Professeure Clémentine M. Faïk-Nzuji

CLémentine Faïk-Nzuji Madiya est née à Tshofa le 21 janvier 1944 dans la province du Kasaï-Oriental, en République démocratique du Congo.  Après des études à l’institut religieux du Sacré-Cœur, puis à l’École normale moyenne de Kinshasa, elle obtient  au début des années 60, une licence en philologie africaine de l’Université nationale du Zaïre et commence sa carrière de poétesse.

« Durant 26 ans d’enseignement à l’UCLouvain, je n’ai jamais eu de collègue africain »

De 1964 à 1966, elle dirigera le « cercle culturel de la Pléiade » à l’Université Lovanium. Son amour pour la poésie l’amène, en 1969, au Festival de Dakar où elle remporte le premier prix du concours de poésie Léopold Sédar Senghor. Elle poursuivra ensuite des études à la Sorbonne Paris III et devint Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines. Elle enseigne les littératures orales et la stylistique africaines, d’abord à l’Université Nationale du Zaïre de 1972 à 1978, puis à l’Université de Niamey. Depuis 1981, elle enseigne la linguistique, les littératures orales et les cultures africaines à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique.

Durant vingt ans, de 1986 à 2016, elle mettra en place et dirigera le Centre international des langues, littératures et traditions d’Afrique au service du développement. Elle y a poursuivi ses recherches dans les domaines de la linguistique bantu générale, et dans ceux de la symbologie, des tatouages et des scarifications.

Un second Award d’honneur sera remis dans la catégorie Arts plastiques, cette fois, à Pascale Marthine Tayou. Subversif et décalé, Pascale Marthine Tayou ajoutait déjà au tout début de sa carrière un « e » à ses deux prénoms pour donner une fin féminine, s’éloignant ainsi ironiquement de l’importance de la paternité artistique et des différences homme/femme.

Pascale-Marthine-Tayou.

Artiste émergent soumis au vote du public

Cette année, le jury est composé du metteur en scène Fabrice Murgia, de l’artiste plasticien Aimé Mpané, du metteur en scène et promoteur culturel Thomas Prédour, et  de la programmatrice artistique au Bozar  de l’Afropolitain Festival Ayoko Mensah. Et c’est à la Ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, aussi ancienne membre du jury, que reviendra l’honneur de remettre les prix.

Nganji Mutiri

Le promoteur culturel Erdman Doumbe.

Cette année,  en outre, les votes ont été ouverts au public afin de récompenser l’artiste émergent de l’année. 90 artistes ont postulé, 10 ont été retenus pour la phase finale qui les soumet au vote du public. Le nom du gagnant sera connu  ce soir Il se verra offrir la production d’un EP, la réalisation d’un clip vidéo et un accompagnement artistique.