SOCIETE

Agressions sexuelles dans le sport : en Belgique aussi …

Suite à une enquête révélée ce lundi, la franchise des Thorns et Timbers de Portland a annoncé ce mercredi avoir démis de leurs fonctions deux de ses dirigeants, Gavin Wilkinson, et le directeur commercial, Mike Golub,  après les révélations d'abus et d’agressions sexuels « systémiques » dans le football féminin américain dont ont été victimes plusieurs joueuses, dont certaines issues de l'équipe nationale. Des abstentions coupables en interne sont aussi reprochées. Publié le 15 juillet 2021, un rapport accablant du même ordre pointait des manquements, cette fois, au sein de la Fédération américaine de gymnastique. Même si les victimes brisent de plus en plus les chaînes du silence et de la soumission au « pouvoir » de l’entraîneur agitant le spectre de la carrière à « briser », les chiffres font froid dans le dos. Toutes les disciplines sportives sont touchées et la Belgique n’est pas épargnée. Selon une récente étude, huit adultes sur 10 ont subi des violences au cours de leur pratique sportive étant enfant. Mais, sur proposition de la députée Stéphanie Cortisse (MR), la ministre francophone des Sports, Valérie Glatigny, fait bouger les lignes pour renforcer la sensibilisation et la lutte contre le harcèlement en milieu sportif.

Terrain propice aux abus, l’espace sportif n’est pas épargné par les scandales sexuels. Cette dernière enquête américaine a été diligentée il y a un an par Parlow Cone, alors entraîneuse des Thorns et désormais présidente de la Fédération américaine de football, dans le sillage d'accusations d'agressions sexuelles portées par deux joueuses à l'endroit de l'entraîneur anglais Paul Riley.
Le rapport de 172 pages, établi par l'ancienne procureure générale des États-Unis, Sally Yates, et le cabinet d'avocats King & Spalding, comprend des entretiens avec plus de 200 joueuses de la Ligue nord-américaine (NWSL) et décrit en détail les abus commis par plusieurs entraîneurs, la manipulation, les brimades et les représailles exercées à l’encontre de joueuses. Des faits qui incluent « des commentaires à connotation sexuelle, des avances, des attouchements non désirés et des rapports sexuels forcés » au sein du championnat professionnel et même au-delà, dans des structures dédiées aux jeunes.

Des négligences coupables

Le rapport met aussi en évidence le manque de réaction de nombreux acteurs. L'enquête accuse Gavin Wilkinson d'avoir dissimulé les accusations d'abus sexuel formulées à l'encontre de l'ancien entraîneur de l'équipe féminine de Portland, Paul Riley. Dans un courriel envoyé en septembre 2015, la joueuse des Thorns, Mana Shim, l'avait alerté ainsi que Merritt Paulson, des abus à répétition qu'elle subissait de sa part. Mike Golub est quant à lui accusé de mauvaise conduite. Selon l'enquête, il aurait demandé en 2013 à l’entraîneuse Cindy Parlow Cone « la liste de choses à faire avant de coucher avec (elle) »

Des chiffres qui interpellent

Ce sont des statistiques dont on peine à prendre la pleine mesure, mais selon une vaste étude néerlandaise parue en 2015 et menée auprès de 4000 sportifs en Belgique et aux Pays-Bas, 14% d'entre eux ont subi une forme de violence sexuelle avant l'âge de 18 ans, ce qui représente un sportif sur sept.
Cette proportion s'aggrave chez les minorités ethniques, les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles et surtout, les athlètes de niveau international, où près de 30% sont concernés par des violences sexuelles avant l'âge adulte. Il s'agirait de la première étude solide parue dans ce domaine. Parmi les facteurs qui facilitent de tels actes dans le monde du sport, les chercheurs pointent du doigt le pouvoir de l'entraîneur, l'habitude de la souffrance pour les athlètes de haut niveau, la culture de l'obéissance, les rêves de gloire ou la pression parentale.

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