Le 15 octobre dernier, Lola, une collégienne de 12 ans, est retrouvée morte dans une malle dans le XIXème arrondissement de Paris. Sans antécédents judiciaires, Dahbia B. (24 ans), la principale suspecte a été mise en examen « meurtre sur mineur de 15 ans » et « viol avec torture et actes de barbarie » et placée en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Les premiers éléments de l’enquête sur ce meurtre sordide laissent apparaître une personnalité au parcours de vie chaotique marqué par la marginalisation et la violence. Les déclarations de la suspecte, lors de sa garde à vue glacent le sang. Pendant l’instruction, plusieurs expertises psychiatriques seront réalisées pour déterminer si Dahbia B. est atteinte de troubles psychiques et si, le cas échéant, son discernement a pu être altéré ou aboli lors de son passage à l’acte, ce qui permettrait à son avocat, Alexandre Silva, de plaider l’irresponsabilité pénale. L’affaire demeure toutefois exceptionnelle à plus d’un titre. Une chose est d’ores et déjà acquise : minoritaire dans les statistiques pénales, en matière criminelle, les femmes tuent différemment des hommes et avec plus de machiavélisme.
Née en Algérie en 1998, Dahbia B. est arrivée en France en 2016 légalement, avec un titre de séjour d’étudiant. Deux ans plus tard, en 2018, elle est victime de violences conjugales. C’est ainsi qu’elle se fait connaître des services de police. Interpellée le 21 août dernier dans un aéroport français pour défaut de titre de séjour, elle se voit délivrer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Comme elle n’a aucun antécédent judiciaire, elle n’est pas placée dans un centre de rétention administrative, mais laissée libre avec un délai de trente jours pour regagner l’Algérie. Sans emploi ni ressources, elle est hébergée de temps en temps chez sa sœur, qui réside dans le même immeuble que la famille de Lola.
Dahbia B. n’aurait montré aucune empathie.
Selon les premières vérifications, elle n’est connue d’aucun des hôpitaux psychiatriques d’Ile-de-France. Dans cette affaire, le mobile sera peut-être la clé du passage à l’acte, mais l’expertise psychiatrique pourrait donner un caractère encore plus exceptionnel aux faits, rares dans l’histoire des faits divers en France.
Dahbia B. a expliqué aux enquêteurs qu’elle aurait attiré la petite Lola dans l’appartement de sa sœur, situé dans le même immeuble que celui de la famille de Lola. Elle aurait ensuite demandé à l’enfant de prendre une douche avant de l’abuser sexuellement. Elle aurait ensuite bâillonné le visage de la collégienne avec du scotch, ce qui a provoqué sa mort par asphyxie, selon l’autopsie. Les violents coups de ciseaux portés à l’épaule et à la gorge de la petite Lola seraient survenus post mortem.
La suspecte ajoute également qu’elle aurait bu le sang de sa victime, après l’avoir mis dans une bouteille. La femme aurait ensuite mis Lola dans une valise avant de la déposer dans la cour de l’immeuble. C’est un SDF qui a fait la macabre découverte.
Durant son interrogatoire, Dahbia B. n’aurait montré aucune empathie. « Cela ne me fait ni chaud, ni froid », aurait-elle répondu aux enquêteurs lui présentant des clichés du corps de Lola. « Moi aussi, je me suis fait violer et j’ai vu mes parents mourir devant moi ». Plus tard, au cours de sa garde à vue, elle se serait ensuite rétractée, clamant son innocence.
Les enquêteurs étudient la piste des représailles après une altercation entre la meurtrière présumée et la mère de Lola. La maman de l’adolescente aurait refusé de lui accorder un badge d’accès pour l’immeuble.
Mais ce potentiel mobile est vu comme futile, en raison des nombreux sévices infligés à Lola. La facilité inouïe dans le passage à l’acte, et avec une telle extrémité pour un motif aussi vain laisse plutôt présupposer une possible schizophrénie chez la principale suspecte. Le mode opératoire fait aussi augmenter le caractère exceptionnel de l’acte posé par cette femme.
Les hommes et les femmes ont des manières différentes de tuer leurs victimes. La recherche s’intéresse de près à cette spécificité du crime, un constat qui peut permettre de mieux orienter une enquête criminelle. Selon plusieurs études américaines, il apparaît que les tueurs masculins ont plutôt tendance à « chasser » des victimes qu’ils ne connaissent pas, alors que les tueuses se concentrent davantage sur des victimes qu’elles connaissent, ne serait-ce qu’un peu.
Les criminels masculins seraient animés par la prédation sexuelle et la domination. Dans l’esprit de la femme qui tue, il y a très souvent des « justifications » plus larges telles que la vengeance, la colère, la recherche d’attention ou le traumatisme.
Dans l’ensemble, les hommes commettent des crimes plus violents et se montrent plus agressifs que leurs homologues féminins. Étant physiquement plus forts que les femmes, les tueurs masculins laissent derrière eux des scènes de crimes plus brutales. À l’inverse, les tueuses se montrent généralement plus discrètes. Elles préfèrent utiliser l’empoisonnement, la noyade ou la suffocation. Elles sont cependant plus machiavéliques d’un point de vue organisationnel.
Dahbia B. connaissait Lola. L’enfant est morte asphyxiée et la mise en scène est machiavélique, tant dans le déroulé de la scène de crime que dans la manière de se débarrasser du corps. En revanche, dans la littérature criminelle, les femmes sont moins violentes que les hommes et un viol suivi d’un meurtre existe essentiellement chez les hommes, ce qui rend cette affaire exceptionnelle. Il appartiendra aux experts psychiatriques désignés dans le cadre de l’instruction d’apporter un éclairage utile sur les méandres de son esprit.
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