STRATEGIE INTERNATIONALE

Turquie: le président Erdogan envisage de rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghaï

Le président turc Erdogan joue sur deux tableaux en voulant rester dans l'Otan tout en adhérant à une grande alliance asiatique avec la Russie et la Chine. AFP

Le président Tayyip Erdogan a déclaré qu’il visait l’adhésion à l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) pour la Turquie dès 2023. Il a fait part de son intention lors du sommet de l’organisation qui s’est tenu en septembre à Samarcande en Ouzbékistan. Au sein de l’OCS, on retrouve huit pays dont notamment la Chine, la Russie, l’Inde et le Pakistan. Pour le président turc, ce souhait d’une adhésion à l’OCS ne remet pas en cause la présence de la Turquie au sein de l’Otan.

La déclaration instituant l’ l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) a été signée à Shanghai en juin 2001 par six Etats (la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Chine, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan). Depuis lors, l’Inde et le Pakistan ont rejoint l’organisation et sont membres à part entière. Les Etats observateurs sont l’Afghanistan, la Biélorussie, l’Iran et la Mongolie. On y retrouve aussi des partenaires de dialogue que sont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Sri Lanka et la Turquie. Le sommet de l’OCS à Douchanbé en septembre 2021 a lancé la procédure d’admission de l’Iran dans l’organisation. Cette année, la Biélorussie a officiellement demandé à rejoindre l’OCS en tant que membre à part entière.

Maintenant, nous allons travailler dans ce sens. C’est notre objectif. Nos relations avec ces pays seront déplacées vers une position bien différente avec cette étape.

Une stratégie inattendue du président Erdogan

La Turquie cherche à adhérer à l’OCS dirigée par la Chine, alors que le président Recep Tayyip Erdogan tente de forger des alliances avec des pays amis de l’Est. Il a fait cette annonce de rejoindre l’OCS après avoir rencontré plusieurs autres présidents au sommet de l’OCS en Ouzbékistan en septembre, où il s’est entretenu avec des dirigeants tels que le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine. Une candidature réussie ferait de la Turquie le premier membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) à rejoindre cette grande alliance asiatique. La Turquie est affiliée à l’OCS depuis 2013, date à laquelle elle a signé un accord de partenariat. L’adhésion à part entière au bloc donnerait à président Erdogan un nouvel effet de levier contre l’Occident et la perspective de liens économiques plus solides, alors que le gouvernement tente de stabiliser une économie en difficulté avant les élections de l’année prochaine. Le président turc entrevoit cette adhésion dès 2023. L’OCS compte huit pays. « Maintenant, nous allons travailler dans ce sens. C’est notre objectif. Nos relations avec ces pays seront déplacées vers une position bien différente avec cette étape», a-t-il déclaré.

La stratégie de la Turquie est tant géostratégique qu’énergétique. Ankara a pour objectif de démarrer l’exploitation de la centrale nucléaire d’Akkuyu en 2023, année d’élections présidentielles et législatives. Le chantier de la construction de ce premier réacteur nucléaire est confié au fournisseur russe, Rosatom. Il s’agit d’un réacteur nucléaire à eau pressurisée type VVER, d’une puissance unitaire de 1.200 MW. Le chantier représente un contrat global de 20 milliards de dollars pour quatre réacteurs. La centrale devrait produire jusqu’à 10 % de l’électricité de la Turquie une fois que les quatre réacteurs seront en service.

Hamid Chriet, éditorialiste L-Post