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Le réchauffement climatique pourrait faire exploser les cas de malaria

Copyright : les moustiques du paludisme se propagent à des températures élevées - AFP

ContiPharma, fondée en 2015 et basée à Liège, est l’une des plus importantes plateformes logistiques de distribution de produits de santé en Europe. Son core business : développer et commercialiser des solutions médicales adaptées apportant des réponses concrètes à des problématiques de santé publique non résolues, notamment en matière de médicaments en pénurie ou inaccessibles en raison de leur prix. Partenaire de l’ULiège pour la distribution internationale du test PCR salivaire pour le dépistage de la Covid-19, l’entreprise se donne un nouveau challenge : proposer des solutions de testing non invasif et sur mesure pour le diagnostic de diverse maladies, dont la malaria. Et le contexte climatique le justifie. Plusieurs études suggèrent que des températures plus élevées provoquent une propagation du paludisme à des niveaux plus élevées. Le réchauffement climatique pourrait ainsi, à l’avenir, entraîner des millions de cas supplémentaires dans certaines régions du monde.

La malaria est une maladie causée par des parasites du genre Plasmodium inoculés à l’homme par une piqûre de moustiques Anopheles femelles infectés après avoir piqué un humain impaludé. Elle constitue l’une des maladies infectieuses les plus problématiques au monde, avec plus de 241 millions de cas et 627.000 décès en 2021, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 70% de la charge mondiale du paludisme est concentrée dans 11 pays, dont 10 en Afrique sub-saharienne.
C’est le continent le plus touché, recensant 96% des cas. Les enfants de moins de cinq ans en sont les premières victimes. La malaria représente 7,8% des causes de décès.

Un risque accru

Les régions en haute altitude ont traditionnellement fourni des havres de paix pour cette maladie dévastatrice. En effet, le parasite du paludisme comme le moustique qui le transporte luttent pour faire face à l’air plus frais. Ce pourquoi historiquement les habitants de certaines régions d’Afrique se sont installés dans ces régions plus élevées.

Mais les scientifiques ont découvert que la maladie est nouvellement entrée dans ces régions qui étaient auparavant exemptes de paludisme. La raison ? Ces zones hautement peuplées connaissent depuis quelques années des records de températures. Or, selon les chercheurs, une augmentation de 1°C de la température dans certaines régions pourrait entraîner trois millions de cas supplémentaires par an en moins de quinze ans.

Le docteur Jean-Jacques Muyembe est un microbiologiste congolais, notamment connu pour être l’un des codécouvreurs du virus Ebola en 1976. Il est le directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale de la République démocratique du Congo, mais aussi, président du conseil scientifique mis sur pied autour du projet de test salivaire rapide de ContiPharma.
Il nous confirme : « Historiquement, l’Afrique concentre de nombreuses épidémies de par le fait que nous avons une végétation très dense et un climat très chaud. cela favorise donc le développement de vecteur de maladies infectieuses et parasitaires. On est en outre, dans une période de réchauffement climatique. D’autres zones du monde pourraient être touchées et même l’Europe. Nous considérons donc l’Afrique, et la RDC en particulier, comme un terrain très intéressant du point de vue des études ».

 Un projet de test salivaire non invasif

En outre, « dans la culture africaine, le sang, c’est quelque chose de précieux. Partant, prélever le sang chez un individu n’est pas facilement accepté. Nous pensons donc qu’avec un test salivaire, la prise en charge sera meilleure, ce pourquoi j’ai accepté de participer à ce projet de test salivaire non invasif en développement chez ContiPharma ».
Et Bernard Delhez, CEO de ContiPharma, de nous préciser : « depuis notre création, notre volonté a toujours été de proposer des médicaments génériques de qualité, à coûts inférieurs et avec la volonté de soigner un maximum de personnes. Cette volonté se poursuit dans ce nouveau projet à l’étude. L’Afrique est aussi une opportunité de marché avec un continent pharmaceutique quasiment vierge. Ce test salivaire pourrait en outre effectivement trouver des applications en Europe à cause du réchauffement de la planète. Trois maladies dues aux moustiques arrivent déjà sous nos latitudes. Les possibilités de contaminations sont donc grandissantes à travers le moustique ».