INONDATIONS

“Les victimes désespèrent que les politiques assument leurs responsabilités”

D.SERVAIS

Christian Libens fait partie de ses milliers de victimes des inondations qui ont frappé la Wallonie en juillet 2021. Originaire de Nessonvaux, près de Trooz, en bordure de Vesdre, l'auteur liégeois qui a migré depuis lors dans une autre province, se livre comme d'autres, dans l'ouvrage "Toujours l'eau", sorti tout récemment et signé Caroline Lamarche en collaboration avec la photographe Françoise Deprez. Lors de ces jours graves, l’homme a tout perdu, « les souvenirs de toute une vie », confie-t-il. Depuis, un an et demi après, le sexagénaire se reconstruit ailleurs non sans garder une certaine colère et de l'amertume sur la tournure des choses, la gestion de ces inondations d'exception, pendant et après la catastrophe. La résilience est en marche mais le véritable deuil, selon lui, ne pourra se faire que si nos politiques prennent enfin leurs responsabilités. Rencontre entre souvenirs, émotion et colère.

L-Post : Quelle image gardez-vous en tête de cette nuit du 14 juillet 2021 ? Comment avez-vous vécu les choses ? Quels souvenirs conservez-vous en mémoire ?

L’image, le sentiment majeur, c’est une incrédulité. Je suis entré dans cette maison à l’âge de 5 ans. Je ne l’ai jamais quittée et nous n’avions jamais eu une goutte d’eau, même pas dans la cav jusqu'à cette nuit-là. Le jour du drame, je travaillais dans mon bureau de cette maison de famille où je disposais d’une riche bibliothèque, mes archives littéraires, 12 000 livres, des ouvrages précieux aussi, des souvenirs de toute une vie et j’ai tout perdu. C’était ma maison familiale. Donc, je travaillais lorsque ma voisine est venue me dire « l’eau monte, tu devrais bouger ta voiture ». Je n’y croyais pas. Je me suis exécuté, en revenant, j’avais déjà de l’eau qui arrivait aux cuisses. Tout le monde a été pris de court, sinon, évidemment, nous aurions évacué. J’ai juste eu le temps de monter à l’étage en emportant deux bouteilles d’eau et quelques galettes. Quelques minutes plus tard, la route nationale s’est transformée en torrent boueux et mazouté d’une odeur incroyable. Je me suis dit c’est unique dans la vie de la vallée. J'ai ressenti le danger.

Nous vivons en fait dans un pays qui dispose d’un équipement de protection de sa population digne d’une république bananière.

 

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