LITTERATURE

Zoé Derleyn remporte le Prix Marcel Thiry avec son premier roman “Debout dans l’eau”


La 22ème édition du Prix Marcel Thiry  était consacrée aux romans et recueils de nouvelles. Et ce Prix littéraire 2022 a été décerné à Zoé Derleyn pour son roman Debout dans l’eau, paru aux éditions du Rouergue. Lancé en 2000, le prix littéraire Marcel Thiry rend hommage à la mémoire du poète et écrivain liégeois disparu en 1977 qui fut aussi secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, et militant wallon.  Ce prix littéraire annuel récompense alternativement une oeuvre poétique et une oeuvre romanesque. Debout dans l’eau de Zoé Derleyn a été retenu par le jury parmi 80 autres candidats. Impressionnant de sobriété et de maîtrise, ce roman interroge avec subtilité et un vocabulaire parfaitement choisi, la manière dont se construit une filiation.

Depuis l’an 2000, la Ville de Liège, à l’initiative de l’Échevinat de la Culture, organise le Prix littéraire Marcel Thiry pour honorer la mémoire du poète et écrivain liégeois disparu en 1977. Ce prix récompense un auteur belge, alternativement pour une œuvre poétique et pour une œuvre de fiction en prose (roman ou recueil de nouvelles). Ouvert gratuitement aux auteurs belges ou résidants en Belgique qui n’ont jamais remporté le prix précédemment. Les œuvres présentées doivent être récentes et, au préalable, éditées. Le jury est composé de 10 membres désignés par le Collège échevinal et est doté de 2 500 euros.

Un premier roman fort

Et c’est à Debout dans l’eau, signé Zoé Derleyn, paru aux éditions du Rouergue, que ce prestigieux prix littéraire sera remis le 3 décembre prochain au Grand Curtius. Il a été retenu parmi 80 autres œuvres originales dont 13 pré-sélections et 5 sélections retenues pour la délibération finale:

– Daniel Adam pour  son roman Où dans le ciel ?, édité chez Le Cerisier.
– Ariane le Fort, Quand les gens dorment, édité chez Onlit.
– Marc Meganck, Le Jour où mon père n’a plus eu le dernier mot, édité chez Deville.
– Sophie Weverbergh, Précipitations, édité chez Verticales.
– Zoé Derleyn, Debout dans l’eau, édité chez du Rouergue

Un roman bref, un auteur à suivre

Le pitch : La narratrice est une enfant de onze ans, vit chez ses grands-parents, dans le Brabant flamand. Sa mère l’a abandonnée des années auparavant. C’est l’été dans cette vaste maison bordée d’un étang et d’un magnifique jardin. Le grand-père est en train de mourir dans une des chambres à l’étage, visité chaque jour par une infirmière. Cet homme autoritaire, distant, intimidant, est l’ombre manquante dans le jardin, espace de prédilection où sa petite-fille l’assistait dans ses occupations. Alors que la mort approche, autour de la fillette prennent place les différents protagonistes de ce lieu où la nature est souveraine : ses grands-parents, bien sûr, les trois chiens, un jeune homme qui s’occupe des gros travaux, une baleine qui un jour a surgi dans l’étang. Elle rêve aussi d’un ailleurs qui pourrait être l’Alaska, la mer des Sargasses ou les Adirondacks.

On retrouve ici tout ce qui séduit quand on se lance dans la lecture d’un premier roman. Il y a d’abord un style, impeccable ou presque, de la sensibilité, de la poésie et de l’émerveillement mais aussi des doutes et des peurs, des arrivées et des départs. Debout dans l’eau vous plonge en pleine nature, au coeur d’une famille pas tout à fait comme les autres, quoi que, qu’en sait-on?
L’auteur y aborde encore la mort, mais rêve aussi la vie, comme cette petite fille qui rêve sa vie, celle qu’on rêve parfois d’avoir quand on sera grande, celle que l’on a conscience que l’on ne vivra jamais. Comme on rêve une réalité qui se consume.

Zoe Derleyn subtile et sobre, dans une langue belle aborde également la famille, les liens du sang contre lesquels on ne peut rien et qui sont tout, malgré nous, malgré tout. Ce roman court nous invite à l’introspection sans trop se prendre la tête, à devenir cette jeune héroïne qui deviendra peut-être une amie, au fil des pages. Une gamine que l’on aurait envie de suivre, de protéger parfois mais d’écouter et donc de lire, surtout.
Un roman poétique sans sensiblerie aucune, une découverte comme on les aime.

La remise officielle du prix, en présence de l’Échevin de la Culture et de l’Interculturalité, aura lieu au Grand Curtius, Féronstrée 136 à 4000 Liège, le samedi 3 décembre à 12h, dans le cadre du salon des petits éditeurs Les fugueurs du livre.

A noter encore qu’une rencontre littéraire « Enlivrez-vous » aura lieu ce vendredi 25 novembre à 18h, dans l’auditorium du Grand Curtius en présence des 5 finalistes du prix Marcel Thiry 2022.