POLITIQUE INTERNATIONALE

Opinion: l’Ouzbékistan, une plateforme internationale de dialogue et de coopération

Les forces de sécurité talibanes bloquent une route après un attentat-suicide près du ministère afghan des Affaires étrangères sur la place Zanbaq à Kaboul le 11 janvier 2023. AFP

Dans les années à venir, l’Ouzbékistan pourrait devenir l’un des centres de la politique régionale d’Asie Centrale. Cette région stratégique du globe concentre non seulement de nombreuses tensions et crises comme celle en Afghanistan, mais également les remous liés à la transformation d’un espace géopolitique longtemps sous emprise de la Russie. L’Europe doit y prêter d’urgence attention. 

L’Ouzbékistan a tout le potentiel pour devenir l’un des principaux pays de la région de l’Asie centrale. Membre de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), il en a assuré la présidence en 2022, cherchant à faire passer un certain nombre de messages. Voulant faire de Tachkent une plateforme de rencontres régionale et de dialogue mondiale, le pays multiplie les évènements de ce type, comme le sommet de l’Organisation des Etats turciques, et d’autres conférences internationales. Dernièrement, par exemple, la Conférence internationale a été organisée en novembre 2022 dans la capitale ouzbek par l’Unesco sur la protection de l’enfance et de la petite enfance.

L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) est un outil politique

Fondée en 2001 par la Russie, la Chine et les quatre pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et l’Ouzbékistan), l’OCS a un caractère essentiellement politique et économique. Elle s’est élargie au fur et à mesure avec l’arrivée de l’Inde et du Pakistan en 2016. Un des buts majeurs avoués de l’OCS était de répondre, avant tout, aux bouleversements géopolitiques de l’Asie Centrale lors de l’effondrement de l’URSS en 1990.

Au-delà de l’esprit de Shanghai, l’Ouzbékistan et les pays voisins se sont lancés dans des projets conjoints de coopération industrielle, de développement des infrastructures, de transport et d’énergie. Ensemble, ils contribuent à l’élaboration de positions communes sur les questions d’interconnexion commerciale, économique, de transport et environnementale régionale, ainsi que sur la résolution des problèmes intrarégionaux les plus aigus.

Coopération renforcée

Membre de l’Onu depuis 1992, l’Ouzbékistan coopère notamment avec le Fonds International de Développement Agricole des Nations unies mais aussi avec l’Unicef pour rejoindre les standards internationaux. Cinq sites ont été reconnus dans le pays par l’Unesco. Dans le cadre de l’Organisation des Etats Turciques dont la dernière édition s’est tenue à Samarcande à la fin 2022, l’Ouzbékistan et ses partenaires tucs, azéri, kazakh, et kirghize, ont signé une série de documents en matière de coopération dans le transport entre les Etats membres, la mise en place de corridors douaniers simplifiés et des accords sur les stratégies commerciales, mais aussi le projet de création d’un conseil de coopération des pays de langue turque.

L’Ouzbékistan est partisan d’une coopération internationale inclusive et participe également au développement du dialogue et de l’interaction dans les formats « Central Asia Plus ». Ainsi, ces dernières années, le pays a réussi à réhausser ses relations avec tous les États de la région à un niveau stratégique élevé et à créer une atmosphère entièrement nouvelle pour désenclaver l’Asie centrale et en faire un partenaire de choix pour l’Occident et notamment les Européens.

Sébastien BOUSSOIS

Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient  relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)