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Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Paris pour calmer le « jeu » ?

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou (à gauche sur la photo) et le président français, Emmanuel Macron (à droite). AFP

L’éternel « nouveau » Premier ministre israélien, choisi à la suite des élections législatives du 1er novembre dernier, Benjamin Netanyahou, a déjà essuyé les plâtres et dû faire face à sa première crise gouvernementale. Le membre du Shas, Aryé Dery, qui avait été désigné ministre de l’Intérieur, ministre de la Santé, et vice-Premier ministre, a été écarté de la coalition pour fraude fiscale, sous pression de la Cour suprême. Une coalition de droite, d’extrême-droite, d’ultra-orthodoxes et de nationalistes religieux inédite dirige le pays depuis les dernières élections. « Bibi » arrive à Paris, mais pourquoi faire ?

Le gouvernement, qui est au pouvoir dans l’Etat hébreu depuis quelques semaines, est en effet le plus à l’extrême-droite du paysage politique que le pays ait connu. Avec des personnages aussi sulfureux que Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité Nationale ; ou Betsalel Smotrich, ministre des Finances, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, alias « Bibi », arrive à Paris pour voir son « ami » Macron dans une configuration bien différente qu’il y a quelques années. Il doit justifier de son glissement radical ainsi que des propos et actes de ses nouveaux ministres. Betsalel Smotrich se revendique ouvertement comme un fasciste homophobe sans complexe.

L’attentat qui a fait 7 morts lors de shabbat, dans une synagogue près de Jérusalem-est, le 27 janvier dernier, faisait suite au raid de l’armée israélienne, la veille, dans le camp de Jénine et qui avait fait 9 morts du côté palestinien, faisant craindre une montée des tensions rapide et un engrenage de la violence dans le pays inédit depuis des mois.

Volet économique

Netanyahou a racheté sa place au paradis de la politique israélienne en se servant de l’extrême-droite, lequel a mis tant de temps pour atteindre les sommets et qui fera tout pour se maintenir, et sûrement même au-delà de Netanyahou. De quoi comptent parler « Bibi » et Macron lors de cette rencontre à l’Elysée ? Peuvent-ils faire comme si de rien n’était ?

Dimanche dernier, le président français appelait Israéliens et Palestiniens à éviter « des mesures susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence ». Cette rencontre à Paris, fait suite à la visite d’Anthony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, qui a rencontré en Israël, Benyamin Netanyahou et à Ramallah, Mahmoud Abbas, l’inoxydable président palestinien. C’est le second voyage de Netanyahou depuis son retour aux affaires après sa rencontre avec le roi Hussein à Amman en Jordanie. Un volet économique est prévu au voyage du Premier ministre israélien, mais sans plus de précisions à ce stade. Il sait pouvoir avoir toujours une écoute attentive de la communauté juive française, l’une des plus importantes d’Europe.

Sébastien BOUSSOIS

Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient  relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)