Depuis des mois, de nombreux experts en énergie interpellent le pouvoir politique et tentent d’informer le citoyen sur le danger d’une politique énergétique guidée exclusivement par l’idéologie et où manifestement la rationalité est totalement absente. Lors d’une interview commune sur une chaîne de TV francophone, quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, Samuel Cogolati, député fédéral Ecolo, déclarait « Aucune crainte à avoir au niveau de l’approvisionnement énergétique, notre gouvernement a tout prévu ». Depuis, il ne se passe pas un jour sans que notre ministre de l’énergie, Tinne Van der Straeten (Groen) ne répète : « Je ne fais que respecter l’accord de gouvernement ».
Nous sommes aujourd’hui en guerre
Dans une telle situation et face à la paupérisation progressive des citoyens, des petits commerces et de l’industrie, il est du devoir de notre gouvernement d’avoir une vue de politique énergétique à long terme basée sur l’analyse d’éléments rationnels.
Une population favorable au nucléaire
En matière énergétique, un de nos seuls leviers d’indépendance est la production d’électricité d’origine nucléaire (l’approvisionnement en uranium ne pose aucun problème); et plus de 90 % des citoyens (dernier sondage d’opinion) l’ont compris et demandent une « prolongation » des centrales nucléaires.
Dans le même temps, non seulement la majorité des pays d’Europe ont réorienté leur politique en matière d’électricité et veulent maintenir, agrandir ou créer un parc nucléaire, mais la Belgique, pionnière dans le domaine, vient de fermer 2 centrales de 1000 MW (ou 1 GW) et qui plus est, ces centrales ne sont pas les plus vieilles (un des arguments des verts étant depuis des années ces « vieilles casseroles »).
En matière énergétique, un de nos seuls leviers d’indépendance est la production d’électricité d’origine nucléaire.
La France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, la Suède, la Finlande, les Pays Baltes, la Hongrie, la Pologne,…ont clairement déclaré vouloir un mix énergétique avec une énergie nucléaire de base. Même la Suisse et l’Allemagne reculent dans leur chemin de sortie du nucléaire.
Le citoyen est perdu et ne comprend plus.
En quelques mois, on apprend que sur base d’études d’Elia, on n’aura aucun problème ; passons sur les étapes intermédiaires et les déclarations « politiquement correctes ». Aujourd’hui, les mêmes nous disent qu’on risque de manquer de 2 GW à l’horizon 2025, qu’il faudrait donc « prolonger » des réacteurs nucléaires et qu’une des raisons est que la France (produisant en régime 75% d’électricité grâce à des réacteurs nucléaires !) ne pourra pas nous approvisionner si nous manquons d’électricité.
La Belgique est non seulement pionnière dans le domaine nucléaire, mais son Centre de Recherche (SCK-CEN) à Mol est internationalement reconnu dans tous les domaines (énergie, médecine, …) dont la gestion des déchets.
La Belgique est non seulement pionnière dans le domaine nucléaire, mais son Centre de Recherche (SCK-CEN) à Mol est internationalement reconnu dans tous les domaines (énergie, médecine, …) dont la gestion des déchets. Une installation pilote MYRRHA, en cours de construction, vise à réduire la radiotoxicité des déchets d’un facteur 1000 et le volume d’un facteur 100. Par ailleurs sur les « fissures » (terme impropre, puisqu’il s’agit de bulles d’hydrogène dans le matériau de la cuve), deux ans d’étude par les meilleurs spécialistes dans le domaine (Mol est demandé dans le monde entier pour la surveillance des cuves) ont montré qu’il n’y a aucun problème pour ces réacteurs pour les 10, 20 ans à venir. Malheureusement les « opposants » au nucléaire et les medias ont continué leur travail de désinformation sur ce sujet parlant de danger de faire fonctionner ces réacteurs. Pensez-vous que les exploitants et les travailleurs sont assez fous pour mettre leur propre vie en danger ?
La Belgique, un pays hautement démocratique, a voté une loi en 2003 (20 ans déjà pour cet accord de gouvernement arc-en-ciel), obligeant à la fermeture des réacteurs nucléaires après 40 ans de fonctionnement. Puis en 2014, on décide de prolonger les 2 plus vieux (Doel 1 & 2) de 10 ans face au risque de pénurie d’électricité et aujourd’hui juste après la fermeture de 2 réacteurs qui ne posent aucun problème technique ou de sécurité, le gouvernement se repose des questions et va vers une prolongation…Comprenne qui pourra.
Abolir la loi de 2003 et, comme le prévoit le projet de loi Marghem – Wollants, permettre le fonctionnement de tous nos réacteurs dans des conditions de marché et de sécurité optimale.
Arrêter le processus de sortie du nucléaire
Il est donc temps d’arrêter ce processus. Trois actions importantes à entreprendre :
Les 4 saisons de Vivaldi impliquent que nous jouissions d’électricité notamment en été et en hiver ; si nous voulons des transports publics et privés « bas carbone », le nucléaire doit faire partie du mix énergétique. Arrêtons de tergiverser et tout cela n’a rien à voir avec une couleur ou une politique de gauche, de centre ou de droite.
C’est de l’avenir de nos enfants et petits-enfants qu’il s’agit.
Christian LEGRAIN
Vice-President European Nuclear Society (fonction exercée à titre gratuit – ENS rassemble plus de 13.000 experts, ingénieurs et scientifiques en Europe, voir https://www.euronuclear.org)
Ancien secrétaire général du centre de Mol (SCK-CEN)
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OK, c'est le moment d'insister en effet !
Dans un mix énergétique bien pensé, gardons la première place que mérite l'énergie nucléaire (fission) comme transition vers la fusion nucléaire plus prometteuse encore !
Il n'y a pire sourds que ceux qui ne veulent pas entendre. Au siècle dernier, ceux qui voulaient sortir du nucléaire étaient dans la crainte et l'ignorance, mais aujourd'hui ils savent que leurs craintes étaient injustifiées, mais ils ne veulent pas l'entendre.
Bravo ! J'approuve et le but et la manière. Si on n'abroge pas cette stupide loi de sortie du nucléaire, nous gagnerons le premier prix de l'idiotie !
C'était le texte principal que j'approuvais, mais j'approuve aussi le commentaire de Jacques M.