CONCURRENCE AUTOMOBILE

Auto : le chinois BYD veut dépasser Tesla et gagner le marché européen des voitures électriques

Sanjay Gopalakrishnan, vice-président senior des véhicules de tourisme électriques de BYD India, pose devant la voiture BYD Seal nouvellement lancée lors de l'Auto Expo 2023, à Greater Noida, le 11 janvier 2023. AFP

Les tensions politiques entre les Etats-Unis et la Chine sont plus importantes que jamais en mer de Chine, mais elles le sont aussi économiquement. La concurrence est féroce pour la première place du podium mondial même si Pékin montre clairement des signes d’essoufflement depuis quelques mois et, semblerait-il, risque de voir la fin durable de sa croissance à deux chiffres qui avait fait son ascension fulgurante et sa puissance. Deux constructeurs de véhicules électriques apparaissent comme les symboles de cette guerre économique : le chinois BYD et l’américain Tesla. Le premier veut dépasser le premier et est en passe d’atteindre l’objectif fixé…

Alors que dans le domaine de l’environnement, Washington et Pékin ne sont pas des parangons de vertus, nombre d’entreprises issues de ces deux pays cherchent à séduire un public croissant dans le monde de matériel électrique, à commencer par les automobilistes. L’industrie automobile a souvent rendu nombre de pays dans le monde très puissants : Etats-Unis, France, Japon, Corée du Sud en sont des exemples. Mais si la Chine avait raté le marché des véhicules thermiques, elle ne compte pas rater le coche cette fois-ci sur l’électrique.

Le marché des véhicules électriques est en train d’exploser en Chine, mais avant tout comme une première étape pour gagner les marchés européens. L’objectif est d’être crédible en interne avant de se frotter à l’international. Pour cela, une entreprise sort la tête des eaux chinoises pour s’attaquer au vieux continent : BYD, entreprise de Shenzhen à l’origine de la production de batteries et de semi-conducteurs, cherche à s’implanter en Europe pour y fabriquer ses voitures électriques, avec un concurrent en tête : l’américain Tesla d’Elon Musk. On parlait récemment de venir construire une première usine au sein de l’Union européenne, en France même, pour BYD. BYD est un acronyme non pas d’une expression chinoise mais de l’anglais pour « Build Your Dreams ». Tout est presque déjà dit.

Avantages compétitifs à BYD

L’entreprise a déjà présenté lors du dernier Mondial de l’automobile, sa berline 100% électrique vendue à 30.000 dollars en Chine et 38.000 dollars en Europe. Deux SUV sont déjà aussi en vente sur le marché européen. A ce jour, près de deux millions de véhicules ont été écoulés dans l’empire du milieu l’année dernière, mais c’est le marché international qui intéresse avant tout BYD aujourd’hui, car l’entreprise sait que l’Europe sera le leader sur le marché dans quelques années et le groupe chinois ambitionne de dépasser Tesla. Les immatriculations de véhicules électriques chinois explosent déjà dans des pays comme la Norvège, faisant un bond de 200% en un an : à côté de MG Motors, le marché est déjà hyper concurrentiel pour BYD, avec des entreprises chinoises comme Aiways, Xpeng Motors ou encore NIO qui vendent aussi de plus en plus en Europe.

BYD se rapproche de Tesla : l’entreprise chinois a vendu un total 911.410 véhicules électriques en 2022 (en hausse de 184% par rapport à 2021) dont 111.939 rien qu’en décembre. De son côté, Tesla a livré plus de 1,3 million l’année dernière. En Chine où la vente de véhicules électriques représente 60% du total (25% en Europe), la part de marché de Tesla est passée de 15% en 2020 à 10% en 2022. BYD affiche une part de marché de 30%. Le constructeur chinois dépasse largement Tesla sur son territoire et envisage désormais de faire de même en Europe. Sa stratégie passera notamment par le prix, mais le constructeur chinois a un autre avantage compétitif par rapport à son concurrent américain : il produit lui-même ses batteries et ses semi-conducteurs

Sébastien BOUSSOIS
Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient  relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)