A Birmingham, un néo-nazi qui avait fait sauter sa cuisine en préparant des explosifs, reconnu coupable de terrorisme
ROYAUME-UNI. Tous les apprentis terroristes ne sont pas des génies. Loin de là et heureusement. Une nouvelle preuve en a été donnée par Vaughn Dolphin, un étudiant de Birmingham qui professait une admiration sans borne pour le 3ème Reich et la haine des étrangers. Moins d’un an après son arrestation, et au terme d’un procès au cours duquel il n’a montré aucun regret, il vient d’être reconnu coupable de plusieurs infractions aux lois sur le terrorisme.
Stupide, mais plutôt fier de lui : après avoir fait exploser sa cuisine en « mitonnant » un mélange explosif, Vaughn Dolphin, un étudiant de vingt ans du comté des West Midlands (centre de l’Angleterre) s'était filmé avec un masque à gaz, entouré d'un étouffant nuage de fumée. Il s'était ensuite vanté d'avoir provoqué une « impressionnante boule de feu » dans une série de selfies, qu'il avait postés sur des forums de discussion d'extrême droite, en se plaignant : « Ah, cette saloperie de mélange s'est déclenchée prématurément, oh mon Dieu. La prochaine fois, je ferai ça dehors, mais bon, on vit et on apprend »
Mais il n’y a pas eu de « prochaine fois ». Quarante-huit heures après sa série de publications, le 27 juin 2022, la police anti-terroriste déboulait chez Dolphin qui accueillait les enquêteurs en lançant : « Je ne suis pas un terroriste, d'accord ? Je m'intéresse aux produits chimiques et aux souvenirs militaires, c'est tout ».
Manuels de Terrorisme et souvenirs nazis
Moins de douze mois plus tard, la Cour d'assises de Birmingham l’a pourtant reconnu coupable de deux chefs d'accusation de possession d'explosifs, de détention d'une arme à feu sans licence - une arme qu'il avait fabriquée à partir d'un morceau de tube métallique - ainsi que de plusieurs infractions liées au terrorisme.
C’est qu’en effet, en matière de « souvenirs militaires », les policiers n’ont pas été déçus. Au domicile de Dolphin, ils ont découvert une belle collection de guides pratiques portant sur la fabrication d'armes et d'explosifs artisanaux, ainsi que sur la meilleure manière de déclencher des incendies criminels. Le tout stocké sur une clé USB cryptée placée sur l'étagère de sa chambre à coucher.
Et ce n’est pas. En continuant à fureter, les enquêteurs ont mis la main sur des dizaines de documents à la gloire de la Waffen SS. A voir ses lectures, on comprend mieux d’où venait sa haine viscérale des étrangers.
Dans un groupe Telegram subtilement intitulé « Dieu, je hais les musulmans », il avait craché : « Ceux qui agissent comme des Blancs décents, je les laisserais faire. Mais les singes qui font du chimpanzé dans le Minnesota devraient être abattus ». Le tout signé « 1488 » - un signe de reconnaissance entre néo-nazis, « 14 » étant une référence à l’assassin antisémite David Lane et le double 8 symbolisant les lettres « H H» pour « Heil Hitler ».
Le nazisme, en tout cas, fascinait Dolphin : il s’était même fabriqué son propre gilet pare-balles, avec des plaques de métal rivetées, postant des images du vêtement dans lequel il glissait une plaque dans une poche au-dessus de son cœur, portant la double rune « SS ».
Dans sa collection on devait également trouver un « Sonnenrad » (sorte de roue solaire noire devenue un autre symbole néo-nazi parce que lié aux signes néopaïens dont Heinrich Himmler avait décoré le château de Wewelburg, destiné à l’élite des SS) et une « Totenkopf » - marque de reconnaissance de la troisième division de panzers de la Waffen SS.
Apologie de massacres suprémacistes
Aussi vantard que décérébré, Dolphin se répandait sur des forums extrémistes de la messagerie cryptée « Telegram » au sujet de sa marotte et évoquait, par exemple, la création d’un « canon » portatif et du mélange de poudre de sn invention qui devaient lui permettre de faire « quelque chose qui ferait rougir Ted Kaczynski », passé dans l’histoire comme le terroriste « Unabomber » qui fit trois morts et vingt-trois blessés au cours d’une campagne d’attentats de dix-huit ans.
A ceux qui le mettaient en garde, Dolphin répliquait être protégé parce qu'il avait crypté ses manuels de fabrication d'armes, d'explosifs et d'incendies criminels.
Il avait également partagé en ligne, du matériel d’apologie du terrorisme, entre autres une vidéo de l'attaque meurtrière du supermarché Tops à Buffalo, dans l'État de New York, au cours de laquelle 10 personnes ont été tuées par Peyton Gendron, un suprémaciste blanc âgé de 18 ans, en mai de l'année dernière. Enfin, il disposait également d'une copie de la vidéo de l'attentat à la bombe perpétré par Brenton Tarrant dans les mosquées néo-zélandaises de Christchurch, au cours duquel 51 personnes avaient été tuées en 2019 et s’apprêtait sans doute à la poster.
Ses petits camarades de discussion ont eu beau l’avertir qu'il risquait d'être arrêté par les « Feds » (la police) pour ses commentaires et les vidéos de ses désastreuses expériences, rien n’y fit. A ceux qui le mettaient en garde, Dolphin répliquait être protégé parce qu'il avait crypté ses manuels de fabrication d'armes, d'explosifs et d'incendies criminels, et qu'il pouvait prétendre que les ingrédients explosifs qu'il avait achetés étaient destinés à des fins de « jardinage ».
Depuis les confinements du Covid, l’ultra droite a recruté en masse, en Europe et aux Etats-Unis (...), elle est désormais considérée (...) l’une des menaces terroristes le plus importante
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