NUAGES SUR LA CANIDATURE DE JOE BIDEN

Hunter Biden, le talon d’Achille de son Président de père

Le président américain Joe Biden, avec son fils Hunter Biden (à droite), s'entretient avec le sergent-chef en chef Sonja Williams à son arrivée à la base de la Garde nationale aérienne de Hancock Field à Syracuse, New York, le 4 février 2023. AFP

Si parfois Joe Biden semble peiner à se mouvoir avec élégance et fluidité, ce n’est pas parce qu’il a une épine dans le pied. En revanche, le dossier de son fils, Hunter Biden, est véritablement son talon d’Achille depuis des années et l’affaire revient sur le devant de la scène à l’approche de l’échéance de la prochaine présidentielle en 2024. Elle pourrait même handicaper sérieusement l’actuel locataire de la Maison Blanche, au-delà de la question de ses 82 ans, tant elle prend de plus en plus d’ampleur.

Hunter Biden, né en 1970, est le second fils de Joe Biden. Avocat, homme d’affaires et artiste, il fait des vagues depuis deux ans, après que l’on ait retrouvé l’un de ses ordinateurs, révélant le côté sombre de ses activités en Ukraine. On y parle de drogue, de corruption, de sexe, et l’opposition républicaine a sauté sur le dossier depuis des mois pour essayer de déstabiliser le Président américain. De quoi est-il exactement question ? Il faut remonter à l’automne 2020, alors que nous sommes en pleine campagne présidentielle : Donald Trump est persuadé qu’il gagnera et qu’une défaite serait le fait d’une magouille venant des Démocrates. En octobre, sort un article dans le journal people New-York Post qui révèle pour la première fois un scandale à venir autour du fils de Joe Biden.

Tout part d’un ordinateur oublié

Le fils, Hunter Biden, aurait joué les entremetteurs avec son père, vice-Président à l’époque de Barack Obama, pour le présenter à des Ukrainiens travaillant chez Burisma, une entreprise d’énergie, en 2014. Au même moment, un procureur ukrainien enquêtait sur des zones d’ombres dans les activités de cette compagnie. Tout cela serait apparu dans un ordinateur de Hunter Biden, « oublié » chez un réparateur du Delaware et qu’a pu saisir le FBI en 2019. On bascule dans un film hollywoodien puisqu’une copie du disque aurait été transmise à Rudy Guliani, l’ancien maire de New York et grand proche de Donald Trump. Le tout fut transmis ensuite au New-York Post du magnat Rupert Murdoch.

Tout cela serait apparu dans un ordinateur de Hunter Biden, « oublié » chez un réparateur du Delaware et qu’a pu saisir le FBI en 2019.

A l’époque, après l’invasion de la Crimée par Moscou, Joe Biden demandait à Obama de réagir fermement, ce qui ne fut jamais vraiment fait. Dans le même temps, Hunter Biden entrait au conseil d’administration de la-dite entreprise, Burisma, soupçonnée de corruption massive par la justice ukrainienne.

A l’époque, l’Ukraine était sous pression pour qu’elle lutte avec détermination contre la corruption. Beaucoup de juges refusaient de s’impliquer. Joe Biden était lui-même à la manœuvre pour pousser Kiev à agir dans ce sens, pendant que son fils percevait de fameux salaires dans une entreprise suspecte. Il n’en fallait pas plus pour les Républicains américains pour sauter sur l’occasion d’ébranler Joe Biden. Mais à ce jour, rien ne permet d’avoir la confirmation que Joe Biden a vraiment rencontré les Ukrainiens de Burisma à l’époque.

Les Républicains à l’attaque

Le disque dur a continué de révéler pire encore pour le fils du Président : des vidéos de consommation de drogues de Hunter Biden ainsi que des « sextapes » compromettantes. Hunter Biden pourrait être condamné par la justice américaine, au moins pour fraude fiscale, mais rien de plus à ce stade. Aucune preuve de la rencontre et de l’influence qu’aurait exercé Hunter sur son père, et en tant que lobbyiste, rien qui n’empêche un quidam de travailler pour une entreprise donc aucune preuve à l’instant T ne permet de le condamner pour corruption.

Mais les Républicains savent où faire mal à Biden : l’attaquer sur sa famille, sur son intégrité pourrait suffire à le déstabiliser. Et accuser le fils d’avoir représenté une menace contre la sécurité nationale des Etats-Unis a déjà son petit effet. En attendant, Hunter Biden, probablement poussé par son père, qui n’a eu de cesse de le défendre depuis l’éclatement de l’affaire en 2019, cherche les bonnes armes pour se défendre en attendant que l’enquête avance.

L’affaire désormais du fils « maudit », le seul qui lui reste, est une épreuve de plus pour un homme qui a toujours mené sa carrière de façon intègre et avec droiture.

Jusque-là, il était resté relativement discret, mais il a décidé de passer à la contre-offensive juridique et médiatique. Probablement aussi depuis que son père a annoncé sa volonté de se représenter à la Maison Blanche en 2024 et face aux attaques qui risqueront de se multiplier. On sait, Ô combien la famille est un sujet sensible pour Joe Biden, qui rappelons-le, avait perdu sa femme et une fille dans un tragique accident de voiture en 1972. Un sujet qu’il évoque rarement. A l’occasion de cet accident, ses deux fils avaient été grièvement blessés, dont le fameux Hunter.

En 2015, c’est son fils ainé Beau, qui mourra d’un cancer. L’affaire désormais du fils « maudit », le seul qui lui reste, est une épreuve de plus pour un homme qui a toujours mené sa carrière de façon intègre et avec droiture. Ce serait bête de tomber pour un vilain petit canard qui a péché par inexpérience, incompétence et naïveté sur les personnes qu’il fréquentait, dans un secteur de l’énergie stratégique où tout le monde s’accorde à penser qu’il n’y connaissait absolument rien.

S.B.