Fonds Marianne : les trous de mémoire de Marlène Schiappa, la protégée du président Macron
Protégée d'Emmanuel Macron, Marlène Schiappa (à gauche sur la photo), ici avec le président, est soupçonnée de favoritisme dans l'attribution de l’enveloppe du « Fonds Marianne » dans le cadre d’une campagne anti-extrémisme. AFP Dans le tout-Paris médiatico-politique, on la surnomme « Calamity Marlène ». On lui prête « un culot monstre » et tant dans les couloirs de la Présidence de la République que dans ceux de la Première Ministre, on évoque « les Tuche du gouvernement »… A 40 ans, secrétaire d’Etat chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, Marlène Schiappa est, ces temps-ci, au cœur d’une affaire qui risque de lui coûter sa place dans le gouvernement actuellement mené par Elisabeth Borne, à moins qu’elle ne figure plus dans le prochain qui pourrait être annoncé dans la première quinzaine de juillet prochain. Elle aurait autorisé des subventions à plusieurs associations civiques, dont deux qui reçurent chacune plus de 300.000 euros. Les conditions d’attributions desdites subventions font débat. La commission d’enquête du Sénat soupçonne du favoritisme, voire du conflit d’intérêt, après que le Parquet National Financier (PNF) ait lancé une information judiciaire pour « détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d’intérêt ». Auditionnée au Sénat, la secrétaire d’Etat a expliqué ne pas se souvenir des éléments du dossier et rejeté, pour l’essentiel, la faute sur les membres de son cabinet.
La semaine passée, Marlène Schiappa a été auditionnée au Sénat par une commission d’enquête sur l’attribution de subventions par le Fonds Marianne, bénéficiant d’une enveloppe de 2,5 millions d’euros. Alors secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, pour perpétrer la mémoire de Samuel Paty, le professeur décapité le 16 octobre 2020 par un terroriste se revendiquant de l’islam, et contrer sur Internet la propagande islamiste, elle aurait donc autorisé des subventions à plusieurs associations civiques, dont deux qui reçurent chacune plus de 300.000 euros.
Trous de mémoire de Marlène Schiappa
Les conditions d’attributions desdites subventions, voilà ce qui fait débat : la commission d’enquête du Sénat soupçonne du favoritisme, voire du conflit d’intérêt, après que le Parquet National Financier (PNF) ait lancé une information judiciaire pour « détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d’intérêt ». Devant les sénateurs, la secrétaire d’Etat a expliqué ne pas se souvenir des éléments du dossier et rejeté, pour l’essentiel, la faute sur les membres de son cabinet. Le responsable d’une des deux associations mises en cause n’a, lui, pas hésité à charger Marlène Schiappa, l’accusant à mots couverts de mensonge… A l’Elysée tout comme à Matignon, on suit l’évolution de l’affaire avec la plus grande attention même si on tente de faire comme si la polémique était en stand by…
Récemment, en marge d’une réunion, la Première ministre Elisabeth Borne a pris à part Marlène Schiappa, et lui aurait dit : « Il ne me paraît pas nécessaire de te limoger, mais je ne te soutiens plus », ajoutant : « Au gouvernement, plus personne ne te suit »…
Il ne me paraît pas nécessaire de te limoger, mais je ne te soutiens plus.
Mais Marlène Schiappa est donc toujours secrétaire d’Etat. Parce qu’elle a le soutien plein et total du Président de la République, Emmanuel Macron. Celui-ci répète à nombre de ses visiteurs : « On ne touche pas à Marlène… On ne fait pas de vagues avec Marlène… » Sous le couvert de l’anonymat, des membres du gouvernement Borne confient que, depuis 2017 et sa charge ministérielle (droits des femmes, puis citoyenneté et, à présent, économie sociale et solidaire et vie associative), la secrétaire d’Etat se permet tout.
Adepte de la stratégie du cheval de Troie
Tout ça ne date pas d’aujourd’hui : elle avait ainsi pris la défense de Nicolas Hulot, le ministre de l’Environnement accusé de viol et agression sexuelle sur mineur, puis de Gérard Darmanin, l’actuel ministre de l’Intérieur accusé lui aussi de viol (la justice a prononcé un non-lieu en janvier 2023). Autre « haut fait » de la jeune femme : tout en étant membre du gouvernement, elle a participé à quelques émissions « politiques et citoyennes » avec le bateleur populiste Cyril Hanouna sur la chaîne tété C8. Adepte de la stratégie du « cheval de Troie », elle a alors justifié sa présence sur le petit écran par le besoin impérieux d’éducation.
AFP L’essayiste franco-algérien Mohamed Sifaoui attend son audition le 15 juin 2023 par une commission du Sénat français car il est soupçonné d’avoir bénéficié de favoritisme dans l’attribution du « Fonds Marianne » au profit de son association l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire/USEPPM. (AFP)
Ses détracteurs assurent, eux, qu’elle ne vit que « par et pour le buzz »… Et puis, au début de ce printemps, après que son cabinet lui ait conseillé de ne pas répondre à l’invitation de France 2 pour participer à l’émission « Fort Boyard », elle est apparue en couverture du magazine hot « Playboy », ce qui a provoqué une colère noire d’Elisabeth Borne qui, déjà, a envisagé le limogeage de Marlène Schiappa… Une fois encore, elle a été repêchée par le Président de la République…
Marlène Schiappa sur un siège éjectable ?
« Incontrôlable OVNI de la macronie » comme la définit le quotidien « Libération », Marlène Schiappa prend comme un malin plaisir à confirmer qu’elle est un personnage clivant. A 17 ans, fille d’un militant trotskiste, elle envisage, par rébellion, de s’engager dans la gendarmerie, mais au dernier moment, elle change d’avis. Plus tard, elle écrit sous pseudo des romans à caractère érotique et se fait connaître comme blogueuse, ce qui, après avoir été conseillère municipale (sans étiquette politique) au Mans, l’a conduite le 17 mai 2017 après l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République, au secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entres les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
Lors du prochain remaniement en juillet ou, au plus tard, en janvier 2024, aura-t-elle encore un portefeuille ministériel ? Dans les coulisses du monde politique et de la macronie, nombreux sont celles et ceux qui souhaitent la voir disparaître du paysage, alors qu’elle bénéficie du soutien d’Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte…
La vie sans ministère, elle la voit avec son nouveau compagnon, le président tatoué de la MGEN (Mutuelle générale de l’Education nationale). Elle la voit aussi chantant du Dalida dans des karaokés, et lâchant au fil du jour sa formule favorite : « Ça branle dans le manche »…
Serge Bressan (à Paris)
