Incroyable coup de théâtre : à 200 km de Moscou, les troupes de Wagner font demi-tour !
Après une journée d’incertitude qui a vu la tension monter crescendo en Russie, la crise entamée cette nuit lorsque les soldats du groupe Wagner sont entrés en rébellion, avant d’entamer une marche sur Moscou que rien ne semblait pouvoir arrêter, s’est terminée de la manière la plus inattendue. Vers 20h30 locales, Evgueni Prigojine a annoncé que ses troupes faisaient demi-tour et « regagneraient leur baraquements » à la suite d’une négociation menée non pas avec le chef d’état russe mais son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko. On ignore ce qui a été promis à Evgueni Prigogine mais la seule certitude, ce samedi soir est que l’humiliation est totale pour Vladimir Poutine et pour l’Etat qu’il prétendait, en début de matinée, vouloir défendre. Il serait donc étonnant que les choses en restent là. A quand le prochain épisode ?
Tôt ce matin, Evgueni Prigojine assurait vouloir obtenir le renvoi et le jugement du ministre de la défense et de son chef d’état-major et « mettre fin à la dictature de la bureaucratie ». Quelques heures plus tard, dans un discours solennel, Vladimir Poutine évoquait, lui, « les traîtres » qui mettaient en danger la vie et la sécurité » du peuple russe en raison de leurs ambitions personnelles, il évoquait un « coup d’Etat qui risquait de déclencher une guerre civile et il assurait, dans la foulée, que ceux qui étaient responsables de cette situation, seraient « traduits en justice ».
Quelles promesses derrière le revirement d’Evgueni Prigogine ?
Mais moins de douze plus tard, alors que les troupes de Wagner n’étaient plus qu’à 200 kilomètres de Moscou, Evgueni Prigojine, annonçait qu’il leur avait ordonné de faire demi-tour, pour « éviter un bain de sang » ! Que s’est-il passé durant ces douze heures ? Une médiation a eu lieu, par l’intermédiaire du président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Elle aurait duré toute la journée et abouti, dixit Prigojine à « une option absolument favorable et acceptable » qui comprendrait des garanties de sécurité pour les combattants de Wagner. Quelles options ? Quelles garanties ? On n’en saura pas plus, en tout cas dans l’immédiat. Et il serait vain de spéculer sur ce qui a été promis à Prigogine.
La seule question qui se pose est de savoir si ces promesses seront tenues, car l’humiliation a été terrible pour Vladimir Poutine et pour l’armée (dont il est le commandant en chef, comme il aime à le répéter). Car s’il est une certitude ce soir, c’est bien celle-là : le grand et seul vainqueur de cette journée où l’on a cru que la Russie pouvait sombrer dans la guerre civile, c’est bien Evgueni Prigogine. Et cela, c’est inacceptable pour le Kremlin.
Les cinq humiliations de Vladimir Poutine
Poutine, donc, a été humilié. Jusqu’à présent, Prigojine s’en prenait violement à l’entourage de Vladimir Poutine et à la direction de l’armée. Mais jamais au tzar lui-même. Aujourd’hui, ce tabou a été brisé. Devant le peuple russe et au vu du monde entier. Difficile à pardonner.
Et Poutine, aujourd’hui, n’a pas été humilié une seule fois, mais à quatre reprises.
Première humiliation : l’incapacité des services de renseignement russes à prévoir (et à prévenir) l’offensive du groupe Wagner. Les rodomontades et autres coups de gueule d’Evgueni Prigojine sont pourtant connus. De longue date, il s’est fait le critique le plus féroce des dirigeants de l’armée russe (le ministre Choïgu et son Chef d’état-major, pour l’essentiel), les accusant d’incompétence et leur reprochant de ne pas lui livrer assez d’armes.
Pourtant personne, apparemment, au FSB ou au GRU (renseignement militaire) n’avait prévu qu’il pourrait passer de la parole aux actes et déclencher une mutinerie voire un putsch. Or les services de renseignement rendent compte directement à Vladimir Poutine et leurs chefs sont des proches du chef de l’Etat. Une fois de plus, ils ont failli. Comme lors de préparation de la guerre. Comme si les leçons des débuts de la guerre en Ukraine n’avaient pas été apprises. Première gifle pour Poutine.
Deuxième humiliation : la facilité avec laquelle les hommes de Wagner sont passé d’Ukraine en Russie et ont pris le contrôle de Rostov-sur-le-Don. Depuis les deux offensives, sur la ville de Belgorod, de milices russes combattant aux côté des Ukrainiens, on savait que la frontière était mal protégée. Voire pas du tout. Mais là, ce ne sont pas quelques centaines d’hommes qui ont pénétré en territoire russe mais des milliers (vingt-cinq mille affirme Prigojine mais on n’est pas obligé de le croire).
De plus, ils sont arrivés à prendre le contrôle du quartier général de Rostov d’où est cordonné l’ensemble des opérations militaires en Ukraine. Et ce, sans tirer un seul coup de feu. Comment est-ce possible ? Deuxième gifle pour Poutine.
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