France : Emmanuel Macron célèbre le 14 juillet avec un mauvais sondage
Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron a assisté au traditionnel défilé militaire sur les Champs-Elysées, ce jour de fête nationale marquée par une (relative ?) complicité avec la Première ministre, Elisabeth Borne. Le remaniement ministériel tant attendu n’a pas eu lieu, alors que les prétendants pour occuper Matignon ne manquent pas. Une annonce surprise n’est pas exclue dans les prochains jours. Le Président de la République ne prendra pas non plus la parole marquant une rupture avec la traditionnelle interview du 14 juillet. Même s’il a semblé savourer les festivités du 14 juillet lors du défilé militaire, Emmanuel Macron n’est pas tellement en forme en termes de popularité et de confiance. Un sondage Odoxa-Backbone publié par « Le Figaro » ce 14 juillet 23 révèle que 78 % des personnes interrogées estiment que le président n’a pas atteint l’objectif fixé. Pire : sur les questions de la justice et du maintien de l’ordre, 81 % d’entre elles pensent qu’il n’a pas du tout ou assez peu avancé dans ce domaine… Sans oublier les cinq soirées précédentes de violences et d’émeutes à travers le territoire après la mort de Nahel M., un jeune de 17 ans tué par un policier pour « refus d’obtempérer » à Nanterre.
Le traditionnel : Un défilé militaire, de près de deux heures, sur les Champs-Elysées et la Place de la Concorde à Paris. En ce 14 juillet, jour de Fête nationale en France, dans la tribune officielle, le Gouvernement réuni autour de la Première ministre Elisabeth Borne, le Premier ministre indien Narendra Modi et le couple présidentiel, Emmanuel et Brigitte Macron. La veille encore, le président Macron participait au sommet de l’OTAN à Vilnius (Lituanie)… Retour à Paris, avec un plaisir non feint, il a profité de ce défilé et de cette fête, par tradition, réputée symbole d’union nationale. Une fête qui devait boucler une période de « cent jours » qu’après les quatorze manifestations contre la loi de réforme des retraites, Emmanuel Macron avait définie comme « le temps d’apaisement, d’unité, d’ambitions et d’actions au service de la France ». Mais ce moment est gravement entaché de cinq soirées de violences et d’émeutes à travers le territoire après la mort de Nahel M., un jeune de 17 ans tué par un policier pour « refus d’obtempérer ».
Pas (encore ?) de remaniement ministériel
Ces « cent jours », c’était le temps nécessaire et obligatoire imposé par le Président de la République au gouvernement d’Elisabeth Borne pour mettre en place de nombreuses réformes. Il se disait même que ce 14 juillet 2023, Emmanuel Macron ferait des annonces, dont un remaniement ministériel et le remplacement de la Première ministre.
Dans l’immédiat, il n’en est rien. Pas d’interview traditionnelle du 14 juillet, à la place, le Président s’est offert un bain de foule après le défilé avant un dîner officiel au Louvre avec le Premier ministre indien et deux cents invités. Alors, la question a surgi : à quoi joue Emmanuel Macron ? Un observateur de la chose publique glisse : « Le Président a voulu rappeler que le maître des horloges, c’est lui ». Dans les couloirs de l’Elysée, on laisse entendre qu’Emmanuel Macron va parler, dans les jours prochains.
Mais des prétendants pour remplacer Elisabeth Borne
Ces dernières semaines, on assiste à la danse des courtisans pour succéder à Elisabeth Borne. Parmi les plus assidus : Bruno Le Maire (ministre de l’Economie), Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur) ou encore Sébastien Lecornu (ministre de la Défense). On évoque aussi le nom de Yaël Braun-Pivet, la médiatique Présidente de l’Assemblée nationale. Un proche des choses élyséennes confie : « Cette agitation amuse beaucoup le Président… » Et d’ajouter : « Il n’a pas cinquante solutions. Mais il peut nous réserver une surprise, comme il l’avait fait en juillet 2020 avec Jean Castex pour succéder à Edouard Philippe ».
Toutefois, rapidement après sa réélection en mai 2022 à la Présidence de la République, privé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron paraît en manque d’inspiration. Ce que ne manque pas de pointer les oppositions d’extrême droite (le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella), de gauche radicale (la Nupes de Jean-Luc Mélenchon) et de quelques membres du LR présidé par Eric Ciotti. Et pour confirmer cette sensation, un sondage Odoxa-Backbone publié par « Le Figaro » ce 14 juillet 23 révèle que 78 % des personnes interrogées estiment que le président n’a pas atteint l’objectif fixé. Pire : sur les questions de la justice et du maintien de l’ordre, 81 % d’entre elles pensent qu’il n’a pas du tout ou assez peu avancé dans ce domaine… sans parler des rumeurs de remaniement qui commencent à fatiguer sérieusement un grand nombre de Français…
Et si, dans l’immédiat, Emmanuel Macron jouait la montre ? Ne changeait rien du gouvernement et de sa cheffe ? De nombreux observateurs n’ont pas manqué de relever la chaleureuse accolade du Président avec sa Première ministre Elisabeth Borne avant que ne débute le défilé de ce 14 juillet. Ou encore les nombreux sourires échangés entre les deux durant le défilé et le bain de foule présidentiel de plus d’une heure qui a suivi…
Pour mémoire, Emmanuel Macron est Président de la République jusqu’en mai 2027. Durant ces trois ans et demi à venir, sera-t-il un « roi fainéant » comme Nicolas Sarkozy avait qualifié Jacques Chirac lors de son second quinquennat (2002-2007) ?
Serge Bressan (à Paris)