Fin des vols de nuit à Brussels Airport : la stratégie politique et électoraliste du ministre Gilkinet
Journaliste – Rédacteur en chef.
Après avoir laissé le dossier du bruit des avions de Brussels Airport dormir au placard pendant près de trois ans sans s’y plonger vraiment en profondeur, le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo) a pris tout le monde de court en présentant, vendredi 14 juillet, au conseil des ministres restreint (kern) une proposition de suppression des vols nuit à l’aéroport national. Certes, il avait initié une plateforme de concertation consacré au dossier, forcé en cela par une décision de justice de mai 2018, mais ces Etats généraux ont été tellement mal organisés qu’après 9 réunions, les travaux de l’organe ont pris fin le 26 juin sans consensus avec un rapport de synthèse qui contient des erreurs et des approximations. En ayant imposé un agenda aux participants avec la volonté de présenter une conclusion avant le 21 juillet (date de la fête nationale belge), le vice-Premier ministre Ecolo s’est enfermé dans un calendrier impossible à tenir et en mettant une pression inutile sur les participants. Ce faisant, il condamne l’initiative qu’il a lui-même lancée.
La plateforme de concertation consacrée au dossier du bruit des avions que le ministre Gilkinet présente comme une première initiative en la matière est loin d’être une nouveauté. En effet, il y a eu par le passé le Forum de concertation qui s’est penché sur le dossier de 2002 à 2004 et de 2011 à 2014 et qui, dès la première réunion, avait adopté un Règlement d’ordre intérieur (ROI), contrairement à la plateforme du vice-Premier ministre Ecolo qui a fonctionné sans se doter de dispositions garantissant une bonne tenue des réunions.
En proposant la fin des vols de nuit à Brussels Airport, sans aucune échéance et sans au préalable engager une vraie concertation avec les acteurs du dossier, le ministre Gilkinet s’offre une publicité gratuite sur le dos des victimes du bruit des avions.
En proposant la fin des vols de nuit à Brussels Airport, sans aucune échéance et sans au préalable engager une vraie concertation avec tous les acteurs du dossier, le ministre Gilkinet s’offre une publicité gratuite sur le dos des riverains qui vivent une situation difficile liée à l’impact des activités de l’aéroport et en mettant en difficulté un acteur économique. Il aurait été bien inspiré de prendre langue avec la société gestionnaire du site (Brussels Airport Company), les compagnies aériennes, les autorités flamandes et toutes les associations de riverains afin d’examiner toutes les alternatives et les mesures possibles au lieu de lancer une mesure d’interdiction des vols de nuit, sans préparation, sans aucune échéance, sans encadrement et sans plan.
Par ailleurs, atterrir avec une telle mesure à moins d’un an des élections fixées à juin 2024, le ministre Gilkinet lance un ballon d’essai électoraliste qui animera la campagne électorale et qui risque de rester sans lendemain. Il sait très bien que ce dossier n’a aucune chance d’avancer durant cette période en raison de calculs électoraux, surtout pour un dossier qui traîne depuis au moins 20 ans et qui est lesté par des considérations diverses (communautaires, équilibre entre le développement économique et garantie d’un sommeil réparateur pour les riverains, etc.).
Le ministre Gilkinet lance un ballon d’essai électoraliste qui animera la campagne électorale et qui risque de rester sans lendemain.
Mais pour une partie de son électorat, le ministre Gilkinet va certainement apparaître comme celui qui met des solutions sur la table, mais qui est bloqué par ses confrères du gouvernement ou les autres partis politiques. Reste à savoir si cette proposition de suppression des vols de nuit convaincra un grand monde ou si elle sera perçue à sa juste valeur : un coup politique et rien de plus.