France : le Gouvernement « Borne 3 » attendu avec un mini-remaniement
Depuis de nombreuses semaines, on disait Elisabeth Borne en sursis, elle a été confirmée au poste de Première ministre et cheffe du gouvernement français ce lundi 17 juillet. Une décision du Président de la République, Emmanuel Macron, diffusée par un simple communiqué de l’Elysée. C’est la fin de la séquence et des rumeurs qui faisaient le bonheur des plumitifs de la chose publique. Quelques signes avant-coureurs, ces derniers temps, dont la nomination d’un nouveau directeur de cabinet auprès de la Première ministre dans l’après-midi de ce 17 juillet, laissaient entrevoir la décision présidentielle même si certaines personnalités, tels le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, celui de la Défense, Sébastien Lecornu, ou encore l’ancien Premier ministre Edouard Philippe faisaient la danse du ventre pour récupérer les appartements de l’Hôtel Matignon, résidence parisienne du Premier ministre. Emmanuel Macron invite ce mardi soir la Première ministre et tout son gouvernement à un dîner (d’adieux, pour certains ministres ?) à l’Elysée. Il prendra la parole d’ici la fin de la semaine. Il a demandé à la Première ministre de mettre en place un Gouvernement Borne 3 et on attend un mini-remaniement ministériel avec probablement moins de ministres. Des titulaires comme Pap Ndiaye ou Marlène Schiappa sont annoncés sur le départ.
Fin de la séquence et des rumeurs qui faisaient le bonheur des plumitifs de la chose publique. Quelques signes avant-coureurs, ces derniers temps, dont la nomination d’un nouveau directeur de cabinet auprès de la Première ministre dans l’après-midi de ce 17 juillet, laissaient entrevoir la décision présidentielle même si certaines personnalités, tels le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, celui de la Défense, Sébastien Lecornu, ou encore l’ancien Premier ministre Edouard Philippe faisaient la danse du ventre pour récupérer les appartements de l’Hôtel Matignon, résidence parisienne du Premier ministre. Le Président est, lui, à Bruxelles ces lundi 17 et mardi 18 juillet pour un Somment pour renforcer le partenariat entre l’Union européenne et la CELAC (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes) à Bruxelles.
Objectif des 100 jours tenu dans le calme
Pour justifier le maintien d’Elisabeth Borne, 62 ans et Première ministre depuis le 16 mai 2022, l’Elysée explique que « l’objectif des cent jours a été tenu et le calme est revenu. Le 14 juillet a été un succès. Deux lois de programmation (justice, armées) vont être votées. Le pays avance. L’exécutif doit travailler et préparer la rentrée ».
Le Président de la République quittera Bruxelles et le sommet UE-CELAC ce mardi 18 juillet dans l’après-midi, et invitera le soir même la Première ministre et tout son gouvernement à un dîner (d’adieux, pour certains ministres ?) à l’Elysée. Il prendra la parole d’ici la fin de la semaine et dira une nouvelle fois qu’il « prépare la rentrée en fixant le cap clair qui est le mien », puis partira pour la Nouvelle-Calédonie pour une visite officielle du 24 au 29 juillet.
L’objectif des cent jours a été tenu et le calme est revenu. Le 14 juillet a été un succès.
Les réactions des oppositions n’ont pas tardé et sont sans surprise. Pour Marine Le Pen, la cheffe des députés RN (Rassemblement national, extrême-droite) à l’Assemblée Nationale, « pour que rien ne change, il ne faut rien changer. Le maintien d’Elisabeth Borne à Matignon traduit la dramatique déconnexion du Président de la République qui a perdu tout contact avec le peuple et condamne le pays à l’impuissance et à l’immobilisme », tandis que Mathilde Panot, présidente du groupe NUPES (gauche radicale) au Parlement, lançait : « Macron maintient Borne à Matignon. Personne ne veut monter sur un bateau qui coule. La Macronie se rétrécit… »
Le Gouvernement Borne 3 attendu
Donc, avant le départ pour l’Océanie, Emmanuel Macron a demandé à Elisabeth Borne que soit mis en place le « Borne 3 », le troisième gouvernement qu’elle dirigera. Il y aura un mini-remaniement, avec moins de ministres et de secrétaires d’Etat (pas plus d’une trentaine, contre 42 actuellement), des agrandissements de champs d’action pour certains « poids lourds » et des départs pour d’autres qui, comme l’on dit tant à l’Elysée qu’à Matignon, n’ont pas « imprimé » (Pap Ndiaye à l’Education nationale, François Braun à la Santé ou encore Christophe Bréchu à l’Environnement) ou ont franchi la ligne rouge, telle Marlène Schiappa (secrétaire d’État chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, et engluée dans l’affaire du Fonds Marianne).
D’autres encore pourraient partir pour préparer l’échéance présidentielle du printemps 2027, sachant qu’Emmanuel Macron ne pourra pas briguer un troisième mandat…
La confirmation d’Elisabeth Borne à Matignon a pu surprendre nombre de politiques et d’observateurs. Déjà en mai 2022, elle était présentée comme un second choix. Depuis, elle a mené la loi de la réforme des retraites et, ces dernières semaines, fait front à un embrasement de violence à travers le pays suite à la mort du jeune Nahel tué par un policier après un « refus d’obtempérer ».
Dans l’immédiat, Elisabeth Borne va donc effectuer quelques « ajustements » pour son troisième gouvernement. Ce sera bouclé avant ce 22 juillet.
Enfin, lors de la cérémonie du 14 juillet sur les Champs-Elysées et la place de la Concorde à Paris, il était impossible de ne pas remarquer la chaleureuse accolade entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, puis les nombreux échanges de sourire lors de la parade et le bain de foule qui a suivi. Un habitué des couloirs de la politique française ose la comparaison entre, d’un côté, Nicolas Sarkozy et François Fillon et, de l’autre, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne : « L’un et l’autre pratiquent un pouvoir présidentiel et considèrent leur Premier ministre comme un collaborateur »…
Une rentrée difficile en perspective
Dans l’immédiat, Elisabeth Borne va donc effectuer quelques « ajustements » pour son troisième gouvernement. Ce sera bouclé avant ce 22 juillet. Mais à la rentrée, elle aura une partie autrement difficile à jouer avec la présentation du budget 2024 à l’Assemblée Nationale. En effet, la Macronie, et donc le gouvernement, n’y a qu’une majorité relative et déjà la gauche radicale menée par la NUPES (Nouvelle Union Populaire, Ecologiste et Sociale) a fait savoir qu’elle déposera une motion de censure. Si elle est adoptée, c’est la chute du gouvernement Borne. Si elle est rejetée, la Première ministre sera en place jusqu’aux élections européennes en juin 2024, mais les sondages annoncent déjà la défaite de la majorité présidentielle.
Alors, Emmanuel Macron, à qui il restera trois ans à l’Elysée, devra nommer un nouveau Premier ministre. Ce n’est pas gagné pour trouver un volontaire, Matignon étant, selon l’ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, le « terminus des emmerdes… »
Serge Bressan (à Paris)