Israël reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Quid de la position du Maroc sur la Palestine ?
Pour donner suite à l’établissement de relations diplomatiques normalisées entre Israël et Rabat en décembre 2020, Israël a pris la décision de reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cette région, autrefois une colonie espagnole, est depuis cinquante ans au cœur d’un différend entre les indépendantistes du Front Polisario et le Maroc. Israël envisage aussi d’ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla, située dans la partie du Sahara occidental sous contrôle du royaume marocain. Rabat encourage ses alliés à établir des représentations diplomatiques au Sahara occidental afin de reconnaître sa souveraineté et de témoigner de leur soutien au royaume. Le renforcement des relations entre Israël et le Maroc va-t-il assouplir la position de principe du Maroc qui soutient le peuple palestinien luttant pour ses droits légitimes ?
Israël a officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental, à la suite d’une lettre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, adressée au roi Mohammed VI. Cette décision, annoncée par le cabinet royal à Rabat, a des implications significatives dans la région et suscite diverses réactions.
Dans sa lettre, Netanyahou a déclaré que la position d’Israël serait reflétée dans tous les actes et documents officiels du gouvernement israélien. Il a également précisé que cette reconnaissance serait transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques.
Cette annonce survient après la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc en décembre 2020. Le Sahara occidental, autrefois une colonie espagnole, est au cœur d’un conflit depuis plus de cinquante ans, opposant les indépendantistes du Front Polisario et le Maroc.
Réactions divergentes dans la région
La reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par Israël suscite des réactions régionales divergentes. Certains pays expriment leur soutien à cette décision, soulignant les avantages potentiels en termes de coopération régionale. D’autres, en revanche, sont préoccupés par son impact sur le processus de résolution du conflit du Sahara occidental et les droits des populations locales. Il reste à voir comment cette reconnaissance influencera les dynamiques politiques et diplomatiques dans la région, ainsi que les perspectives de règlement du conflit du Sahara occidental. Par ailleurs, Benjamin Netanyahou a également informé le Roi du Maroc de la volonté d’Israël d’ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla, située dans la partie du Sahara occidental sous contrôle du royaume marocain. Rabat encourage ses alliés à établir des représentations diplomatiques au Sahara occidental afin de reconnaître sa souveraineté et de témoigner de leur soutien au royaume.
Le roi Mohammed VI a souligné dans un discours télévisé que le dossier du Sahara occidental était le prisme à travers lequel le Maroc percevait son environnement international. Cette initiative marque une étape importante dans les efforts du Maroc pour obtenir une reconnaissance accrue de sa position sur le Sahara occidental. L’ouverture d’un consulat israélien à Dakhla serait un développement significatif, renforçant les liens bilatéraux entre Israël et le Maroc et témoignant de leur engagement mutuel.
La décision d’Israël s’inscrit dans une dynamique internationale
Selon un haut responsable marocain souhaitant garder l’anonymat, cette décision s’inscrit dans une dynamique en cours depuis quelques années. Les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, comprenant le Sahara occidental. En outre, une quinzaine de pays européens ont exprimé leur soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, et une trentaine de consulats ont été ouverts à El-Ayoun et à Dakhla. Cette reconnaissance par Israël vient renforcer cette dynamique, selon le responsable marocain. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré par l’ONU comme un « territoire non autonome » en raison de l’absence d’un règlement définitif. Dans le conflit qui oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, ces derniers sont soutenus par l’Algérie. Le Maroc promeut un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Front Polisario réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU pour permettre aux habitants du Sahara occidental de décider de leur destin. Cette question reste un point de tension majeur dans la région, avec des positions divergentes et des efforts diplomatiques en cours pour parvenir à une résolution pacifique.
À Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, se dit satisfait de la décision de son pays et précise qu’elle renforcerait les relations entre les États et les peuples, tout en favorisant la coopération en vue de consolider la paix et la stabilité régionales. Cette décision d’Israël était largement anticipée et intervient dans un contexte de rivalité exacerbée entre le Maroc et l’Algérie. En effet, les deux pays voisins ont rompu leurs relations diplomatiques en 2021 à l’initiative d’Alger. Cette reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par Israël pourrait contribuer à accentuer les tensions entre les deux nations et à influencer davantage les dynamiques politiques dans la région.
Attaché militaire israélien au Maroc
En reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Israël confirme son rapprochement avec le royaume chérifien. Récemment, le chef d’Etat-major israélien a annoncé la nomination d’un attaché militaire au Maroc, le colonel Sharon Itah, pour la première fois dans l’histoire des relations bilatérales. Cette nomination reflète l’engagement croissant des deux pays à renforcer leur coopération militaire. Par ailleurs, le bureau de liaison israélien à Rabat est sur le point d’être élevé au rang d’ambassade, tandis que le Maroc s’apprête également à ouvrir une ambassade à Tel Aviv.
Depuis la fin du mois de mai, le rapprochement entre le Maroc et Israël s’est intensifié, avec la visite de trois ministres israéliens, du président du Parlement, du conseiller à la sécurité nationale et même des soldats d’une unité d’infanterie d’élite, marquant une première dans les relations bilatérales.
Quid de la question palestinienne
Cependant, ce rapprochement suscite des divergences au sein du Maroc, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir de courants ultranationalistes en Israël. Bien que la mobilisation militante ait diminué, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie parmi la population marocaine. Il est souligné que le renforcement des relations avec Israël ne se fera pas au détriment de la position de principe du Maroc en soutien au peuple palestinien et à ses droits légitimes, comme l’a affirmé un haut responsable marocain. Le rapprochement entre Israël et le Maroc est source de division au sein de la société marocaine en raison du dossier palestinien.
Hamid CHRIET