EMMANUEL MACRON SORT DU BOIS

France : enfin le président Macron s’exprime et liste les grands chantiers du moment

Le président Emmanuel Macron entend rétablir l'ordre républicain après les émeutes suite au décès du jeune Nahel, tué par un policier pour un refus d'obtempérer. Bepress Photo Agency

A l’issue des « cent jours d’apaisement » et après avoir reconduit la Première ministre Elisabeth Borne dans ses fonctions de Première ministre, Emmanuel Macron a pris la parole, non pas sur un plateau de télévision, mais dans la Salle des Fêtes de l’Elysée avant la réunion du Conseil des Ministres. Dans un discours de près d’une demi-heure devant ses ministres et, grande première, face à la caméra, il a indiqué qu’il tiendra son « cap » avec l’objectif de garantir « l’indépendance du pays ». Pour ce faire, il entend travailler sur plusieurs chantiers : l’éducation, la santé, le plein-emploi et la sécurité (avec, en creux, le difficile dossier de l’immigration). Il y a aussi le dossier de la planification écologique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Emmanuel Macron entend aussi ramener l’ordre républicain dans l’Hexagone, une allusion à peine voilée aux émeutes qui ont secoué la France après la mort de Nahel, le jeune homme de 17 ans tué par un policier après un « refus d’obtempérer ». Il n’a pas manqué de souligner grands évènements sportifs qu’organisera la France : la Coupe du monde de rugby dès septembre prochain et les Jeux olympiques 2024 (présentés comme « fierté inédite »).

Enfin, il a parlé… Pendant vingt-cinq minutes en ouverture du Conseil des Ministres ce 21 juillet au Palais de l’Elysée, Emmanuel Macron s’est enfin exprimé en cette fin de semaine, après avoir participé au sommet UE-CELAC à Bruxelles, confirmé la Première ministre Elisabeth Borne à son poste et validé le troisième gouvernement de celle-ci. La rumeur faisait état d’une possible prise de parole du Président de la République à la télévision ou d’un long entretien dans la PQR (presse quotidienne régionale). Il n’en a été rien puisqu’il a innové en délivrant dans la Salle des Fêtes de l’Elysée ce discours de près d’une demi-heure devant ses ministres et, grande première, face à caméra. Première question : avec cette intervention (qui n’a rien d’exceptionnel, puisqu’il ouvre toujours le Conseil des Ministres mais jamais pendant plus de cinq minutes), à qui s’adressait-il ? Aux ministres ? Aux Français ?

Le plus important, toutefois, est bien dans le contenu du discours. Ainsi, avant d’aborder les sujets sensibles, il a précisé la raison pour laquelle il a renouvelé sa confiance à Elisabeth Borne : « J’ai choisi la continuité et l’efficacité pour les temps qui viennent. En la nommant en mai 2022, il s’agissait d’un choix fort et pas simplement symbolique mais aussi du respect d’un engagement, avec une signification particulière pour notre Nation ».

J’ai choisi la continuité et l’efficacité pour les temps qui viennent. En la nommant en mai 2022, il s’agissait d’un choix fort et pas simplement symbolique mais aussi du respect d’un engagement, avec une signification particulière pour notre Nation.

Les grands chantiers du moment d’Emmanuel Macron

Et de rappeler aux présents dans la Salle des Fêtes : « Être ministre, ce n’est pas parler dans le poste. Les décisions n’arrivent pas suffisamment vite dans la vie de nos compatriotes… Il faut diriger les administrations, jusqu’au plus près du terrain »…

Puis, il y eut le discours. Certains (parmi les opposants) lui reprochent déjà d’avoir tenu « un discours de politique générale », ajoutant : « Ce n’est pas sa fonction, c’est à la Première ministre de le faire devant l’Assemblée Nationale ». N’empêche ! Le Président est alors entré dans le vif du sujet avec les quatre grands chantiers qui ne manqueront pas d’occuper le personnel politique durant cet été.

A l’issue des « cent jours d’apaisement », Emmanuel Macron a assuré qu’il tiendra son « cap » résumé ainsi : assurer « l’indépendance du pays pour pouvoir consolider un modèle plus juste ». Pour y parvenir, travailler encore et encore sur les chantiers de l’éducation, de la santé, du plein-emploi et de la sécurité (avec, en creux, le difficile dossier de l’immigration). Sans oublier la « planification écologique » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Et aussi deux autres grands rendez-vous, sportifs ceux-là, qu’organisera la France : la Coupe du monde de rugby dès septembre prochain, puis la phase finale de préparation des Jeux olympiques 2024, à un an de l’ouverture de l’événement, un projet de « fierté inédite »…

Assurer l’ordre républicain après les émeutes suite au décès de Nahel

Autre sujet difficile : « l’ordre républicain ». C’est la première fois que le Président de la République prenait la parole après les émeutes en France liées à la mort de Nahel, le jeune homme de 17 ans tué par un policier après un « refus d’obtempérer » : « Il est nécessaire d’assurer l’ordre républicain. Dans le domaine, le pays avance », évoquant le souhait d’une « réponse complète et profonde » et craignant un « risque de fragmentation (et) de division profonde de la Nation ».

Il est nécessaire d’assurer l’ordre républicain. Dans le domaine, le pays avance.

Sur le plan économique, Emmanuel Macron souhaite mettre en place à la rentrée un « cadre exigeant » et la mise en « ordre » pour les finances publiques dans le projet de budget pour 2024. Et d’ajouter qu’il en va de la « crédibilité de la France en Europe » et que cette exigence, en matière notamment de réduction du déficit public, « seule, peut nous permettre d’être forts ».

A l’issue de ce Conseil des Ministres, Emmanuel Macron accueillait Gabriel Boric, Président du Chili, pour un déjeuner. Et ce dimanche, il s’envole pour un voyage officiel en Nouvelle-Calédonie jusqu’au 29 juillet. La question est alors posée : le discours du Président en ouverture du Conseil de ce 21 juillet était-il, à travers les ministres, à l’adresse des Français ? Au Palais de l’Elysée, pas de réponse…

Serge Bressan (à Paris)