INFLATION AU ROYAUME-UNI

L’inflation au Royaume-Uni ralentit à 7,9% en juin, mais reste la plus élevée du G7

Le Chancelier de l'Échiquier, Jeremy Hunt, reste prudent et souligne que même si l'inflation recule et atteint son niveau le plus bas depuis mars dernier, les prix élevés demeurent une préoccupation majeure pour les familles. AFP

Selon le rapport mensuel de l’Office national des statistiques (ONS) publié le mercredi 19 juillet, l’inflation au Royaume-Uni s’est établie à 7,9% sur un an en juin, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis plus d’un an.  En mai, l’inflation était de 8,7%. Malgré cette baisse, l’inflation britannique demeure la plus élevée parmi les pays du G7, ce qui devrait inciter la Banque d’Angleterre à maintenir sa politique de resserrement monétaire, peut-être à un rythme moins soutenu que précédemment envisagé. Cette persistance de la hausse des prix constitue néanmoins un défi pour le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, en particulier à l’approche des élections. Conséquemment à cette annonce, la livre sterling a reculé face au dollar et à l’euro. Cette baisse est également plus marquée que prévue, les économistes interrogés par Reuters ayant estimé une inflation de 8,2% sur un an en juin, par rapport à 8,7% en mai. Bien que loin du pic de 11,1% atteint en octobre dernier, ce chiffre reste bien au-dessus de l’objectif fixé par la Banque d’Angleterre, qui est de 2%.

Le repli des prix des carburants, après leur augmentation spectaculaire de l’année dernière, a été le principal facteur de ralentissement de l’inflation en juin, selon l’Office national des statistiques (ONS). Les prix de l’alimentation ont également connu une légère décélération, affichant une hausse de 17,3% en juin, contre 18,3% en mai.

Malgré cette diminution, le Chancelier de l’Échiquier, Jeremy Hunt, reste prudent et souligne que même si l’inflation recule et atteint son niveau le plus bas depuis mars dernier, les prix élevés demeurent une préoccupation majeure pour les familles et les entreprises.

 La hausse des taux d’intérêt reste à prévoir

L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l’alimentation, de l’énergie, de l’alcool et du tabac, a également enregistré une baisse plus importante que prévu, passant de +7,1% en mai – un record sur 30 ans – à +6,9%.

Malgré cette baisse, l’inflation sous-jacente demeure « très élevée par rapport aux moyennes historiques », souligne Sam Miley, économiste au centre de réflexion CEBR. Par conséquent, le CEBR prévoit que la Banque d’Angleterre (BoE) va poursuivre son cycle de resserrement monétaire pendant encore un certain temps, afin d’exercer une pression supplémentaire à la baisse sur l’inflation. Une augmentation de 25 points de base du taux directeur de la BoE est prévue lors de la prochaine réunion de l’institution monétaire le 3 août, avec d’autres relèvements possibles d’ici la fin de l’année 2023, selon cette analyse.

De manière générale, les experts s’attendent à ce que la Banque centrale britannique relève ses taux d’intérêt pour la 14e fois consécutive le mois prochain. Son taux directeur était déjà passé à 5% en mai, contre 0,1% en décembre 2021. Cette hausse des taux d’intérêt a entraîné une diminution de la richesse des ménages à travers le Royaume-Uni, évaluée à 2.100 milliards de livres l’année passée, selon une étude du centre de réflexion, Resolution Foundation, publiée lundi 17 juillet.

Défis politiques pour le gouvernement à l’approche des élections

L’inflation britannique demeure « plus élevée et persistante que dans d’autres économies occidentales, ce qui pourrait inciter la Banque d’Angleterre à adopter des mesures plus agressives que les autres grandes banques centrales », souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. En juin, l’inflation s’est par exemple stabilisée à 3% aux États-Unis et à 4,5% en France.

Cette inflation tenace rend l’objectif du Premier ministre Rishi Sunak de « diviser par deux l’inflation » cette année au Royaume-Uni plus difficile à atteindre. Cela constitue une ombre au tableau de son bilan politique à l’approche des élections générales prévues en 2024. Le parti travailliste, en tête des sondages, a accusé le parti conservateur au pouvoir de conduire à une « catastrophe hypothécaire », alors que les propriétaires voient leurs coûts d’emprunt augmenter.

Hamid CHRIET Editorialiste L-Post (à Londres)