DIPLOMATIE RUSSE EN AFRIQUE

Sommet Afrique-Russie : Vladimir Poutine veut se substituer à l’Europe sur le continent

Accueilli par le président russe, au premier jour du sommet Russie-Afrique, le présient des Comores, Azali Assoumani (à gauche sur la photo) souhaite que Vladimir Poutine (à droite) mette fin à la guerre en Ukraine. AFP

Alors qu’en 2019 lors du premier sommet Afrique-Russie à Sotchi 43 Chefs d’Etats et de gouvernement avaient pris part à cette messe, ils ne sont qu’à peine une vingtaine dans la cité impériale de Saint-Pétersbourg pour le deuxième forum du genre qui s’est ouvert ce 27 juillet 2023. Lors du sommet, le Président russe Vladimir Poutine cherche à démystifier son isolement sur le plan international et diplomatique à cause de la guerre en Ukraine. Il promet des céréales gratuites pour vaincre les réticences des Africains vis-à-vis de l’invasion russe de l’Ukraine. Mais il est loin d’obtenir un blanc-seing de la part de ses invités. Par ailleurs, la participation de haut niveau a diminué par rapport à la première édition en 2019.

Faible participation

Dmitri Peskov le porte-parole du Kremlin a dénoncé, la veille du sommet, d’énormes pressions exercées par les pays occidentaux sur les Présidents africains pour qu’ils ne se rendent pas à Saint-Pétersbourg. « Il s’agit d’une ingérence absolument flagrante et éhontée des États-Unis, de la France et d’autres États par l’intermédiaire de leurs missions diplomatiques dans les pays africains et de tentatives de faire pression sur les dirigeants de ces pays afin d’empêcher leur participation active au forum » a-t-il déclaré. Et cette déclaration a tout son sens, car dans les capitales occidentales et à l’ONU, la liste des participants a été scrutée à la loupe. En effet, Washington, Paris, Londres ou Bruxelles s’inquiètent des ambitions déclarées de la Russie d’étendre son influence militaire, politique, économique au sud du Sahara. Ils sont tout de même 49 délégations de pays africains à se rendre en Russie, ce qui signifie que les Africains ne veulent pas prendre position dans cette nouvelle guerre froide qui s’installe entre l’est et l’ouest même pour des pays qui ont régulièrement voté des sanctions à l’ONU contre la Russie.

Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée.

Céréales gratuites pour des pays africains

Lors de son discours d’ouverture, jeudi 27 juillet, le Président Poutine a rassuré les pays africains qui s’inquiétaient de la fin de l’accord sur la fourniture des céréales en provenance de l’Ukraine. « Cette saison, la récolte est plus qu’abondante » a dit l’hôte du sommet. « Dans les mois qui viennent, nous serons en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Érythrée », a-t-il précisé dans son discours retransmis à la télévision russe, sur fond d’inquiétudes de pays africains après la récente fin de l’accord sur l’exportation de céréales ukrainiennes en mer Noire.

Selon le Chef de l’Etat de la Fédération de Russie, son pays est capable de constituer une alternative aux céréales ukrainiennes « à la fois sur une base commerciale et sous la forme d’une aide gratuite aux pays africains les plus nécessiteux », a-t-il poursuivi, affirmant que les premières livraisons se feront  sous forme de dons, gratuitement et seront acheminées à destination des six pays.

Doute et fin du conflit russo-ukrainien

Malgré l’assurance de Poutine, les doutes des pays africains ne se sont pas dissipés. C’est d’ailleurs le président comorien Azali Assoumani, président en exercice de l’Union africaine qui sonne la charge. « Permettez-moi, dans ce contexte, de m’attarder sur une question d’actualité : l’approvisionnement des céréales qui est essentiel, pour ne pas dire vital à l’Afrique, mais dont la suspension risque aujourd’hui d’affecter notre partenariat ». Pour lui, le partenariat Afrique-Russie est menacé si un accord n’intervient pas pour mettre un terme à ce conflit.  « Force est de constater qu’avec la crise russo-ukrainienne, l’avenir de ce partenariat se trouvera menacé si la crise persiste. Un accord doit être possible pour essayer de sauver les milliers de personnes qui sont dépendantes de ces importations » a continué le chef de l’Etat comorien.

Force est de constater qu’avec la crise russo-ukrainienne, l’avenir de ce partenariat se trouvera menacé si la crise persiste.

En dehors de la coopération économique et des céréales, Poutine doit débattre du conflit ukrainien avec ses homologues africains autour d’un déjeuner de travail selon un communiqué du Kremlin. Le sommet prend fin ce 28 juillet 2023.

Anani Sossou, Correspondant L-Post en Afrique de l’Ouest