Le Maroc, un développement inédit dans la cour des grands des pays émergents
Ce dimanche 30 juillet, c’est la Fête du Trône au Maroc, célébrant l’intronisation du Roi Mohamed VI et son allégeance officielle. Le souverain chérifien a été reconnu Roi officiellement le 30 juillet 1999. Depuis qu’il est au pouvoir, les choses ont connu un virage économique et social historique. En effet, depuis près de 25 ans, le Maroc connaît un développement continu et inédit dans son histoire. Une forme de spirale positive et vertueuse a permis, précisément en quelques années, au Royaume chérifien de devenir un pays riche et plein de ressources, un acteur incontournable de la scène maghrébine et de poursuivre de manière croissante sa relation avec l’Occident et avec l’Europe en particulier. Un programme, soutenu par les Nations Unies, a permis une augmentation spectaculaire du taux de scolarisation des jeunes.
Fruit d’une vision et d’une stratégie politique à long terme, la modernisation du pays a non seulement permis au pays de diversifier son économie, mais aussi de construire de nouvelles infrastructures flambant neuves et d’agir par secteur pour n’en laisser aucun de côté. Cette stratégie a aussi permis de mener par une politique de grands travaux et la modernisation des transports, de miser sur les énergies renouvelables et notamment le photovoltaïque, de lutter contre l’habitat insalubre. Il y a également un élément important de l’option choisie et qui est la pierre angulaire de toute cette architecture d’ouverture et de projection dans le troisième millénaire largement prêchée au Maroc : lutter activement contre l’illettrisme et l’analphabétisme. Ce « Nouveau modèle de développement » (NMD) doit permettre au royaume chérifien de rejoindre les principaux standards internationaux d’ici l’horizon 2035.
Que signifie ce NMD ?
En quoi consiste ce « Nouveau Modèle de Développement » promu par Rabat pour ses citoyens ? Il « propose un nouveau référentiel de développement qui vise à pallier aux fragilités causées par les mutations qui ont marqué le contexte socioéconomique du Maroc au cours des deux dernières décennies et les nouveaux défis qui ont en résulté. Publié en mai 2021, le nouveau modèle de développement définit quatre principaux axes de transformation pour réaliser des progrès soutenus au niveau économique, humain, social et territorial à l’horizon de 2035 »[1]. Le projet du gouvernement à travers l’action du Haut-commissariat au Plan est de transformer structurellement l’économie, renforcer le capital humain, soutenir l’inclusion sociale et de favoriser le développement régional pour désenclaver les régions les plus reculées. Ainsi, l’accès des citoyens au numérique, l’aide au financement de leurs projets individuels et professionnels ainsi que la contribution des Marocains de l’étranger à la nouvelle dynamique vertueuse sont essentiels et une clé du succès à venir.
En juin dernier, le dernier rapport de la Banque mondiale prévoyait une croissance pour le pays de 2,5%, et jusqu’à 3,3% en 2024. Résiliente, l’économie marocaine a pu rebondir assez vite à la sortie de la pandémie de Covid-19. Il suffit de se rappeler qu’en 2021, son PIB avait explosé de 7,9%, une performance plus importante que celle de n’importe quel autre pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient)[2]. Malgré la guerre en 2022 et la « permacrise », le royaume a résisté et a reçu le soutien supplémentaire des institutions internationales.
Un soutien des Nations Unies de 82 millions de dollars
C’est tout particulièrement le cas des Nations Unies, à travers le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a lancé son nouveau programme de coopération pour 2023-2027, en mars dernier. Ce document établit les priorités de l’ONU pour le pays, en coopération avec les autorités et dans l’optique de la réalisation des Objectifs de développement durable[3] : « Les Objectifs de développement durable (ODD), également nommés Objectifs mondiaux, ont été adoptés par les Nations Unies en 2015. Ils sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la Planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d’ici à 2030 ».
D’un montant de 82 millions de dollars, le programme a été établi avec le gouvernement marocain en ciblant trois axes majeurs : la transformation économique inclusive et durable, l’inclusion et la protection sociale, la gouvernance, la résilience et le développement local. Il est urgent pour le pays, que la communauté internationale donne un signal clair dans ce sens, de soutenir la transition numérique pour le bien des Marocains, promouvoir l’innovation stratégique et le financement du développement.
Montée spectaculaire du taux de scolarisation
Sans alphabétisation, rien ne serait possible. L’éducation est un facteur vital de dignité et de droits humains. Une société instruite est une société tournée vers l’avenir. Le Maroc a pris conscience, depuis des années, de sa faiblesse en la matière et a, pour corriger le tir, créé en 2016, l’Agence de Lutte contre l’Analphabétisme. Une première feuille de route de 2017 à 2021 avait permis d’obtenir des résultats encourageants. On parlait alors de près de 6 millions de Marocains bénéficiaires des différents programmes de l’agence pour apprendre à lire et à écrire.
Mieux encore : on estime le taux global national d’alphabétisation à 64,1% en 2019, alors qu’il n’était que de 52,3% en 2004 : « Pour les hommes, le taux d’alphabétisation a atteint 74,6% en 2019 (contre 65,6% en 2004), alors que celui des femmes a atteint 53,9% en 2019 (contre 39,6% en 2004) ». C’est la femme qui a été la principale bénéficiaire de ce chantier national prioritaire : « Le taux de scolarisation des filles âgées de 15 à 17 ans en 2020 a atteint 90,5% en milieu urbain (contre 56,3% en 2000) et 39,2% en milieu rural (contre 6,1% en 2020). Pour les garçons de la même tranche d’âge, ces taux ont atteint 85,7% en milieu urbain (contre 70,3% en 2000) et 50,5% en milieu rural (contre 14,7% en 2000) ».[4]
Créer 400.000 emplois
Le chemin est encore long pour atteindre les objectifs ambitieux du NMD à l’horizon 2035 : il faut viser 6,5% de croissance et la création de 440.000 emplois crées pour y parvenir. Si l’objectif est atteint, on parle d’un doublement du PIB par habitant entre 2021 et 2035, passant de 7.800 à 16.000 dollars ; le triplement du nombre de jeunes entreprises à croissance rapide de 1000 à 3000 ; un secteur de la recherche fondamentale qui pourra déposer trois fois plus de brevets chaque année qu’actuellement ; l’explosion du secteur de l’économie sociale ; le rapprochement de la parité hommes-femmes au sein de l’économie et de la société, etc. C’est à ce prix que le Maroc deviendra l’incontournable acteur des nations non plus émergentes, mais déjà largement émergées.
Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques et expert en géopolitique.
[1] https://www.hcp.ma/Nouveau-modele-de-developpement_r594.html
[2] https://letsgofrance.pwc.fr/fr/publications/2023/l-economie-marocaine-entre-defis-et-opportunites.html
[3] https://www.undp.org/fr/sustainable-development-goals#:~:text=de%20développement%20durable%20%3F-,Les%20Objectifs%20de%20développement%20durable%20(ODD)%2C%20également%20nommés%20Objectifs,prospérité%20d%27ici%20à%202030.
[4] https://www.lopinion.ma/Lutte-contre-l-analphabetisme-Un-chantier-ambitieux-qui-tourne-au-ralenti-_a31267.html