Donald Trump : la loi des séries judiciaires, un mauvais feuilleton pour l’ancien Président
La loi des séries (américaines) est tout, sauf une fiction pour Donald Trump (77 ans) qui multiplie les déboires judiciaires depuis plusieurs mois. A presqu’un an des prochaines élections présidentielles, où l’ancien locataire de la Maison Blanche reste encore le candidat favori des Républicains, aucun autre ne décollant sérieusement, Trump avec la multiplication des mises en examen et inculpations dont il est l’objet, pourrait bien, pour certains observateurs, exploser en plein vol. Mais rien n’est moins sûr. Beaucoup veulent en tout cas son éviction de la prochaine course à la tête de la première puissance mondiale.
Suite de la suite des investigations menées par la justice américaine depuis les incidents du Capitole en janvier 2021, Donald Trump a été inculpé il y a deux jours de « complot contre l’Etat », une charge totalement inédite pour un ancien Président. Il est donc accusé d’avoir tout fait pour rester au pouvoir malgré la défaite qu’il contestait. Ce jeudi 3 août, il a donc reçu la notification de cette nouvelle inculpation, dont certains pensent qu’elle sera un nouveau frein supplémentaire sur le chemin du retour vers la Maison Blanche. Mais il y a, en face, les déboires de Joe Biden, autour de l’affaire de son fils Hunter Biden, ainsi que l’âge de l’actuel Président, qui pourraient jouer en sa faveur…
Les casseroles de Donald Trump
En réalité, cela fait des années que la justice américaine cherche des poux dans la tête de l’ancien président américain, Donald Trump et celui-ci semble l’avoir bien cherché. L’affaire de l’achat du silence d’une femme actrice de films porno par l’ancien locataire de la Maison Blanche était le début timide de la part de la justice américaine d’une longue série de procès à venir pour lui.
Le 30 mars dernier, le 45ème président des Etats-Unis était pour la première fois de l’histoire inculpé au pénal. Un grand jury recevait Donald Trump le mardi 4 avril dernier, à Manhattan pour lui signifier les raisons de cette mise en examen. La justice de New-York l’a inculpé pour la falsification de documents comptables masquant le paiement de 130.000 dollars à l’actrice de films pornographiques, Stormy Daniels, en échange de son silence sur une prétendue relation, avant l’élection de 2016. Le 9 mai dernier, un tribunal de New York condamnait l’ancien président à payer 5 millions de dollars de dommages et intérêts à une femme qu’il avait agressée sexuellement. La justice avait donné raison à la plaignante, E. Jean Caroll, qui avait été agressée en 1996 par Trump dans une cabine d’essayage d’un grand magasin. Le 13 juin, c’est un tribunal fédéral de Miami qui lui notifia 37 chefs d’accusation. Il lui est reproché notamment une mauvaise gestion de documents classifiés, la détention illégales d’informations et l’obstruction. Concrètement, il aurait emporté dans ses valises d’importants documents confidentiels après sa défaite à l’élection présidentielle. Les documents ont été retrouvés dans sa résidence de Mar-a-Lago.
Ne pas enterrer trop vite Donald Trump
Depuis des années, la justice est aussi sur le coup pour d’autres affaires importantes de détournement et de fraude fiscale. Mais jusqu’à présent, même si cela fait beaucoup pour un seul homme, Donald Trump était passé entre toutes les gouttes. Cette fois, il est inculpé pour « complot contre les Etats-Unis » en ayant tenté de renverser le résultat de l’élection présidentielle remportée par son rival, Joe Biden. Face à la juge Moxila Upadhyaya, l’ex-président républicain des Etats-Unis a plaidé non coupable et s’est dit persécuté en tant qu’« opposant politique ».
Beaucoup espèrent encore que l’on tourne enfin la page de l’ère Trump Outre-Atlantique. Mais les choses sont plus compliquées. L’ancien locataire de la Maison Blanche a toujours su tourner à son avantage l’ensemble des attaques et accusations qui lui étaient faites. Il se nourrit du scandale, de la polémique, des outrages, et de la haine des médias ou de l’establishment. En 2016, d’ailleurs, il avait été élu seul contre tous. C’est dans cette position qu’il est le plus fort et efficace. Il faut rappeler aussi que les Républicains, malgré l’échec des élections de mi-mandat et les défaites de nombre de candidats trumpistes, sont encore totalement sous l’influence de Trump et de la base du parti.
Cela veut dire que cette base saura crier au scandale, au complot, à la calomnie, et au putsch contre leur héros. D’ailleurs, aucun candidat futur pour les prochaines élections présidentielles n’a critiqué cette inculpation. Pas même le gouverneur de Floride, Ron de Santis, le principal concurrent de Trump (son ancien mentor aussi), n’a su depuis des mois profiter dans l’opinion de l’affaiblissement de son pater de substitution.
Rappelons tout de même que, selon la constitution américaine, aucune inculpation, ni condamnation ne pourront empêcher Trump de se présenter ; la loi ne l’interdit pas. Sa base restera persuadée que tout est fait pour bloquer définitivement le retour de ce dernier ; l’ensemble des prétendants au bal des Républicains a été lié à un moment ou à un autre au milliardaire.
S.B.