C’est ce dimanche qu’expire l’ultimatum de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) à la junte qui a pris le pouvoir au Niger le 26 juillet. Ultimes négociations ? Marche arrière de la junte ou de l'organisation régionale ? Opération militaire ? Les dés sont lancés et roulent sur la table. Mais comment faire pour rétablir l’ordre constitutionnel et préserver le rôle essentiel du Niger dans la lutte anti-terroriste sans achever de déstabiliser une région déjà fragilisée pars les coups d’Etat précédent (Guinée, Mali, Burkina Faso) ?
Ce début de week-end semblait plutôt indiquer que l’on allait vers un approfondissement de la crise au Niger. Vendredi, les chefs d’état-major de la Cedeao, réunis depuis trois jours à Abuja (Nigeria), annonçaient qu’ils avaient défini un plan d’action pour une opération militaire que, mercredi encore, ils présentaient comme « l’option de dernier recours ». Samedi matin, par la voix de Catherine Colonna, sa ministre des Affaires étrangères, la France soulignait qu’elle appuyait « avec fermeté et détermination » les efforts de la Cedeao pour faire échouer la tentative de putsch au Niger.
Multiplication des provocations
De son côté, la junte, ces deux derniers jours, a multiplié les provocations. Vendredi, elle rompait les relations diplomatiques avec le Nigéria, le Togo, la France et les Etats-Unis et annonçait mettre fin aux accords militaires avec Paris. Samedi des sources britanniques affirmaient qu’un membre de la junte, le général Salifou Mody, s’était rendu au Mali (qui soutient les putschistes) pour prendre contact avec le groupe Wagner et demander son appui.
Les Etats-Unis et la France, dont le Niger est le dernier point d’appui au Sahel pour la lutte anti-terroriste, ne peuvent accepter que la région soit encore plus déstabilisée qu’elle ne l’est.
Samedi matin, enfin, alors que le Président destitué, Mohamed Bazoum, demandait « l’aide » des Etats-Unis et de la France, Catherine Colonna, assurait que la France ne retirerait pas son contingent (1500 hommes) qui « avait été déployé à la suite d’un accord avec les autorités légitimes du pays » (accord entériné par un vote du parlement). Tout semble donc mener à la confrontation.
Le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou s'adresse à la presse devant l'ambassade du Niger, à Paris, le 5 août 2023, quelques jours après que des conspirateurs ont renversé le président nigérien, le retenant avec sa famille dans sa résidence officielle de Niamey depuis le 26 juillet. (Photo par STEFANO RELLANDINI / AFP).
Reste que cette confrontation, personne n’y a vraiment intérêt. Les putschistes, à la tête d’une armée qui compte une dizaine de milliers d’hommes, ne pourraient pas résister à une offensive de la Cedeao dont l’armée nigériane, avec ses 235 000 hommes serait le fer de lance. Par ailleurs, le Nigeria, confronté « à domicile », à une insurrection indépendantiste dans la région du Delta (sud) et au terrorisme de Boko Haram dans le nord, ne pourrait dédier qu’une fraction de ses troupes à une opération qui les mobiliserait trop longtemps.
De leur côté, les Etats-Unis et la France, dont le Niger est le dernier point d’appui au Sahel pour la lutte anti-terroriste, ne peuvent accepter que la région soit encore plus déstabilisée qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Une opération plus complexe qu’il n’y parait
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