Incendie mortel à Wintzenheim dans un home de vacances pour personnes handicapées : 11 morts
FRANCE. Alsace. Au petit matin, alors que le jour se lève sur les monts des Vosges à proximité, des flammes d’une vingtaine de mètres de haut s’échappent du toit. Les pompiers ont été appelés à 6h33, ce mercredi 9 août 2023 : à peine un quart d’heure plus tard, les hommes du feu sont sur place, au gîte de La Forge, à Wintzenheim (Haut-Rhin) à une petite dizaine de kilomètres au sud-ouest de Colmar. Là, ce gîte d’une surface de 500 mètres carrés s’effondre sous le feu. Le bilan sera lourd : 11 morts. Dans la matinée, le Président de la République Emmanuel Macron postera un message sur X (ex-Twitter) : « À Wintzenheim, les flammes ont ravagé un gîte qui accueillait des personnes en situation de handicap et leurs accompagnateurs. Face à cette tragédie, mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à leurs proches. Merci à nos forces de sécurité et nos services de secours mobilisés ». Quant à la Première ministre Elisabeth Borne, elle écrira : « Mes premières pensées vont vers les victimes et leurs proches. Je salue la mobilisation des sapeurs-pompiers », avant de faire le déplacement à Wintzenheim dans l’après-midi, accompagnée par Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles. Une enquête pour recherche des causes de la mort a été ouverte et confiée à la section de recherche de gendarmerie de Strasbourg. Elle devra apporter des réponses à plusieurs questions posées actuellement.
Ce devait être un séjour de plaisir. Ce fut l’enfer. Là, dans le gîte de La Forge, s’étaient installées vingt-huit personnes, des handicapés mentaux légers et leurs accompagnateurs, seize venant de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et douze du Doubs. Au moment du bilan en fin de journée, le commandant des opérations de secours précisera : « Le bâtiment est une ancienne grange recyclée. Le rez-de-chaussée est maçonné, l’étage est de type maison alsacienne avec des colombages en bois ».
Des vacanciers surpris dans leur sommeil
Dix-sept personnes ont pu s’échapper de l’incendie dont l’une a été hospitalisée, par précaution parce que légèrement intoxiquée par les fumées ; dix personnes handicapées et un accompagnateur, ont péri. Sur place, des moyens d’importance : 80 pompiers, trois grandes échelles, 40 gendarmes, des chiens et un drone… « Techniquement, on a eu affaire à un incendie somme toute assez classique. On a pu le circonscrire assez rapidement », commente un pompier.
Déjà, surgissent les questions. Le gîte était-il équipé de l’extincteur et de détecteurs de fumée obligatoires ? Les matériaux étaient-ils aux normes de construction en vigueur ? Pourquoi certaines chambres à l’étage où étaient hébergées des personnes handicapées étaient fermées à clé.
En tout, 300 mètres carrés sur les 500 que compte le gîte privé ont « été embrasés », selon la préfecture du Haut-Rhin. Le maire-adjoint de Wintzenheim, dans l’après-midi, laissera entendre que des victimes ont été prises par le feu dans leur sommeil, dans leurs chambres à l’étage fermées à clé… Très vite, les enquêteurs ajoutent que la configuration intérieure du bâtiment peut expliquer l’étendue du bilan dramatique : la mezzanine du premier étage s’est écroulée sur le rez-de-chaussée d’où avaient pu sortir, juste avant, dix-sept personnes, dont les douze venues du Doubs…
Un drame effroyable pour la Première ministre
Reviennent alors les mots de la Première ministre Elisabeth Borne, faisant une rapide déclaration à la presse sur le site : « un drame effroyable », « un drame épouvantable », « un drame qui nous touche tous au cœur de l’été »… La vice-procureure du Tribunal judiciaire de Colmar, pour l’heure, ne veut pas se prononcer sur l’enquête qui a commencé dès la matinée de ce 9 août, elle confie toutefois que « la configuration du bâtiment laisse penser que le feu aurait pu couver pendant plusieurs heures avant que l’alerte ne soit donnée, vers 6h30 du matin. C’est la propriétaire du gîte qui a lancé l’alerte après avoir entendu des personnes crier au secours. Une enquête pour recherche des causes de la mort a été ouverte et confiée à la section de recherche de gendarmerie de Strasbourg » et ajoute que « la propriétaire du gîte est extrêmement choquée ».
Avec ce type d’incendie, il y a de grandes chances qu’on n’en connaisse jamais l’origine ni la cause.
Après l’heure de l’émotion, viendra vite l’heure des enquêtes. Elles ont été confiées aux Sections Recherche de Colmar et de Strasbourg. Et déjà, surgissent les questions. Le gîte était-il équipé de l’extincteur et de détecteurs de fumée obligatoires ? Les matériaux étaient-ils aux normes de construction en vigueur ? Pourquoi certaines chambres à l’étage où étaient hébergées des personnes handicapées étaient fermées à clé, comme le laisse entendre le maire-adjoint de Wintzenheim ? Et pourquoi, si le gîte de La Forge était labellisé ERP (Etablissement Recevant du Public), était-il inconnu des pompiers comme le laisse entendre un homme du feu présent sur les lieux du drame ? En fin de journée, un responsable de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers confiera : « Avec ce type d’incendie, il y a de grandes chances qu’on n’en connaisse jamais l’origine ni la cause… »
Serge BRESSAN (à Paris)