Trafic de visas ou acte pédophile ? Le doute plane après le décès par pendaison du vice-Consul de France au Cameroun
C’est une découverte macabre que les enquêteurs ont fait ce 18 août 2023 au domicile de Christian André marie Hué (66 ans) dans le quartier Nkomgmondo au Carrefour dit Samuel Eto’o à Douala. Le corps sans vie du chef de la chancellerie de France à Douala et vice-consul de France au Cameroun a été retrouvé suspendu à une corde. Les spéculations vont bon train en ce qui concerne ce décès inexpliqué. En attendant les résultats de l’enquête, l’ambassade de France au Cameroun avait annoncé la suspension de la délivrance des visas au Consulat à Douala, mais celle-ci ont repris et de nouvelles procédures sont mises en place.
Assassinat ou pendaison ?
Dans un communiqué rendu public, l’ambassade de France au Cameroun a exprimé « une profonde émotion » en apprenant la « disparition brutale » de M. Christian Hué, chef de la chancellerie près le consulat de France à Douala ce 18 août 2023. L’ambassade avait annoncé l’ouverture d’une enquête « afin de faire la lumière sur les causes et les circonstances de cet événement tragique ».
Selon plusieurs médias locaux, « les éléments en présence laissent penser qu’il s’agit d’un acte de suicide par pendaison », car le corps de Christian André Marie Hué (66 ans) avait été retrouvé « suspendu à une corde ». L’enquête, confiée à la Division régionale de la police judiciaire (DRPJ) du Littoral, de la gendarmerie du Littoral et aux membres du service de sécurité de l’ambassade de France au Cameroun, est toujours en cours et elle n’exclut pas non plus une piste criminelle. Né le 7 juin 1957 à Mazingarbe en France, Christian Hué occupait le poste de chef de la chancellerie près le consulat général de France à Douala depuis 2021.
Les éléments en présence laissent penser qu’il s’agit d’un acte de suicide par pendaison.
Trafics de visas
Plusieurs jours après la mort du diplomate français, des zones d’ombre entourent cette disparition et les spéculations vont bon train. Des médias ont révélé que Christian Hué faisait l’objet de chantage à cause d’un trafic de visas estimé à des centaines de laisser-passer qui ont cours au sein du consulat à Douala. Les enquêteurs qui ne sont, pour le moment, pas « en mesure de confirmer ces allégations », n’écartent « aucune piste » pour déterminer s’il s’agit d’un suicide ou d’un assassinat. En attendant, des sources concordantes attestent qu’une personne a été interpelée et gardée dans les locaux du secrétariat d’Etat de la défense, le très redouté SED.
A la suite de ces allégations, l’ambassade de France au Cameroun a annoncé la suspension de la délivrance des visas au Consulat à Douala. « Suite à la récente actualité, le service des visas est suspendu jusqu’à nouvel ordre » lit-on sur son site internet. Mais ce samedi 2 septembre 2023, l’ambassade de France au Cameroun annonce la réouverture du consulat et promet de nouvelles procédures de demande d’obtention de visas afin de mettre définitivement un terme « aux magouilles et trafics constatés ».
« Dès aujourd’hui (1er septembre), de nouvelles démarches sont en vigueur pour préparer votre demande de visa vers la France » dit un communiqué. Ces différentes sorties de l’ambassade prouvent, si besoin est, que le vice-Consul Hué serait embourbé dans un vaste réseau de trafics de visas.
La mort du vice-Consul pourrait être liée à un vaste réseau de pédophilie qui l’accablerait.
La piste d’un réseau de pédophilie
Les réseaux sociaux détectent une autre piste sur ce tragique drame. Elle serait liée à un vaste réseau de pédophilie qui accablerait le vice-Consul, Christian Hué. A croire cette version, le diplomate se serait lié d’amitié avec un Bamoun, terme local désignant un escroc qui lui tendrait des perches avec de petites filles. Il aurait fait, en cachette, des photos du vice-Consul avec ces mineures afin de le faire chanter. L’escroc, qui se nommerait Ismaël Njoya, aurait obtenu contre ce chantage 446 visas au profit de plusieurs de ses compatriotes, des visas qu’il monnayerait contre 3 millions de franc CFA, soit environ 4.500 euros. N’en pouvant plus de subir longtemps ce chantage et de peur que l’affaire ne l’éclabousse, Christian Hué aurait préféré se donner la mort.
A ce stade, les enquêteurs n’ont, pour l’instant, conclu ni à un trafic de visas, ni à des viols sur mineurs. La certitude est qu’il y a eu un trafic de visas au Consulat de France à Douala. Dans ce Cameroun où de nombreuses affaires finissent généralement dans des placards, on espère que la police judiciaire fera honnêtement son travail afin que toute la lumière soit faite sur ces différents éléments.
Anani Sossou, Correspondant en Afrique de l’ouest