INTERNATIONAL

Sahel : La sécurité s’est fortement dégradée et les djihadistes ont progressé cet été

Un cliché de l'époque où la France participe à la sécurisation des frontières au Sahel. AFP

Dans un message « secret et urgent » diffusé en milieu de semaine (et qu’un vent favorable nous a apporté), la junte malienne alerte contre les « risques élevés » d’attentats suicides à Bamako et dans sa région. Mais au-delà du Mali, c’est dans toute la région sahélienne – et singulièrement au Mali, au Burkina Faso et au Niger, trois pays où les militaires ont pris le pouvoir – que la situation sécuritaire se dégrade. Le retrait des forces françaises du Mali et du Burkina, mais aussi la rupture entre les militaires maliens et l’ancienne rébellion Touareg encouragent les djihadistes à intensifier leur offensive. Ni les armées locales ni les mercenaires russes du Groupe Wagner (présents au Mali et peut-être au Burkina mais absents du Niger) ne semblent être de taille à s’y opposer. Le point sur la situation.

C’est par un message chiffré de moins de dix lignes, numéroté « 001349 », et daté du 1er septembre dernier dont nous avons pu prendre connaissance que le général Oumar Diarra, chef d’état-major général des armées avertit tous les responsables sécuritaires du pays d’une possibilité avérée d’attentats suicides sur la capitale malienne, Bamako et sur sa région : « Selon les renseignements reçus, risques élevés d’attentats kamikazes dans Bamako et environ. Moyens véhicules, tricycles et autres engins similaires. Honneur vous demander dès réception présent message vouloir bien redoubler de vigilance, renforcer la sécurité à l’intérieur des camps, contrôler systématiquement tous les engins y compris les motos taxis. Intervenir vigoureusement au besoin. Urgence signalée ».

A Bamako, les cibles sont multiples

A priori, cette alerte concerne essentiellement l’armée et les services de police et de sécurité (ce qui explique l’appel à « renforcer la sécurité à l’intérieur des camps »), mais nos sources sécuritaires à Bamako nous indiquaient en début de weekend que les cibles potentielles de ces attaques étaient beaucoup plus larges : « les enceintes diplomatiques, les enceintes étatiques, les forces de sécurité et les postes de contrôle, les entreprises étrangères, les lieux de culte et les convois entre les villes pourraient également être attaquées », nous affirmait l’un de nos contacts.

Si la fuite de tels documents reste relativement rare au Mali, son, contenu n’a rien pour surprendre les observateurs habitués à cette région. Depuis le coup d’Etat de juillet 2021 et, singulièrement, depuis le départ des derniers militaires français des opérations Barkhane et Takuba (formation et appui aux forces spéciales maliennes, à laquelle participaient également d’autres pays européens et le Canada), la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader dans le pays.
Une tendance qui s’est particulièrement aggravée cet été. Plusieurs officiers ayant participé, à un moment ou l’autre à Barkhane, une intervention commencée en janvier 2013 sous le nom de « Serval » et qui aura donc duré un peu plus de dix ans, ne nous ont jamais caché que l’implication des forces armées locales était minimale et ne procurait qu’in avantage tactique médiocre aux forces françaises. Les deux coups d’Etat qui se sont succédé à Bamako ces dernières années n’ont rien changé à la situation.

Depuis début  juillet plus d’une quinzaine d’attaques et embuscades ont fait un minimum de 150 morts parmi les services de sécurité et la population.

Un été marqué par la recrudescence des attaques

Résultat : le bilan des dernières semaines est particulièrement tragique. Vendredi dernier, un camp de l'armée malienne basé dans la zone aéroportuaire de Gao (nord du pays) était la cible d'une attaque « multimodale » (en l’occurrence la conjugaison de l’emploi de quatre véhicules suicides et de combattants à pied). Selon un bilan non officiel et probablement sous-évalué, il faisait au moins 37 morts et un nombre indéterminé de blessés dans les rangs des FAMA (Force Armées Maliennes).  Le JNIM (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin ou « Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans », la branche d'Al-Qaïda au Sahel, revendiquait rapidement l’action.

Cette tuerie intervenait au lendemain de deux autres attaques ayant causé la mort d’au moins soixante-quatre personnes (dont 49 civils et 15 militaires). Cette fois, c’est un bateau de transport fluvial de passagers naviguant sur le fleuve Niger et une base des FAMA à Bamba (toujours dans le nord) qui avaient été ciblées.

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