Stefanos Kasselakis, ancien banquier de Goldman Sachs et nouveau golden boy de la gauche grecque
La gauche grecque ne sait plus où elle a mal: la voilà qui vient d’élire à sa tête, un ancien banquier de chez Goldman Sachs. Ex-trader, il est devenu le nouveau patron de Syriza, avec 56% des suffrages lors de la dernière élection interne qui s’est tenue dimanche 24 septembre. Le sourire carnassier, l’allure avenante, Stefanos Kasselakis assume ouvertement son homosexualité. Il devient le leader d’une coalition de parti de gauche radicale et de l’alliance progressiste, en chute libre depuis que la droite grecque est revenue aux affaires en 2019.
Novice en politique, Stefanos Kasselakis n’a que 35 ans et a passé la majeure partie de sa vie aux Etats-Unis. Venu du rêve américain, il promet le rêve grec à un peuple qui a connu beaucoup de difficultés et de déboires depuis la crise économique de 2008. Diplômé de l’université de Pennsylvanie, il s’est spécialisé en finances et en relations internationales. Par un curieux hasard, il entre à Goldman Sachs au moment où la Grèce traverse la pire crise financière de son histoire en 2008.
De succès en succès, il créera par la suite sa propre société de marine marchande. Marié à un Américain, il passe encore la majeure partie de son temps outre-Atlantique même si les choses devraient changer rapidement maintenant qu’il a pris la tête de Syriza.
Séparation de l’Eglise et de l’Etat
N’y avait-il personne dans le pays pour ressusciter la gauche ? Et pas de représentant qui soit moins à contre-emploi que Kasselakis ? Apparemment non. Qu’a-t-il donc de plus ou qu’a-t-il vendu de plus pour voir se réaliser ce « rêve grec » tant promis aux partisans de la coalition de gauche ? Passé devant l’ancien ministre du Travail, Effie Achtsioglou, le golden boy Kasselakis a su avant tout séduire par son image moderne. Le pays a besoin de dépoussiérer son élite politique : lui s’affiche avec son mari en rue, se balade en training.
Confronté à un pays très conservateur, il a promis de s’attaquer aux rapports de l’Etat et de l’Eglise : ce qui, au vu du personnage, n’est pas une grande surprise et qui semble plaire à la gauche. Partisan d’une séparation pure et dure des deux, il est aussi pour la suppression du service militaire et souhaite plus d’environnement et d’éducation que de défense. Tout cela ressemble à ce stade davantage à de la forme que du fond, et à du saupoudrage qu’à une véritable refonte dont la gauche a tant besoin après ses récents échecs successifs électoraux.
Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), du CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense) et du Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm)