Mobilisation de soutien pour Mathis, 9 ans, plaqué au sol par un policier
A l’appel d’un collectif associatif citoyen, un rassemblement pacifique se déroulera ce dimanche 1er octobre à 14h devant le palais de justice de Bruxelles, place Poelaert. Les organisateurs de l’évènement veulent apporter leur soutien à l’enfant et à sa mère. Mais ils veulent surtout « dénoncer le racisme institutionnel et rappeler que l’école est un lieu d’apprentissage et non un terrain de violence (y compris raciale) ». Ils demandent la fin des poursuites pénales et disciplinaires contre Mathis et Rita, sa maman. Ils souhaitent que la ministre de l’Education, Caroline Désir (PS) condamne le traitement infligé à l’enfant de 9 ans. La question est de prendre des mesures pour éviter que de telles situations traumatiques ne se reproduisent plus, quitte à modifier la législation actuellement en vigueur. Pour rappel, victime d’insultes racistes de la part d’un autre élève de l’école primaire spécialisée de Nalinnes (Province du Hainaut) et mis à l’écart pendant que son jeune agresseur est autorisé à continuer à jouer au foot, Mathis est entré en crise. En guise de réponse, la direction de l’école a alerté la zone de police Germinalt qui a dépêché des agents sur place. A leur arrivée, un membre de l’équipe a maîtrisé l’enfant de 9 ans en lui imposant un plaquage ventral, une technique de contention potentiellement létale sous les yeux de la maman. Le dossier est loin d’être clôturé. Une cagnotte ouverte sur la plateforme Leetchi a déjà récolté plus de 9.000 euros sur un objectif de 10.000 euros. Le montant servira à aider la famille de Mathis à faire face aux coûts des procédures judiciaires relatives, car elle veut déposer une plainte avec constitution de partie civile afin d’obtenir le statut de victime et obtenir une réparation du traumatisme.
Environ un mois après l’incident qui a valu à Mathis, un enfant de 9 ans, de se voir plaqué au sol par un policier dans son école, la mobilisation ne faiblit pas pour donner une visibilité à une situation méconnue et à obtenir justice. A l’appel d’un collectif associatif citoyen, constitué pour soutenir l’enfant et sa maman dans leurs différentes démarches, un rassemblement pacifique est prévu ce dimanche 1er octobre à Bruxelles, place Poelaert, devant le palais de justice. « Cette affaire démontre à nouveau les mécanismes du racisme institutionnel qui, en l’espèce, se déploient à l’école, ainsi que l’urgence d’une réponse politique claire afin de lutter contre le racisme, la négrophobie spécifiquement au sein des écoles et globalement au sein de toutes les institutions de notre société », indiquent les organisateurs du rassemblement.
Que les autorités condamnent le traitement dégradant imposé à Mathis
La manifestation est annoncée pour 14h et devrait normalement durer jusque 16h. Ses organisateurs entendent attirer un maximum de manifestants épris de justice pour appuyer leurs revendications légitimes. L’objectif est de dénoncer le « racisme institutionnel et de rappeler que l’école est un lieu d’apprentissage et non un terrain de violence (y compris raciale) ».
L’objectif est de dénoncer le racisme institutionnel et de rappeler que l’école est un lieu d’apprentissage et non un terrain de violence (y compris raciale).
Sous le slogan #Justicepourmathis, le collectif demande la fin des poursuites pénales et disciplinaires contre Mathis et sa maman. Il souhaite que la ministre de l’Education du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir (PS) et Wallonie-Bruxelles Enseignement, le pouvoir organisateur, condamnent ce qu’il considère comme de « graves abus et violences commis contre Mathis le 5 septembre 2023 par l’école et la police ».
Les organisateurs plaident pour « l’interdiction du plaquage ventral et de la clé d’étranglement en tant que techniques d’immobilisation létales ; la condamnation ferme de (l’usage) de ces techniques contre des mineurs par le Délégué général aux droits de l’enfant ».
Tolérance zéro pour le racisme dans les écoles
Pour le collectif, il est temps de décréter « la tolérance zéro au racisme dans les écoles ; la réforme en profondeur du système éducatif en matière de lutte contre le racisme et la négrophobie (en ce compris les formes d’orientation punitive et de relégation des enfants issus de l’immigration vers l’enseignement spécialisé); la refonte du cadre réglementaire autorisant l’intervention policière dans les écoles ».
C’est le 5 septembre dernier que l’innocence du jeune Mathis s’est fissurée sur les comportements de certains adultes. Ce jour-là, l’élève, scolarisé dans une école primaire spécialisée de Nalinnes (province du Hainaut) est l’objet d’insultes racistes de la part d’un autre élève. Mais c’est la victime qui est sanctionnée et mise à l’écart pendant que son agresseur est autorisé à continuer à jouer au foot. Face à ce qu’il considère comme de l’injustice, il entre en crise. Visiblement, l’équipe éducative est incapable de maîtriser un enfant de 9 ans. La direction de l’école fait appel à la zone de police Germinalt qui envoie une équipe de trois agents.
Que s’est-il passé ce 5 septembre ?
Arrivé sur place, un des agents impose un plaquage ventral à l’enfant de 9 ans sous les yeux de sa maman, Rita, alertée par l’école. Or, c’est une technique de contention potentiellement létale. Choquée par le traitement dégradant dangereux imposé à son fils, la maman filme la scène, une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux. On y voit un enfant de 9 ans, plaqué au sol et immobilisé pendant plusieurs minutes par un policier exerçant, de ses deux genoux, une force de contention sur son jeune corps maintenu ventre à terre.
Mathis a été victime au minimum de trois injustices et faits de violence négrophobes : de la part d’un autre enfant, de la part de son école et de la part de la police.
D’après la maman, quand les policiers sont arrivés, Mathis était calme, il était d’ailleurs maintenu par une clé de bras par un éducateur durant la réunion de débriefing organisée par la direction en sa présence. C’est à la sortie de la réunion que le policier aurait pris Mathis à partie, lui aurait fait un balayage en le faisant tomber à terre et de le maintenir au sol par le plaquage. « Cette technique, interdite dans de nombreux pays, ne peut que tristement rappeler les meurtres d’Adama Traoré (2016), Lamine Bangoura (2018) ou encore Georges Floyd (2020). Ainsi, le même jour, Mathis a été victime au minimum de trois injustices et faits de violence négrophobes : de la part d’un autre enfant, de la part de son école et de la part de la police. À ces trois injustices s’ajoute désormais celle de l’institution judiciaire, puisque le Parquet de Charleroi a confirmé l’absence de poursuites contre les policiers intervenus mais annoncé l’ouverture d’un procès-verbal pour indiscipline à la suite du comportement de l’enfant », observe le collectif organisateur du rassemblement pacifique de ce dimanche 1er octobre.
Plainte avec constitution de partie civile
Selon nos informations, les poursuites pénales devraient être abandonnées au profit du Service d’aide à la jeunesse (SAJ) qui se chargera de poursuivre la procédure sous le volet « danger sur mineur ». La Fédération Wallonie-Bruxelles considère qu’on ne peut rien reprocher à l’équipe éducative de l’école qui a fait appel à la police. L’administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement, Julien Nicaise, tient la même position et estime que l’école a respecté les obligations requises par la circulaire 5643 du 4 mars 2016 portant sur les mesures de contention et d’isolement dans les établissements scolaires. La circulaire prévoit qu’en situation d’extrême urgence, les établissements peuvent faire usage de mesures limitant, par divers procédés, l’autonomie et les mouvements d’une personne présentant un comportement mettant elle-même et/ou les autres en danger.
La ministre Désir estime qu’il y a une zone grise dans cette affaire et qu’il est urgent de clarifier cette zone grise en organisant une rencontre avec la ministre de l’Intérieur.
Toutefois, lors d’une réunion organisée à la mi-septembre, la ministre Désir s’est dite choquée par le traitement imposé au jeune Mathis. « Elle estime qu’il y a une zone grise dans cette affaire et qu’il est urgent de clarifier cette zone grise en organisant une rencontre avec la ministre de l’Intérieur afin de déterminer le niveau de responsabilité de la police », nous a indiqué une source proche du dossier.
En attendant, une cagnotte a été ouverte sur la plateforme Leetchi. Elle a déjà permis de récolter 9.249 euros sur un objectif de 10.000 euros. Le montant récolté permettra à la famille de Mathis de faire face aux procédures judiciaires. Car elle envisage de porter plainte avec constitution de partie civile (contre qui ?) afin d’obtenir le statut de victime et de demander réparation. Car le jeune Mathis est aujourd’hui traumatisé.