RESTRUCTURATION DANS LA GRANDE DISTRIBUTION

Myriam Delmée (Setca) : « le plan d’austérité que propose Cora coûtera 253 emplois »

Patronne du Setca, en charge du commerce, Myriam Delmée déplore le fatalisme des responsables politiques face àa restructuration qui frappe le secteur. BELGA

Présidente du Setca, en charge du secteur du commerce depuis 20 ans, Myriam Delmée garde un sourire et un humour à toute épreuve. Mais elle dit les choses comme elle les pense. La semaine qui vient de s’écouler a été riche en annonces diverses tant chez Delhaize que chez Cora et on ne peut pas dire qu’elles soient réjouissantes pour le secteur de la distribution. Elle critique le comportement jusqu’au-boutiste des dirigeants de Delhaize. Elle déplore le fatalisme des responsables politiques face à l’attitude de l’enseigne au lion qui exploite, d’après elle, les failles de la loi Renault. Sur le dossier du groupe Cora, elle nous révèle le dessous des cartes du groupe. « Le plan d’austérité que propose le groupe Louis Delhaize (il n’a rien à voir avec le groupe Delhaize) entraînera une réduction d’emploi de 253 Equivalents temps plein, donc plus de 10% du personnel. Par ailleurs, la direction ne se cache plus pour nous dire que les deux sociétés belges du groupe (l’immobilière Galimmo et les magasins Cora) sont à l’affiche », assure la patronne du Setca. Le groupe Cora nécessitera encore cette année une recapitalisation de près de 30 millios d'euros.

Que pensez-vous des dernières décisions de la direction de Delhaize ?

Nous n’avons aucun contact avec la direction dans l’état actuel des choses. Leur attitude est assez claire. Le protocole d’accord qu’elle propose n’a reçu l’assentiment de personne au niveau des organisations syndicales et donc, au niveau des travailleurs. Or il faut quand même savoir que chez Delhaize les organisations syndicales représentent, au bas mot, 85% des travailleurs. Nous ne sommes pas avec une représentation anecdotique. La seule chose qu’on ait reçu mercredi (27 septembre, ndlr) du groupe, c’est une proposition de CCT 90 pour pouvoir optimaliser fiscalement la prime de transition, pour ça ils savent nous envoyer un document nous demandant de signer afin que les travailleurs aient plus en poche. Et si on ne signe pas, les dirigeants du groupe pourront dire aux travailleurs que les syndicats n’ont pas voulu signer pour que vous ayez plus. Mais on ne sait rien négocier avec eux, d’une manière ou d’une autre.

Il n’y a aucune condamnation de qui que ce soit, à part des travailleurs et des organisations syndicales, on est un peu esseulés et Delhaize passe en force.

Pensez-vous qu’il y ait un retour possible sur la franchisation des 128 magasins intégrés du pays ?

Je n’ai pas l’habitude d’être défaitiste, mais la première franchise est dans moins de 10 jours. Je ne sais pas quelle est encore la marge. Le problème, c’est que personne ne critique leur opération. Quand le ministre de l’Economie et de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS) a été interrogé à la Chambre sur la problématique du commerce, je ne l’ai pas entendu condamner l’opération ou qu’il essaie de remettre les gens autour de la table non plus. Or pour rappel, c’est à son initiative qu’on avait été mis autour de la table, mais l’initiative n’a débouché sur rien, puisque personne ne l’accepte. Un protocole est discuté en général, mais ici c’est une proposition de la direction. Ce n’est donc pas un protocole. On n’a plus de retour, ni du facilitateur, ni du ministre disant qu’il faut retenter le coup puisque la première initiative n’a pas marché.

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