France : l’opposition demande la démission du ministre l’Intérieur, Gérald Darmanin après l’assassinat d’un enseignant
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L’« union nationale » souhaitée par le Président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas duré longtemps après l’assassinat du professeur de français, Dominique Bernard. Tant dans les rangs de la gauche radicale que dans ceux de la droite (Les Républicains, LR) et de l’extrême-droite (Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen en passant par ceux de Reconquête ! d’Eric Zemmour, l’on a décidé de cogner dur et de « foutre le bordel chez Macron et Borne ». Des voix divergentes se font même entendre dans les rangs de la majorité présidentielle, notamment chez Horizons, le parti d’Edouard Philippe, et le Modem de François Bayrou. Le très droitier Eric Ciotti, président de LR (droite), ne s’est pas embarrassé de belles formules. Il demande tout simplement la démission du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Sur le parvis de la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras (Pas-de-Calais), des roses blanches en hommage à Dominique Bernard, 57 ans, professeur de français assassiné le 13 octobre 2023 par Mohamed Mogouchkov (20 ans), russe d’origine ingouche, arrivé en France à l’âge de 13 ans avec sa famille et fiché « S »… Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire à Conflans-Sainte-Honorine (Val d’Oise), la France est, une nouvelle fois, touchée par le terrorisme… La veille du meurtre de Dominique Bernard, le président de la République Emmanuel Macron avait, lors d’une courte allocution télévisée, appelé à « l’union nationale » alors que, depuis une semaine, le monde assiste à une guerre entre Israël et le Hamas… Cette « union nationale » n’est plus qu’un souvenir dans les jours qui ont suivi le meurtre de Samuel Paty. Le monde politique se déchire après l’assassinat du professeur d’Arras, Dominique Bernard.
Cette fois alors que, dans la soirée de ce 13 octobre et sur décision de la Première ministre Elisabeth Borne, le Ministère de l’Intérieur a rehaussé le plan Vigirate « au niveau urgence attentat » (l’échelon le plus élevé dans le processus de sécurisation du territoire) et que 7 000 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés dans de nombreux lieux publics (écoles, mairies, centres commerciaux,…) ou religieux, « l’union nationale » n’est plus que des mots. Le monde politique français n’a pas attendu longtemps pour tirer à vue sur le chef de l’Etat et le gouvernement mené par Elisabeth Borne.
« Foutre le bordel chez Macron et Borne »
Si, au début de l’attaque du Hamas contre Israël, seule La France Insoumise (LFI) du « lider minimo » Jean-Luc Mélenchon et de son acolyte Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à l’Assemblée Nationale, avait refusé fermement de reconnaître le Hamas comme un groupe terroriste, il en est allé tout autrement après le meurtre du professeur de français d’Arras, Dominique Bernard. Tant dans les rangs de la gauche radicale que dans ceux de la droite (Les Républicains, LR) et de l’extrême-droite (Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen en passant par ceux de Reconquête ! d’Eric Zemmour, l’on a décidé de cogner dur et de « foutre le bordel chez Macron et Borne ». Même dans les rangs de la majorité présidentielle, et plus particulièrement chez Horizons, le parti d’Edouard Philippe, et le Modem de François Bayrou, on a entendu quelques voix de députés s’interrogeant sur les « trous dans la raquette », même si le meurtrier du professeur de français d’Arras et neuf autres personnes (dont cinq membres de sa famille et deux « amis » biélorusses) ont été, ce 14 octobre, mis en garde à vue.
Il y a bien entendu un lien évident entre le meurtre que nous pleurons aujourd’hui, l’immigration massive dans notre pays et l’absence de lutte efficace contre l’islamisme radical.
Certes, lors de son déplacement à Arras, le Président de la République a dit et répété : « Ne cédons pas à la terreur. Nous faisons bloc et nous tenons debout. Restons unis, groupés », mais l’extrême-droite a décidé de relancer son cheval de bataille et de (tenter de) surfer sur l’attaque. Ainsi, le député et porte-parole du RN, Laurent Jacobelli, a invectivé son collègue de Renaissance (majorité présidentielle), Belkhir Belhaddad : « Il va bien, le Hamas ? » A l’Assemblée Nationale, une députée RN demande « une réponse rapide, urgente, parce que plus on attend, plus les Français devront pleurer leurs morts. Il y a bien entendu un lien évident entre le meurtre que nous pleurons aujourd’hui, l’immigration massive dans notre pays et l’absence de lutte efficace contre l’islamisme radical ».
Le président du RN, Jordan Bardella, n’hésite pas à assurer que « tout n’est pas fait pour protéger le peuple français ». De son côté, Reconquête ! n’est pas en reste : sa vice-présidente exécutive, Marion Maréchal, a fait part de sa colère. « Il faut redéfinir le périmètre de la déchéance de nationalité, afin d’expulser les bi-nationaux identifiés comme radicalisés. (…) Ce pays a-t-il encore le droit de décider qui peut ou pas rester sur son territoire ? S’il faut entamer la politique de la chaise vide avec l’Union européenne, faisons-le. S’il faut sortir de la Cour européenne des droits de l’homme, faisons-le »…
La droite demande la démission du ministre de l’Intérieur
Faisant la course derrière le RN et Reconquête !, le très droitier Eric Ciotti, président de LR (droite), ne s’est pas embarrassé de belles formules. Lui demande tout simplement la démission du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui, dans la soirée suivant l’assassinat de Dominique Bernard, avait déclaré : « Il y a un lien, sans doute, entre ce qu’il s’est passé dans le Proche-Orient et le passage à l’acte de l’assaillant » avant d’ajouter que, cette dernière semaine, plus d’une centaine d’actes antisémites ont été recensés par le ministère de l’Intérieur.
Ce samedi 14 octobre dans la matinée, un jeune a été interpellé dans la région de Toulouse pour avoir projeté un attentat, et à Paris, le musée du Louvre a été évacué et fermé pour la journée « pour des raisons de sécurité » après avoir « reçu un message écrit faisant état d’un risque pour le musée et pour ses visiteurs ».
Serge Bressan (correspondant à Paris)