ATTENTAT A BRUXELLES

A Bruxelles, un attentat fait deux morts au nom du Groupe Etat islamique

Les forces de l'ordre sont sur le pied de guerre après l'attentat dans la nuit de ce lundi 16 octobe. BELGA

Il était 19h15, hier soir à Bruxelles quand plusieurs coups de feu ont éclaté boulevard d’Ypres, dans le centre. Après un moment de flottement, les autorités ont, très rapidement affirmé que la piste terroriste était privilégiée avant de le confirmer. Vers 21h00, l’OCAM faisait passer le niveau d’alerte terroriste de 2 à 3 pour le pays et à 4 (le niveau le plus élevé) pour la région de Bruxelles. En fin de soirée, on comptait deux morts et un blessé tandis que l’auteur des faits était toujours en fuite, prêt à une « action suicide » nous affirmait nos sources.  L’auteur des faits est identifié, il s’agit d’un certain Lassoued Abdesalem, demandeur d’asile d’origine tunisienne et âgé de 45 ans, en situation irrégulière. Il est connu pour être un radicalisé. L’établissement d’une motivation liée à ce qui se passe actuellement à Gaza serait gênante pour les autorités : ce weekend, l’OCAM n’avait pas jugé bon de relever le niveau de la menace terroriste, arguant « qu’aucune préparation d’attentat n’avait été repérée » par les services compétents. L’enquête permettra rapidement d’y voir plus clair.

Une fois de plus, lundi soir, la capitale européenne a vécu une véritable scène de guerre. Il était un peu plus de 19 heures lorsque des coups de feu ont retenti près de la place Sainctelette, à la fange nord du centre de la ville.
Des images, apparemment filmées par un témoin à l’aide d’un smartphone, ont rapidement circulé. Elles glacent le sang. D’abord, on entend des coups de feu, ensuite on aperçoit un homme vêtu d’une veste fluorescente orange et coiffé d’un casque de motard blanc courir vers un bâtiment dans lequel il pénètre, porteur d’une « arme longue » qui pourrait être une Kalachnikov.
A travers les baies vitrées, on peut le voir pourchasser deux hommes qui tentent de lui échapper. L’un d’eux est abattu de plusieurs balles. Le tireur se dirige alors vers la sortie de l’immeuble, il hésite puis fait demi-tour et revient achever d’une balle l’homme qui git sur le sol. Froidement. La scène, très rapide, est d’une violence incroyable. Ensuite, le tueur enfourche un scooter et disparait dans la nuit.

« Aujourd’hui, je vais rencontrer mon dieu »

Très vite, on apprenait que les autorités analysaient plusieurs vidéos de revendications (il en existerait au moins deux, l’une postée avant l’attaque, l’autre juste après), dans lesquelles un homme barbu arborant la  même veste orange que le tueur et s’exprimant en arabe – avec un accent tunisien – affirme avoir «  tué trois Suédois » (en fait, à minuit, les autorités ne confirmaient « que » deux morts et un blessé dont les jours n’étaient plus en danger). « Les Musulmans », dit l’homme, « vivent pour leur religion et meurent pour leur religion. Aujourd’hui, je vais rencontrer mon dieu… ». Il dit également avoir agi « pour la cause de Dieu et de la Dawla Islamiya » (l’un des noms du groupe Etat islamique).

Le fait que l’homme parle à visage découvert et évoque sa prochaine « rencontre » avec Dieu faisait dire à nos sources policières, vers 23h00, que le terroriste était parti pour une « mission de martyre », soit un attentat suicide : « Nous craignons », nous confiait un homme du renseignement, qu’il ne tue d’autres personnes puis qu’il affronte la police jusqu’à la mort… »

L’établissement d’une motivation liée à ce qui se passe actuellement à Gaza serait gênante pour les autorités.

Le « ciblage » de Suédois, qui étaient reconnaissables au fait qu’ils portaient des maillots de supporters de l’équipe nationale de Suède (un match opposait hier soir cette équipe au Diables rouges dans le cadre de l’Euro 2021) s’explique très probablement par le fait de vouloir se venger de plusieurs profanations du Coran qui se sont produites à Stockholm ces derniers mois.

Conséquences immédiates de cette volonté de s’en prendre à des Suédois : le match qui se déroulait au Stade Roi Baudouin a été interrompu. L’équipe venue de Stockholm a été rapidement exfiltrée, sous haute protection, vers l’aéroport où les attendait leur avion. Le public, lui, était confiné dans le stade et les stations de métro voisines fermées.

En fin de soirée, alors que l’auteur des faits était identifié comme un certain Lassoued Abdesalem, demandeur d’asile d’origine tunisienne, âgé de 45 ans, en situation irrégulière et connu pour être radicalisé, des opérations de police étaient en en cours dans le nord-est de la capitale, plus précisément à Schaerbeek où le domicile de Lassoued était perquisitionné.

« Aucun lien avec le Moyen-Orient ». Mais…

Les autorités n’établissaient, au milieu de la nuit, aucun lien entre l’attentat et la situation au Moyen-Orient, mais un enquêteur nous faisait remarquer que dans l’un de ses messages, le suspect disait avoir « voulu venger les enfants palestiniens » et que, dans un  post sur les réseaux sociaux,  posté plus tôt dans la journée, il faisait allusion à l’assassinat, samedi dernier, à Chicago, d’un enfant arabe de six ans poignardé à mort (sa mère a été, elle, grièvement blessée) par un Américain disant être motivé par les massacres perpétrés par le Hamas.

Les écoles et crèches dépendant de la Commission européenne seront fermées ce mardi.

En tout état de cause l’établissement d’une motivation liée à ce qui se passe actuellement à Gaza serait gênante pour les autorités : ce week-end, l’OCAM n’avait pas jugé bon de relever le niveau de la menace terroriste, arguant « qu’aucune préparation d’attentat n’avait été repérée » par les services compétents.

L’enquête permettra rapidement d’y voir plus clair, mais vers une heure du matin cette nuit, l’urgence était ailleurs : trouver et neutraliser le terroriste, qui serait lourdement armé. Si ce n’est pas le cas, des questions importantes se poseront ce mardi. Faut-il confiner la population, fermer les écoles ou même décréter un couvre-feu ? Les fonctionnaires flamands, pour leur part, ont été appelés à ne pas se rendre à Bruxelles. Quant aux institutions européennes, elles, n’ont pas trainé : les écoles et crèches dépendant de la Commission européenne seront fermées ce mardi.

 

Hugues KRASNER