LES TRUMPISTES PRENNENT LE CONTRÖLE DE LA CHAMBRE

Etats-Unis: un trumpiste remplace Mc Carthy à la Présidence de la Chambre des Représentants

Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, nouvellement élu, s'exprime lors d'une conférence de presse après son élection au Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 25 octobre 2023. AFP

En pleine période des cyclones en Outre-Atlantique, une mini-tornade politique a agité la politique américaine et son appareil législatif pendant trois semaines. C’est un inconnu, Mike Johnson, 51 ans, qui vient en effet finalement de remporter la présidence de la Chambre des Représentants après la crise que vient de traverser le Congrès américain et la mise à l’écart de Kevin Mc Carthy. Il se retrouve propulsé troisième personnage le plus important du pays sans aucune expérience en la matière. Mike  Johnson est élu en Louisiane et est considéré comme un ultra-conservateur. Une surprise ? Pas vraiment, il est un fan indécrottable du slogan trumpiste MAGA : « Make America Great Again » ! Militant anti-avortement acharné, il est également climato-sceptique, contre l’Etat providence et continue à scander que la victoire de Trump lui a été volée en 2020 !

Début octobre, l’ancien Président de la Chambre et représentant californien, Kevin Mc Carthy, avait dû faire face à une motion de censure historique, après avoir perdu le vote d’une réforme voulue par l’aile droite des Républicains et qui concernait le budget de l’administration fédérale.  Cela mettait un peu plus en lumière encore le clivage entre les modérés et les éléments radicaux pro-Trump du parti.

Les Pro-Trump en ordre de bataille

Depuis le 3 octobre, le Congrès avait basculé dans la tourmente après que Matt Gaetz, élu pro-Trump, ait déposé cette proposition sur le budget. Elu de la droite dure, Gaetz a eu raison de Carthy et c’est désormais un autre trumpiste qui tient la Chambre. Tout était-il calculé ? En tout cas, cela en dit long du poids de Trump en amont des prochaines élections présidentielles qui se tiendront en novembre 2024. Le camp de l’ancien Président se met en ordre de bataille.

Après avoir largement fait basculer la Cour suprême en sa faveur, avec des juges inféodés, l’ancien Président américain continue de diffuser son message, et d’infuser au sein de l’appareil législatif et partout dans la politique de son parti. D’autant que ses concurrents au sein des Républicains sont à la peine, et n’ont jamais décollé dans les intentions de vote et dans les débats d’avant primaire. Et même Nikki Haley et Ron de Santis, les plus favoris des opposants maudits à Trump, étaient sortis de l’écurie Trump à qui ils devaient tout. L’arrivée de Mike Johnson à la présidence de la Chambre des Représentants est un rouage de plus dans la machine trumpienne pour son retour à la Maison Blanche l’année prochaine.

Une marionnette des « Trumpistes »

Mais Johnson risque vite de devenir une marionnette au service de la machine trumpienne. Elu depuis seulement 2017, il brillait jusque-là par son anonymat, sa discrétion et son peu d’expérience. Il n’a même jamais dirigé une seule Commission de la Chambre. Il n’aura pas que des amis, y compris dans son propre camp : les modérés sont méfiants et n’ont de cesse de voir leur parti noyauté par le Trumpisme et ses radicaux. Même s’ils ont subi certaines déconvenues lors des précédentes élections de mi-mandat, les supporters de Trump sont plus présents que jamais au sein du Congrès.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), du CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense) et du Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm)