LES DEFIS DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Inquiets face à l’essor de l’intelligence artificielle, les géants du monde se hâtent lentement

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak (à gauche sur la photo) et Elon Musk, propriétaire de X (ex-Twitter) lors du sommet consacré à l'IA à Londres. AFP

Les 1er et 2 novembre, une centaine de délégués de 28 nations se sont réunis lors du premier sommet sur l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Le sommet se déroule dans l’emblématique Bletchley Park, en banlieue de Londres, qui fut la première base secrète de décodage pendant la Deuxième Guerre mondiale et est considéré comme le berceau de l’ordinateur. Depuis, la technologie a beaucoup évolué, et les dirigeants présents ont discuté des risques potentiels liés à une technologie qui se développe à une vitesse fulgurante. Un accord a été dégagé, mais un nouveau rendez-vous est programmé dans 6 mois.

Parmi les invités, de nombreux dirigeants internationaux, notamment la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, et le ministre chinois des Technologies, Wu Zhaouhu. On compte également des géants du secteur comme Elon Musk et l’inventeur de Chat GPT, Sam Altman.

Problème d’éthique et de sécurité

L’enjeu de ce sommet est d’ouvrir une discussion et de trouver un accord international pour légiférer sur les risques potentiels posés par l’intelligence artificielle, qui n’est actuellement pas encadrée légalement.

En effet, avec l’avancée significative et rapide de cette technologie, de nombreux dirigeants anticipent plusieurs problèmes d’éthique et de sécurité. Parmi ceux-ci, les États-Unis craignent particulièrement les détournements potentiels de la technologie par des hackers et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour créer des armes.

Cependant, des désaccords persistent entre les pays participants sur la stratégie à adopter en matière de législation.

Pour certains, comme le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, il s’agit d’être prudent et de ne pas légiférer trop rapidement, au risque de freiner les progrès technologiques. Il souhaite que le Royaume-Uni soit à la pointe du progrès. Pour lui, ce sommet était « un moment historique qui voit les plus grandes puissances de l’IA au monde s’accorder sur l’urgence de comprendre les risques de l’IA, contribuant ainsi à garantir l’avenir à long terme de nos enfants et petits-enfants ».

Les USA veulent agir avant qu’il ne soit trop tard

Tandis que le Premier ministre britannique, Rishi Sunak se montre prudent en ce qui concerne une potentielle législation, la vice-Présidente américaine, Kamala Harris, adopte une position plus ferme pour les États-Unis. Pour elle, il est important d’agir avant qu’il ne soit trop tard et que la technologie soit hors de contrôle et dépourvue de tout cadre légal. « Il y a des menaces supplémentaires qui exigent également notre action, des menaces qui causent actuellement du tort et que de nombreuses personnes ressentent comme existentielles », a-t-elle déclaré, citant un citoyen âgé exclu de son plan de santé en raison d’un algorithme d’IA défaillant ou une femme menacée par un partenaire abusif avec des photos truquées en “deep fake”.

Les politiciens eux-mêmes ont été victimes de ce type de phénomène, plusieurs vidéos truquées et hyper réalistes ont fait surface sur Internet, remettant en question leur crédibilité.

Nouveau rendez-vous dans six mois

Pour la Chine, les progrès de cette technologie sont également inquiétants. Le ministre chinois des Technologies a déclaré que les IA sont « incertaines, inexplicables et manquent de transparence ».

Pour lui, « cela comporte des risques et des défis en matière d’éthique, de sécurité, de vie privée et d’équité. Sa complexité est en train d’émerger ».

Enfin, le géant de la tech, Elon Musk, a déclaré qu’il faut « s’attendre au meilleur, mais se préparer au pire » lorsqu’il s’agit des IA et de leurs développements potentiels qui sont pour le moment imprévisibles.

A l’issue du sommet qui est une première prise de conscience, un accord a été dégagé. Cependant, les dirigeants présents se sont donné pour objectif de légiférer au plus vite, avec des initiatives de plusieurs pays et un accord au niveau international. Les délégués présents se réuniront de nouveau dans 6 mois lors d’un mini-sommet organisé en ligne par la Corée du Sud, et dans un an en France.

Léna Job (à Londres)