Niger : le Togo sollicité comme médiateur par la junte militaire dans la crise politique avec la CEDEAO
La crise politique au Niger, déclenchée par un coup d’État en juillet 2023, a conduit à des sanctions internationales et à une pression croissante sur le pays. Face à cette situation complexe, les nouvelles autorités nigériennes ont fait appel au Togo pour jouer un rôle de médiateur. Cette démarche intervient alors que le Niger doit composer avec des sanctions internationales, notamment celles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle doit aussi gérer le retrait en cours des forces militaires françaises, une décision de retrait forcé qui a contribué à décrédibiliser la France en tant qu’ancienne puissance coloniale. Cet article examine les enjeux de cette demande, les sanctions imposées après le coup d’État et le rôle actif du Togo en tant que médiateur régional. De plus, le Togo a déjà fait preuve de son engagement en tant que médiateur en contribuant à la libération de 49 soldats ivoiriens au Mali en 2022, ce qui souligne son rôle crucial dans la recherche de solutions pour la stabilité de la région.
Le Niger sous pression internationale
Le coup d’État au Niger est intervenu le 26 juillet 2023. Ce jour-là, le président Mohamed Bazoum est séquestré dans le palais présidentiel par des militaires de la garde présidentielle, tandis que l’armée encercle le bâtiment et menace de donner l’assaut pour délivrer le président élu. Mais dans la soirée, les militaires annoncent la destitution du président Bazoum et la formation d’une junte militaire sous le nom de Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). La junte décrète la fermeture des frontières du pays, la suspension des institutions étatiques du pays et un couvre-feu sur tout le territoire.
En réponse, le ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou, fidèle du président élu, Mohamed Bazoum, déclare assumer la présidence par intérim. Il appelle la population et l’armée à s’opposer au coup d’État. Le putsch militaire a conduit à une crise régionale. Le 31 juillet, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunis sous la présidence tournante du président nigérian Bola Tinubu, fixent un ultimatum à la junte militaire, exigeant la libération immédiate du président Bazoum et le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai d’une semaine. À défaut, la CEDEAO déclare qu’elle « prendra toutes les mesures nécessaires » et que « ces mesures peuvent inclure l’usage de la force ».
Les démarches du Togo en tant que médiateur régional
Le Togo, en tant que membre de la CEDEAO, a maintenu un dialogue actif avec la junte militaire nigérienne après le coup d’État, se distinguant ainsi des actions de nombreux autres pays. La demande du Niger de faire désormais appel au Togo pour servir de médiateur régional reflète la volonté du pays de résoudre la crise politique par le dialogue. De plus, le Togo joue un rôle clé en tant que garant de l’accord régissant le retrait des forces militaires françaises du Niger, un retrait forcé imposé à la France par la nouvelle donne politique et par un sentiment de rejet de la population de l’ancienne puissance coloniale.
La demande des autorités nigériennes renforce la position du Togo en tant que médiateur actif et engagé pour la stabilité de la région. Les efforts du Togo témoignent de sa détermination à contribuer à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix dans la région ouest-africaine. En 2022, le Togo avait joué un rôle majeur en contribuant aux négociations pour la libération de 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako au Mali.
Soutien régional au nouveau régime nigérien
Le 31 juillet 2023, le Burkina Faso et le Mali ont annoncé leur soutien au nouveau régime issu du coup d’État, mettant en garde contre toute intervention militaire visant à rétablir l’ancien président renversé. Les deux pays ont précisé que toute action militaire serait comme une « déclaration de guerre » contre eux. La Guinée a également annoncé son soutien au nouveau régime et dénoncé les sanctions de la CEDEAO. La junte militaire a annoncé le 1er août la réouverture des frontières du Niger avec l’Algérie, le Burkina Faso, le Mali, la Libye et le Tchad. Le 29 août, l’Algérie a présenté une initiative visant à mettre fin à la crise au Niger, proposant notamment une période de transition de six mois. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a indiqué que des discussions politiques devaient être organisées avec la participation et l’approbation de toutes les parties au Niger, sans exclusion, pour conduire au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays.
Hamid CHRIET