ACCORD COMMERCIAL UE/NOUVELLE-ZELANDE

Benoit Lutgen : « Veut-on étouffer nos agriculteurs, en leur imposant plus de normes et une concurrence forte et déloyale ? »

Le député européen PPE, Benoit Lutgen. UE

Ce mercredi, le Parlement européen a approuvé un accord de libre-échange qui s’avère d’ores et déjà néfaste pour nos agriculteurs mais aussi pour les consommateurs et le devenir du climat. Cet accord vise la suppression à 100 % des droits de douane néo-zélandais sur les exportations de l’UE dès son entrée en vigueur ; il lèvera 98,5 % des droits de douane de l’UE sur le commerce néo-zélandais après sept ans. Pour Benoit Lutgen (Les Engagés), Député européen (PPE), cet accord commercial entre UE et la Nouvelle-Zélande est néfaste pour nos agriculteurs, les consommateurs et le climat; c'est un non-sens absolu : « Avec ce « deal », ce sont des milliers de tonnes de viande ovine, viande bovine, beurre, fromage, lait en poudre, pommes, miel, qui vont débarquer en Europe, après avoir parcouru 20 000 kms en 40 jours, via des cargos polluants ! »

L’accord, approuvé ce mercredi par 524 voix pour (85 contre et 21 abstentions), protège toutes les indications géographiques (IG) de l’UE pour les vins et spiritueux ainsi qu’une liste de 163 IG alimentaires européennes célèbres. Il défend, selon le Parlement, les producteurs européens de produits agricoles sensibles, comme la viande bovine et plusieurs produits laitiers. Décrit par les députés comme un accord « de référence », cet ALE est le premier de l’UE à inclure des engagements exécutoires envers l’Accord de Paris et les normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Veut-on empêcher la transition de l’agriculture au profit d’échanges commerciaux d’un autre âge?

En 2022, le commerce bilatéral de marchandises entre l’UE et la Nouvelle-Zélande a atteint 9,1 milliards d’euros, l’UE étant le troisième partenaire commercial de ce pays. Les échanges commerciaux entre la Nouvelle-Zélande et l’Union devraient augmenter de 30 %, selon la Commission européenne. Les flux d’investissements de l’UE vers la Nouvelle-Zélande pourraient augmenter de plus de 80 %, selon les mêmes projections.

Vers plus de concurrence déloyale

L’accord de libre-échange (ALE) de ce jour supprimera 100 % des droits de douane néo-zélandais sur les exportations de l’UE dès son entrée en vigueur et lèvera 98,5 % des droits de douane de l’UE sur le commerce néo-zélandais après sept ans.  Le rapport qui l’accompagne, exposant la position du Parlement, a été adopté par 457 voix pour, 104 contre et 74 abstentions.

Pour Benoit Lutgen, Député européen (PPE), cet accord commercial avec la Nouvelle-Zélande, voté par le Parlement européen, est un non-sens absolu. « Avec ce « deal », ce sont des milliers de tonnes de viande ovine, viande bovine, beurre, fromage, lait en poudre, pommes, miel, qui vont débarquer en Europe, après avoir parcouru 20 000 kms en 40 jours, via des cargos polluants! Contraire à la lutte contre le réchauffement climatique », commente-t-il.

Les leçons n’ont pas été retenues et cet accord comporte de vraies régressions en matière de santé publique.

«  Il est évident que cela va engendrer une augmentation nette des émissions de gaz à effet de serre, notamment liée au transport de marchandises. A quelques jours de la COP 28, ce vote au Parlement européen est un très mauvais signal. Nos agriculteurs vont devoir faire face à une concurrence insupportable ».  

Dès lors comment comprendre une telle prise de décision en faveur d’une augmentation des échanges commerciaux avec l’autre bout de la planète ? La propre étude d’impact de la Commission européenne signale une augmentation des émissions de gaz à effet de serre générée suite à cet accord commercial.

Le député européen n’en démord pas. « Ouvrir la porte à des importations de fromage, de lait, de pommes, de viande, de miel, c’est un peu plus refermer celle de nos exploitations agricoles européennes. Veut-on étouffer nos agriculteurs, en leur imposant toujours plus de normes, sans financement ad hoc, tout en leur imposant une concurrence forte et déloyale ? Veut-on empêcher la transition de l’agriculture au profit d’échanges commerciaux d’un autre âge? Comment croire encore en la réelle volonté de développer des circuits-courts, tout en acceptant de telles importations du bout du monde. Mauvais pour la santé et pour les consommateurs », renchérit-il.

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